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Moyen Orient et Monde

Svatove, la ville qui boycotte le référendum séparatiste

À un barrage non loin de la ville de Marioupol, des soldats ukrainiens brûlent des bulletins de vote falsifiés que deux hommes transportaient dans leur voiture. Marko Djurica/Reuters

À Svatove, où le drapeau ukrainien flotte bien en vue, le maire a refusé d'organiser hier le référendum sur l'indépendance de la région de Lougansk, dont sa ville fait partie : un cas apparemment unique de dissidence dans l'est de l'Ukraine.
« Mon devoir est de faire respecter la loi ukrainienne. La population doit exprimer son opinion dans un cadre légal. Ce n'est pas le cas pour ce "référendum" », affirme tranquillement Evguen Rybalko, 48 ans, maire sans parti depuis 2010 de cette ville de 20 000 habitants. Une quarantaine d'hommes armés sont pourtant venus la semaine dernière de Lougansk lui expliquer la nécessité d'organiser ce scrutin, qui se déroulait hier parallèlement au référendum sur l'indépendance de la région voisine de Donetsk, premier pas vers une éventuelle partition de l'Ukraine, voire un rattachement à la Russie, dont la frontière se trouve à quelque 60 km de Svatove. Evguen Rybalko n'a pas cédé, même quand ces hommes armés sont venus une deuxième fois pour tenter à nouveau de le convaincre.
Il est vrai que Svatove est aujourd'hui bien protégée : à quelques kilomètres de la ville, l'armée ukrainienne a établi deux postes de contrôle avec chars lourds, blindés légers et même un canon antiaérien. Par ailleurs, le maire de Svatove peut compter sur le soutien d'une milice d'autodéfense de quelque 500 personnes, la plupart disposant, officiellement en tous cas, seulement d'armes de chasse.
« La plus grande partie de la population de la région de Svatove est pour une Ukraine unie et contre le séparatisme. Ceux qui ont rejoint nos groupes d'autodéfense sont des patriotes, qui veulent pouvoir se défendre contre des gens armés venus de l'extérieur », explique M. Rybalko. « Nous coordonnons nos actions avec la police », souligne le maire.
Contrairement à de nombreuses localités de l'est de l'Ukraine où la police a fait preuve de passivité ou bien s'est rangée ouvertement du côté des séparatistes prorusses, la situation est différente à Svatove. « Au début, les 80 hommes de la police locale n'étaient pas assez nombreux pour assurer des gardes aux barrages. Ce sont les groupes d'autodéfense qui se sont alors mobilisés, en bonne entente avec la police », raconte Ioulia Krassii, 36 ans, journaliste locale et militante pro-Ukraine.

« Sabotage »
Devant sa mairie, Evguen Rybalko est pris à partie par une quinzaine de personnes qui ont apporté une grande boîte en plastique transparente destinée à servir d'urne. « Pourquoi nous ne pouvons pas voter ? C'est du sabotage, il n'y a pas un seul bureau de vote ouvert », lui crie Natalia, une mère au foyer de 36 ans. « Quel référendum ? Quelle autorité a décidé de ce "référendum" ? » répond le maire. Mais Natalia n'en démord pas et veut pouvoir voter pour voir réaliser son rêve, une république de Lougansk indépendante. Interrogée sur la viabilité d'un tel État, elle répond avec un peu d'hésitation : « Je ne suis pas sûre qu'on pourra survivre, mais on verra bien. En tous cas, ça vaut le coup d'essayer. »
« Les gens ne veulent rien savoir. Le district de Svatove dépend à 80 % des dotations de l'État. Sans l'argent de Kiev, nous ne pouvons pas exister. Mais les gens ne veulent pas le comprendre », soupire le maire. Evguen Rybalko affirme qu'il comprend d'une certaine manière les séparatistes prorusses : « Personne n'a voulu écouter ces gens depuis des années. Le séparatisme, c'est une des réponses de la population qui en a assez de tout, à commencer par la corruption généralisée. »
Svatove est-il vraiment le seul endroit à avoir boycotté le référendum des séparatistes prorusses ? « Il semble que le référendum n'ait pas eu lieu non plus dans la ville voisine de Kremmene », croit savoir le maire. Impossible à vérifier : à Kremmene, où aucune activité électorale n'est visible, la mairie est fermée en fin d'après-midi, la police refuse de donner « ce genre d'informations » et les rares passants n'ont qu'une idée imprécise sur la question à laquelle ils portent manifestement un intérêt limité.

(Source : AFP)

À Svatove, où le drapeau ukrainien flotte bien en vue, le maire a refusé d'organiser hier le référendum sur l'indépendance de la région de Lougansk, dont sa ville fait partie : un cas apparemment unique de dissidence dans l'est de l'Ukraine.« Mon devoir est de faire respecter la loi ukrainienne. La population doit exprimer son opinion dans un cadre légal. Ce n'est pas le cas...

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