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Économie - Conférence

De Freige : Les luttes d’influence politiques, un frein au développement économique du Liban

« À la fin de la guerre civile, l'État libanais a suivi des politiques adoptées par d'autres pays ayant connu des circonstances similaires. Mais la guerre est terminée depuis près d'un quart de siècle, et les Libanais continuent de souffrir de la lenteur de l'administration, des formalités » et de ce que comporte le secteur public comme corruption, injustice et dysfonctionnements, a déclaré hier le ministre d'État pour la Réforme administrative, Nabil de Freige.
« Les Libanais ont réalisé qui appelait aux réformes mais freinait la modernisation de l'administration, a-t-il déclaré. Les Libanais ont eu la preuve que ce sont des raisons politiques qui ont empêché la concrétisation des réformes du secteur public (...) initiées par feu le Premier ministre Rafic Hariri », a-t-il ajouté.
M. de Freige a tenu ces propos lors d'une conférence portant sur la grille des salaires et la réforme administrative qui a eu lieu au siège de l'Association des commerçants de Beyrouth (ACB), à Sanayeh. Cet événement a été marqué par les interventions du ministre de Freige, du président de l'ACB, Nicolas Chammas, et du PDG de la BLOM Bank, Saad Azhari. Il s'est tenu en présence du président de l'Association de la franchise (LFA), Charles Arbid, et de nombreuses personnalités du secteur privé.

La réforme administrative
M. de Freige a déploré dans ce cadre le fait que le dossier de la grille des salaires, parmi tant d'autres, est enlisé dans une polémique purement politique.
D'un côté, a-t-il relevé, les partisans des « droits » et de l'adoption de la nouvelle grille, quoi qu'il en coûte. Face à eux, les pragmatiques, partisans d'un rééchelonnement étudié, pesé, prenant en compte les répercussions qu'il entraînerait pour l'économie du pays. Mais des mesures aussi importantes (que l'adoption de la grille des salaires) ne peuvent se prendre à la légère, dans l'improvisation, sans en calculer les conséquences, a-t-il martelé.
« Il est aujourd'hui de notre devoir de reconnaître que le secteur public n'est pas en mesure de continuer à remplir le rôle qui lui a été dévolu, a-t-il poursuivi. Il faut que nous reconnaissions que les réformes administratives ne représentent pas un "point de vue politique" mais une science à part entière devant définir les lois régissant une administration saine et garantir les meilleurs services publics aux citoyens », a-t-il ajouté.
Au-delà des considérations portant sur la grille des salaires, c'est une réforme en profondeur du public qui doit d'abord être considérée d'urgence, a-t-il estimé.
Une réforme et une mise à jour des lois, de l'infrastructure, du régime fiscal, appuyée par un encouragement à l'investissement, par la modernisation de la bureaucratie, par la lutte contre la corruption ou encore par la mise en place d'un partenariat public-privé.
« Par conséquent, nous proposons de mettre en place un ''pacte économique'' national qui constituerait une feuille de route pour la réforme administrative et pour la revitalisation de l'économie, en partenariat avec nombre de représentants du secteur public, des organismes économiques, des syndicats et de la société civile », a préconisé, en conclusion, M. de Freige.

Les thèses des organismes économiques
En marge de la conférence, le président de l'ACB, Nicolas Chammas, s'est penché sur la récente publication du rapport d'une mission consultative du Fonds monétaire international (FMI) qui s'est rendue au Liban entre le 23 avril et le 7 mai.
« Le rapport du FMI valide les thèses des organismes économiques sur la question de la grille des salaires », a-t-il souligné dans un entretien avec L'Orient-Le Jour. « Ce rapport utilise les expressions : "nécessité de contenir les coûts de la grille", "échelonnement", "suppression de la rétroactivité". Le Fonds déplore que tout débat national au cours des dernières années impliquant les pouvoirs publics, les instances économiques et les syndicats se soit exclusivement axé sur une question comme la grille des salaires au détriment de la vue d'ensemble », a-t-il poursuivi.
Et de relever que le FMI a mis en garde conte un « saucissonnage » de la politique fiscale et économique et plaidé pour un rattachement du dossier de la grille à la discussion globale sur le budget. « Pour le FMI, le vrai danger réside dans la "cannibalisation" de recettes et dans le dysfonctionnement de la dépense publique », a noté M. Chammas.
En outre, sans nier l'apport substantiel des ressources gazières maritimes, le FMI a toutefois préconisé « de ne pas y compter mais de solutionner les problèmes qui se posent actuellement par les moyens traditionnels : réduire la voilure de la grille, améliorer la collecte des impôts existants, lutter contre la corruption... a-t-il rappelé. À mes yeux, a estimé M. Chammas, il y a deux modèles envisageables pour exploiter les ressources gazières au Liban : le modèle norvégien, basé sur la transparence, l'équité sociale et l'efficacité économique, ou le modèle nigérian, basé sur le clientélisme, les prébendes et la corruption ».
L'impact de la manne naturelle ne se ressentira pas de toute façon avant des années. Il s'agit donc, comme le confirment tant le FMI que la Banque centrale, de revenir aux fondamentaux, « sans faire dérailler la croissance économique et hypothéquer la compétitivité du Liban ». Et de mettre l'accent sur le fait que le Fonds a tiré la sonnette d'alarme concernant la grave détérioration des indicateurs macroéconomiques et appelé à un redressement rapide des finances publiques.
« Et, pour rejoindre le thème de la conférence (d'hier), l'on se rend compte comme il aurait été souhaitable que la réforme administrative eût été accomplie en temps et en heure adéquats, et que la question de la taille du secteur public soit résolue avant que celle-ci n'explose, comme c'est le cas actuellement », a déclaré en conclusion le président de l'ACB.

« À la fin de la guerre civile, l'État libanais a suivi des politiques adoptées par d'autres pays ayant connu des circonstances similaires. Mais la guerre est terminée depuis près d'un quart de siècle, et les Libanais continuent de souffrir de la lenteur de l'administration, des formalités » et de ce que comporte le secteur public comme corruption, injustice et dysfonctionnements, a...

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