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Moyen Orient et Monde - Tensions

Le référendum en Ukraine, une « farce criminelle »

Les résultats du référendum indépendantiste, qui a attiré les foules, sont attendus aujourd'hui et font craindre un scénario à la Crimée.

Des milliers d'Ukrainiens de l'Est se pressaient aux urnes hier pour un référendum séparatiste jugé « illégal » par Kiev et l'Occident, mais qui pourrait déboucher de facto sur une nouvelle partition du pays, déjà privé depuis mars de la Crimée.


Les insurgés armés prorusses qui contrôlent les principales villes du bassin du Donbass, frontalier de la Russie, ont convoqué la population locale (environ 7,3 millions de personnes) pour valider leur projet d'« indépendance » des « républiques populaires » autoproclamées de Donetsk et de Lougansk. Ils revendiquaient une participation de près de 70 % vers 13h00 GMT et se disaient certains d'obtenir un soutien massif. Sur les bulletins, imprimés à la hâte par les rebelles, figure la question : « Approuvez-vous l'indépendance de la République populaire de Donetsk ? » ou « Approuvez-vous l'indépendance de la République populaire de Lougansk ? ».


Le référendum, commencé dans le calme hier matin, a attiré une foule conséquente, qui ne craignait pas de passer au milieu d'hommes armés à l'entrée des bureaux. Un certain enthousiasme était même apparent parmi les votants en dépit de la confusion et d'une attente parfois longue en raison du petit nombre de bureaux de vote. Après cette longue journée de vote, les bureaux sont restés ouverts jusqu'à 22h00, les résultats ne seront annoncés qu'aujourd'hui, a expliqué Roman Liaguine, chef de la commission électorale. Une fois proclamés les résultats du référendum, l'armée ukrainienne sera considérée comme une « force occupante » dans la région de Donetsk, a déclaré Denis Pouchiline, chef de la « république populaire » autoproclamée de Donetsk, cité par l'agence Interfax.

 

(Lire aussi : Svatove, la ville qui boycotte le référendum séparatiste)

 

Pas de passeport
Jusqu'ici le scrutin a été peu perturbé. Toutefois, selon un habitant de Krasnoarmiïsk, une ville de 65 000 habitants située à l'ouest de Donetsk dont le nom signifie « Armée rouge », des hommes armés ont fait irruption dans les bâtiments officiels où se déroulait le référendum et l'ont interrompu. Par ailleurs, des hommes armés en treillis bloquaient hier après-midi l'accès à ces bâtiments, ornés du drapeau ukrainien, tandis que quelques personnes continuaient de voter dans une tente sur la place, a constaté un journaliste de l'AFP.


À Marioupol, ville où de violents affrontements entre forces ukrainiennes et prorusses ont fait plusieurs morts cette semaine, des centaines de personnes faisaient la queue dans la rue pour voter. « Je suis prête à rester ici jusqu'à 20h00 pour voter si nécessaire », a déclaré l'une d'elles, Loudmila Chvedova. Dans cette ville d'un demi-million d'habitants, seule une poignée de bureaux de vote étaient ouverts en raison des problèmes de sécurité, ont admis les organisateurs. Mais certains habitants ont aussi exprimé leur hostilité au vote. « Tout le monde ne soutient pas ce référendum ici, a déclaré Ivan Chelest, un pompier de 20 ans. Je suis pour l'Ukraine. Je suis né dans ce pays et je veux y rester. »


Dans le bastion rebelle de Slaviansk, zone où l'armée ukrainienne a lancé le 2 mai une opération pour en reprendre le contrôle, le taux de participation est de 80 %, a déclaré le maire autoproclamé Viatcheslav Ponomarev, qui s'est déclaré « satisfait ». Selon Irina Markina, membre de la commission électorale locale, « pratiquement toutes les circonscriptions » ont voté massivement pour le « oui » à l'indépendance. Des insurgés postés sur les check-points chargés de protéger la ville d'un assaut de l'armée ukrainienne ont eu la mauvaise surprise de ne pas pouvoir voter faute de papiers d'identité. « Aucun de nous n'a de passeport », a expliqué un homme en treillis, qui, à l'instar des autres insurgés prorusses de son détachement, a brûlé ses papiers car il ne veut plus être considéré comme un citoyen ukrainien.


Un bureau de vote improvisé a également été installé à Moscou, près de la gare de Kievski, à l'intention des habitants de Lougansk et Donetsk résidant en Russie et a attiré plusieurs milliers de votants, ont rapporté les agences de presse russes, sans que l'on sache qui avait organisé l'événement. Rien ne garantit que leurs voix seront prises en compte dans les résultats. Quant au vice-Premier ministre russe Dmitri Rogozine, il a annoncé hier avoir ramené à Moscou une pétition des russophones de Transnistrie, région sécessionniste de Moldavie, en faveur du rattachement à la Russie.

 

(Lire aussi : Le leader des Tatars dénonce le « retour aux pires jours de l'URSS » en Crimée)

 

« Le monde n'est pas qu'une affaire de court terme »
À Kiev, le ministère des Affaires étrangères a qualifié hier la consultation de « farce criminelle » financée par la Russie. « Le référendum (...) est juridiquement nul et n'aura aucune conséquence juridique pour l'intégrité territoriale de l'Ukraine », estime le ministère. L'Union européenne non plus ne reconnaîtra pas le résultat du référendum d'autodétermination organisé par les séparatistes, a répété hier la porte-parole de Catherine Ashton, haute représentante de l'UE pour les Affaires étrangères.


La crainte de Kiev et des Occidentaux face à ce scrutin est de voir se reproduire un scénario similaire à celui qui a abouti en mars au rattachement de la Crimée à la Russie, plongeant l'Occident et la Russie dans leur pire crise depuis la fin de la guerre froide. Les grandes puissances ont déjà adopté ces dernières semaines des sanctions contre la Russie et menacent de les étendre si la présidentielle n'a pas lieu. Car les autorités ukrainiennes sont déterminées à mener à bien ce scrutin anticipé prévu le 25 mai, qu'elles accusent la Russie de vouloir faire capoter. Les insurgés, eux, ne veulent pas de cette élection.
De son côté, le secrétaire du conseil de sécurité nationale et de défense ukrainien, Andriï Paroubiï, a appelé le monde sur son blog à « créer une coalition anti-Poutine maintenant sans attendre la troisième guerre mondiale comme ce fut le cas avec la coalition anti-Hitler ».


Et alors que les affrontements armés dans l'est et le sud de l'Ukraine ont fait des dizaines de morts ces deux dernières semaines, le secrétaire américain à la Défense Chuck Hagel a assuré que la Russie n'a pas retiré ses troupes massées à la frontière avec l'Ukraine, contrairement à ce que Vladimir Poutine avait déclaré mercredi. « La Russie continue à s'isoler au nom d'un bénéfice sur le court terme, a affirmé M. Hagel. Ils ont peut-être le sentiment d'être en train de gagner, mais le monde n'est pas qu'une affaire de court terme. »

 

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Des milliers d'Ukrainiens de l'Est se pressaient aux urnes hier pour un référendum séparatiste jugé « illégal » par Kiev et l'Occident, mais qui pourrait déboucher de facto sur une nouvelle partition du pays, déjà privé depuis mars de la Crimée.
Les insurgés armés prorusses qui contrôlent les principales villes du bassin du Donbass, frontalier de la Russie, ont...

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LA MONNAIE QUI PAIE POUR LA YOUGOSLAVIE !

LA LIBRE EXPRESSION

07 h 34, le 12 mai 2014

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  • LA MONNAIE QUI PAIE POUR LA YOUGOSLAVIE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 34, le 12 mai 2014

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