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Moyen Orient et Monde

Le leader des Tatars dénonce le « retour aux pires jours de l’URSS » en Crimée

Interdit d'accès en Crimée après avoir rejeté son « annexion » à la Russie, le leader des Tatars dénonce le « retour aux pires jours de l'URSS ». Moustafa Djemilev, 70 ans, né en Crimée, n'avait qu'un an quand sa famille fut déportée comme des dizaines de milliers d'autres en Ouzbékistan, sous l'ordre de Staline. Il a consacré sa vie à lutter pour le droit des Tatars de vivre sur leur terre d'origine et a passé une quinzaine d'années dans les camps pour ses activités « antisoviétiques ». « Le comportement des Russes aujourd'hui est inadéquat. Nous revenons à l'époque soviétique. Ce n'est pas tout à fait le stalinisme, mais c'est loin des acquis de la pérestroïka », explique dans une interview dans un café ouzbek à Kiev ce petit homme maigre pendant sa pause déjeuner entre deux séances au Parlement où il est député du parti Batkivchtchina de l'ex-Premier ministre Ioulia Timochenko.
Il s'était longuement entretenu avec le président russe Vladimir Poutine avant le référendum controversé du 16 mars qui a abouti au rattachement de la péninsule ukrainienne à la Russie, que les Tatars, qui représentent environ 12 % de la population de Crimée, ont largement boycotté. Plusieurs gestes ont suivi comme un décret présidentiel sur la réhabilitation des Tatars « pour nous montrer que le pouvoir russe est bon et pour nous faire saluer l'annexion ». « Nous ne mettons pas notre patrie aux enchères. Notre avenir est au sein de l'Ukraine indépendante et démocratique », explique M. Djemilev. La Medjlis, l'Assemblée des Tatars, est actuellement le seul bâtiment en Crimée (dans la capitale Simféropol) où flotte encore le drapeau bleu et jaune ukrainien.
Moustafa Djemilev a récemment été interdit d'accès en Russie pour cinq ans et a été refoulé à deux reprises à la frontière lorsqu'il tentait de se rendre en Crimée. Quelque 3 000 Tatars se sont rassemblés le week-end dernier et ont percé les cordons de sécurité pour l'accueillir de l'autre côté de la ligne de démarcation entre Ukraine et Crimée après des heurts avec les forces de l'ordre. À la suite de cet incident, les autorités de la Crimée contrôlées par Moscou ont menacé de poursuive les Tatars pour « extrémisme ». « C'est de la muflerie flagrante que les Tatars ne vont jamais accepter », lance Moustafa Djemilev. « Quand le pouvoir des occupants dicte au peuple autochtone qui peut vivre en Crimée et qui ne peut pas, c'est une voie dangereuse qui mène à de graves conflits », met-il en garde.
Selon lui, la situation devient de plus en plus compliquée pour les Tatars dans la péninsule. S'il juge peu probable une déportation « dans des wagons de marchandises » comme sous Staline, il pense que les Russes vont en revanche faire en sorte que les Tatars partent d'eux-mêmes, comme au XVIIIe siècle, après la première conquête russe de la Crimée.

Interdit d'accès en Crimée après avoir rejeté son « annexion » à la Russie, le leader des Tatars dénonce le « retour aux pires jours de l'URSS ». Moustafa Djemilev, 70 ans, né en Crimée, n'avait qu'un an quand sa famille fut déportée comme des dizaines de milliers d'autres en Ouzbékistan, sous l'ordre de Staline. Il a consacré sa vie à lutter pour le droit des Tatars de vivre...
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