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Moyen Orient et Monde - Le point

Et le vainqueur est... l’Iran

Une journée électorale comme celle d'hier, les Irakiens en redemanderaient. Et plutôt 364 qu'une seule, même s'ils ne sont pas près d'oublier la consultation de 2010, gagnée par un écart minime (deux sièges) entre les blocs Maliki et Allawi. Pour les premières législatives depuis le retrait américain, en décembre 2011, le gouvernement a pris soin de fermer l'aéroport, d'interdire la circulation automobile et de déployer un impressionnant dispositif de sécurité. Résultat : les enfants s'en donnaient à cœur joie dans les rues et sur les branches on entendait les oiseaux gazouiller. Un tableau virgilien, n'était la tension perceptible dans les 50 000 bureaux de vote et les premiers incidents de la matinée : deux membres de la commission électorale tués à Dibs, au nord-ouest de Kirkouk, un bureau plastiqué, des tirs d'obus de mortier en plusieurs points du pays.


L'actuel Premier ministre affiche un bilan peu enviable de victimes des échanges de tir, de dynamitages de voitures, d'enlèvements et d'attentats. À quoi s'ajoute un impressionnant tableau où se mêlent les cas de corruption, un népotisme étalé sans vergogne, un sectarisme à rendre jaloux ses prédécesseurs, un fossé abyssal avec les sunnites et une résignation populaire jamais atteinte par le passé. À la recherche d'un troisième mandat, le chef du gouvernement ne craint pas de se poser en adversaire irréductible des deux grandes minorités (sunnite et kurde) qui, réunies, représentent plus de la moitié de la population.
Au sein de sa communauté, Maliki doit compter avec ces deux grands rivaux qui sont al-Mouwaten mené par le chef du Conseil islamique suprême d'Irak (CISI) Ammar el-Hakim, et une nébuleuse de partis (al-Ahrar) placée sous la houlette de Moqtada el-Sadr, dont la retraite annoncée il y a deux mois n'a convaincu personne. Ces derniers mois, il lui était devenu facile de se poser en grand pourfendeur des sunnites d'al-Wataniya, affaiblis par l'émergence de deux autres courants : les Mouttahidoun du président de l'Assemblée nationale, Oussama el-Noujayfi, et al-Arabiya du vice-président du Conseil, Saleh el-Moutlaq.


Mais comme rien ne saurait être simple dans un pays aussi complexe, le président du Conseil doit faire face aux jihadistes (sunnites) de l'État islamique en Irak et au Levant, désormais maîtres de la province d'el-Anbar et en passe de parachever leur contrôle des régions de Salaheddine, au nord de la capitale, et de Diyala, au nord-est. Dos au mur, le régime se bat pour tenter de sauver le peu d'autorité qui lui reste dans cette partie de Bagdad qui constituait, au temps de la présence militaire américaine, la Zone verte. Même les corps d'élite des forces de sécurité, entraînés par les États-Unis, se révèlent incapables d'opposer une quelconque forme de résistance à ces combattants, malgré une substantielle aide US évaluée l'an dernier à notamment des millions de balles de mitraillette et 250 000 grenades. Las ! Ce sont les tribus qui ont finalement bénéficié de ces largesses et qui se sont dépêchés d'en faire profiter les rebelles de l'EIIL. Il y avait là un prétexte idéal à brandir pour plaider la cause d'une unification des rangs chiites face à la montée en puissance des héritiers d'el-Qaëda. Maliki ne pouvait rater l'argument, insistant sur le rapprochement opéré par l'adversaire avec ses lointains cousins en Syrie, ce qui paradoxalement aura pour effet de renforcer sa position dans son maquignonnage avec les autres formations de son camp.


L'autre danger qui guette le pouvoir (de moins en moins) central est représenté par les Kurdes, convaincus que le temps joue en leur faveur, qu'il n'y a rien à attendre du régime et que, les hydrocarbures aidant, ils peuvent compter sur eux-mêmes. Là encore, la dérive, pensent-ils, ne peut que servir leurs desseins. Sauf que, vue de Bagdad, elle sert aussi la cause de leur adversaire numéro un.


Il reste que beaucoup d'eau coulera encore sous les ponts de l'Euphrate et du Tigre avant qu'un nouveau pouvoir voie le jour, fruit de négociations qui prendront du temps. On n'oubliera pas qu'après les dernières élections, près de dix mois s'étaient écoulés avant la formation d'une nouvelle équipe ministérielle. Le temps que chacun compte ses billes, il faudra bien se rendre à l'évidence : quel que soit le vainqueur de la présente joute, les Iraniens vont continuer de souffler sur les braises et, en jouant sur le facteur temps, laisser les autres tirer pour eux les marrons. Il leur suffit pour cela de remplir au fur et à mesure le vide laissé par les uns et les autres. Piece of cake, diraient les Américains.

Une journée électorale comme celle d'hier, les Irakiens en redemanderaient. Et plutôt 364 qu'une seule, même s'ils ne sont pas près d'oublier la consultation de 2010, gagnée par un écart minime (deux sièges) entre les blocs Maliki et Allawi. Pour les premières législatives depuis le retrait américain, en décembre 2011, le gouvernement a pris soin de fermer l'aéroport,...

commentaires (2)

13 ans après l'invasion imbecile des us par le plus imbecile des presidents us g.w bush , le constat qui est fait est loin du compte que nous faisaient miroiter les yankys "conquerants" ! Ceux qui a l'epoque s'epoumonnaient a dire que ca n'etait pas la solution de degommer saddam , le pire des dictateurs, passaient pour des unineuronnaux , et le constat qu'on fait aujourd'hui donne raison a Chirac qui disait qu'il ne fallait pas ouvrir la boite de Pandorre . Le calcul subliminal etait de separer l'Iran de la Syrie et tel un rongeur grinioter un cout a gauche et un coup a droite . Resultat des courses les yanky detalent comme des lapins pris en sandwichs , et nous envoient la racaille des alqaida revus et corriges par eux . Seulement entre temps , des puissances regionales se sont formees et ne voudront plus lacher le morceau . Si l'Iran est le grand vainqueur en Irak , Mr Merville dites nous qui est le grand vaincu ? Non , pas les us , ces derniers vous lachent quand ca sent mauvais , alors ils ont lache qui ? les binsaouds , partis pour combler le vide laisse par saddam , mais qui se retrouvent a composer avec la racaille qaidiste pour pouvoir exister encore un peu .Exemple a mediter ailleurs .

FRIK-A-FRAK

10 h 47, le 01 mai 2014

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Commentaires (2)

  • 13 ans après l'invasion imbecile des us par le plus imbecile des presidents us g.w bush , le constat qui est fait est loin du compte que nous faisaient miroiter les yankys "conquerants" ! Ceux qui a l'epoque s'epoumonnaient a dire que ca n'etait pas la solution de degommer saddam , le pire des dictateurs, passaient pour des unineuronnaux , et le constat qu'on fait aujourd'hui donne raison a Chirac qui disait qu'il ne fallait pas ouvrir la boite de Pandorre . Le calcul subliminal etait de separer l'Iran de la Syrie et tel un rongeur grinioter un cout a gauche et un coup a droite . Resultat des courses les yanky detalent comme des lapins pris en sandwichs , et nous envoient la racaille des alqaida revus et corriges par eux . Seulement entre temps , des puissances regionales se sont formees et ne voudront plus lacher le morceau . Si l'Iran est le grand vainqueur en Irak , Mr Merville dites nous qui est le grand vaincu ? Non , pas les us , ces derniers vous lachent quand ca sent mauvais , alors ils ont lache qui ? les binsaouds , partis pour combler le vide laisse par saddam , mais qui se retrouvent a composer avec la racaille qaidiste pour pouvoir exister encore un peu .Exemple a mediter ailleurs .

    FRIK-A-FRAK

    10 h 47, le 01 mai 2014

  • Bien vu. Mais l'Iran en question, son tour finira bien par venir. Et il devra à ce moment-là, tirer lui-même ses "propres" marrons du feu !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    10 h 05, le 01 mai 2014

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