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Liban - La situation

Entre malaise social et présidentielle bloquée au 2e tour

C'est au rythme des revendications sociales et des manifestations de protestation que démarre une semaine politique qui devrait être principalement marquée en théorie par l'élection, mercredi, d'un nouveau chef de l'État, au deuxième tour de la présidentielle. Mais en théorie seulement. Car au plan pratique, le blocage reste le même.


Il y a d'un côté le 14 Mars qui soutient à fond la candidature du chef des Forces libanaises, Samir Geagea, de l'autre le 8 Mars farouchement opposé à cette candidature mais qui ne propose pas encore de candidat et au centre, le bloc Joumblatt et des indépendants qui appuient l'accession du député Henri Hélou à la tête de l'État.
De diverses sources concordantes, on s'attend, ce mercredi dans l'hémicycle, à ce que le scénario de la semaine dernière se répète avec l'absence et le retrait de députés du 8 Mars, notamment du bloc du Changement et de la Réforme, de la réunion électorale pour provoquer un défaut de quorum et empêcher l'élection d'un président à la majorité simple.
Selon le député Jean Oghassabian, les contacts vont bon train pour assurer une majorité de 65 voix à M. Geagea, mais le parlementaire – comme pratiquement l'ensemble de la coalition du 14 Mars – ne se fait pas d'illusions sur la question, puisqu'il estime que le défaut de quorum se poursuivra jusqu'à ce qu'il soit possible de parvenir à une sorte d'entente sur un candidat « accepté de tous », pour reprendre les termes du patriarche maronite, Mgr Béchara Raï.


Divisés et incapables pour l'heure de s'entendre sur la personne d'un candidat à la présidence de la République, les deux camps adversaires font monter les enchères. Le chef du bloc parlementaire du Hezbollah, Mohammad Raad, a ainsi affirmé hier soir sans ambages que son parti « rejette tout président dont le projet politique ne s'aligne pas sur celui de la Résistance et ne tend pas à la consolider ». Une position en flèche que des observateurs ont interprétée comme une façon de pousser la partie adverse à s'engager dans des négociations autour de la personne d'un candidat « consensuel ».

 

(Voir : Qu'attendez-vous du prochain président ? Les Libanais, à travers le pays, répondent)


Bien que farouchement attaché à la candidature du chef des FL, comme l'a exprimé le vice-président de la Chambre, Farid Makari, dans une déclaration au quotidien koweitien as-Siyassa, le 14 Mars n'est pas hostile à des pourparlers pouvant favoriser cette entente. « Nous sommes engagés jusqu'au bout dans la bataille présidentielle sur base de la candidature de Samir Geagea et nous prendrons soin, dans le même temps, de l'évaluer régulièrement en fonction des données et des opportunités en présence. Les démarches à venir seront décidées sur cette base. Ce qui nous importe c'est de hisser à la tête de l'État une personne qui porte les idées et les objectifs du 14 Mars », a affirmé M. Makari. Abondant dans le même sens, M. Antoine Zahra, député FL, a relevé que « les concertations se poursuivent au sein du 14 Mars pour évaluer, au besoin, toutes les options », en soulignant que le chef des Forces libanaises s'était déclaré favorable à l'élection à la tête de l'État de toute personne qui reprendrait à son compte le projet du 14 Mars et qui aurait une chance véritable d'être élue.


Si le premier tour de la présidentielle a permis de mesurer le poids des candidats en présence et la marge de manœuvre des blocs parlementaires, ce n'est qu'après le deuxième tour, mercredi, qu'il faudra s'attendre à des contacts plus soutenus entre les forces politiques, sans que ceux-ci ne débouchent nécessairement, en l'absence notamment d'un « coup de main » régionalo-international, relevé par le député Jean Oghassabian, qui a souligné l'intérêt porté par la communauté internationale pour le moment aux élections présidentielles en Irak et en Syrie.
Il n'en demeure pas moins que dans certains cercles politiques, on estime que l'issue des présidentielles en Irak et la nouvelle configuration politique qui en résulterait favoriserait un déblocage au Liban, à la faveur d'une reprise de langue entre les États-Unis, l'Iran et l'Arabie saoudite, où l'ambassadeur américain, David Hale, est attendu le 5 mai en principe.

 

(Lire aussi : Geagea s'entretient avec Hale du dossier de la présidentielle et de la situation régionale)


Dans ces cercles, on juge que si jamais les puissances régionales et internationales interviennent au Liban, ce serait pour encourager l'élection d'une personnalité qui ne serait pas considérée comme étant « provocante » ou de « confrontation ». Dans ce cadre, on avance de nouveau les noms du député Robert Ghanem, de l'ancien ministre Jean Obeid et plus particulièrement du gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé.
L'accession de M. Salamé à la tête de l'État, estime-t-on dans ces milieux, serait rassurante à plus d'un égard étant donné la situation économique dans le pays.


Parallèlement au deuxième tour de la présidentielle, la semaine sera par excellence celle de la protestation sociale et des grèves. Les transports publics, en grève aujourd'hui, organisent deux manifestations qui convergeront dans la matinée à la place Riad el-Solh. La première aura pour point de départ le rond-point Cola et la deuxième le rond-point Dora. Les enseignants seront en grève mardi et le comité de coordination syndicale mobilise les syndicats pour la mégamanifestation qu'il prévoit pour mercredi.

 

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