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Culture - Exposition

Oussama Baalbaki, un peu de couleurs à... « L’ombre des idées noires »

On connaissait sa maîtrise des 50 nuances de gris. Le voilà qui passe aussi à la couleur. Dans des paysages qui, sous leur apparente quiétude, n'en diffusent pas moins une certaine atmosphère hitchcockienne. Toujours cette énergie souterraine dans les peintures d'Oussama Baalbaki...

« The Breathless Path », acrylique sur toile, 190 x 220 cm.

Une route serpentant à travers un paysage ensoleillé, vide de toute trace humaine (mis à part une petite canette de boisson gazeuse écrasée), accueille le visiteur de la galerie Tanit. De ce grand tableau (190 x 220 cm), reprenant l'un des sujets récurrents de la peinture classique libanaise, se dégage un calme étrange, presque menaçant. Une vibration impalpable et pourtant fortement perceptible...
Un peu plus loin, un panorama (de très grand format, 300 x 210 cm) de montagnes rocheuses et de ravins, traversés de câbles et pylônes électriques, semble, également, mettre l'accent sur le mystère niché au cœur des paysages naturels.
Dans une salle adjacente et sur des toiles aux dimensions plus modestes, l'empreinte en « cathédrales » des excavations dues aux carrières dans les flancs de montagne témoigne, d'un pinceau réaliste, de la beauté « actuelle » de la nature libanaise, dans son altération et son imperfection !
S'il a introduit la couleur (par une foisonnante et subtile superposition de touches, de tons et de nuances) dans ses peintures paysagères, Oussama Baalbaki n'a pas changé de discours pictural pour autant. Qui reste toujours aussi introspectif et nimbé de gravité...
D'ailleurs, le titre de l'exposition ne trompe pas. Organisée par la galerie Agial en collaboration avec la galerie Tanit (dont l'espace se prête mieux aux grands formats de cette dernière cuvée), elle est éloquemment intitulée « Shadow of Gloominess » (« L'Ombre des idées noires »). Car, parallèlement aux toiles précitées, elle donne à voir une dizaine d'autoportraits de l'artiste en noir et blanc. Dans des mises en scène plus énigmatiques que jamais. Marquées au sceau d'une sourde – et parfois violente – tristesse.

Autoportraits et obsessions
Tout à la fois acteur et sujet central de cette série, Oussama Baalbaki y déploie avec vigueur sa silhouette. Tout en jouant, paradoxalement, à l'insaisissable, en dérobant obstinément son regard à celui de l'observateur.
Une ambiguïté que cet artiste, l'un des plus mystérieux de sa génération, cultive presque à son corps défendant. Car ce peintre dont la main semble mue par un flux d'idées secrètes, de réflexions existentielles ou encore de pensées métaphysiques, qu'il retranscrit sur toiles de façon presque automatique (il dessine directement sur le canevas sans croquis préliminaires), se confie, ainsi, fatalement, à ceux qui scrutent ses œuvres.
Partageant avec eux, de manière quasi clandestine, ses méditations sur la monstruosité de la nature humaine (dans une acrylique sur toile où il se représente assis dans un fauteuil en train de limer ses serres de rapace) ; son envie d'évasion d'un univers étouffant (dans une autre toile où on le voit assis dans une pièce au plafond bas et aux proportions resserrées avec, accroché sur le dossier de sa chaise, un mini-cerf-volant) ; son éternelle recherche d'équilibre entre sa vie et son art (autoportrait de profil dans un fauteuil aux accoudoirs différents) ; ou encore ses questionnements philosophiques sur les vraies sources du savoir (assis à une table, la main droite, celle avec laquelle il peint, comprimée entre les pages d'un livre duquel elle déborde...).
Tout cela à travers des scènes de vie ordinaires donc, reproduites d'un pinceau au réalisme précis, mâtiné de touches oniriques. Et qui, sous une apparence de fausse quiétude, dégagent un fort sentiment de mélancolie désabusée.
Et puis il y a la fameuse « voiture calcinée » devenue la signature emblématique de ce Baalbaki-là. Qui, si elle symbolise aux yeux de beaucoup la guerre libanaise, est, en réalité, l'expression d'un drame personnel de l'artiste (qui a perdu sa mère dans un accident de la route). Autant de thèmes qui reviennent de manière obsessionnelle – et masquée. En tout cas non aisément déchiffrable pour qui n'est pas déjà initié à la peinture d'Oussama Baalbaki – pour exprimer la vision intérieure de ce peintre-penseur.
À voir jusqu'au 26 avril.

*Mar Mikhaël, juste après l'EDL, imm. East Village. Horaires d'ouverture : du lundi au vendredi, de 11h à 19h, et samedi, de 12h à 17h. Tél. : 76/557662.

Une route serpentant à travers un paysage ensoleillé, vide de toute trace humaine (mis à part une petite canette de boisson gazeuse écrasée), accueille le visiteur de la galerie Tanit. De ce grand tableau (190 x 220 cm), reprenant l'un des sujets récurrents de la peinture classique libanaise, se dégage un calme étrange, presque menaçant. Une vibration impalpable et pourtant...

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