« Faut-il attendre une catastrophe pour étendre l'application de la résolution 1701 à l'ensemble de nos frontières terrestres, et non au seul Liban-Sud ? » s'est interrogé hier le député Ahmad Fatfat, dans son intervention au Parlement.
Très concerné par ce qui se passe à Tripoli, M. Fatfat a interpellé, sans grand espoir de réponse, le ministre sortant de la Défense, sur ce qui justifie qu'on en soit arrivé là.
Et le député de réclamer que Tripoli devienne « ville démilitarisée », ce qui n'est possible, selon lui, que grâce à « une armée libanaise forte, juste et loyale ».
Sans entrer dans les détails, M. Fatfat a affirmé : « Nous avons beaucoup à dire sur certains agissements (...), le député Mouïn Meraabi réclame, depuis le début des opérations militaires en Syrie, que l'armée se déploie le long des frontières libano-syriennes. Pour quelle raison le gouvernement précédent n'y a-t-il accordé aucune attention ? »
La 1701 et la milice du Hezbollah
« Faut-il attendre une catastrophe pour verrouiller les frontières et envoyer la troupe à la frontière, s'est interrogé M. Fatfat. Qu'on étende donc l'application de la résolution 1701 à toute la frontière, nous verrons alors si des armes continuent d'entrer au Liban et d'en sortir. La crise syrienne a exposé le Liban à la honte. Avant l'implication en Syrie ( du Hezbollah), pas un attentat-suicide ne s'était produit au Liban. » Dans ce cadre, M. Fatfat a donné lecture, d'une manière minutieuse, des diverses clauses de la résolution 1701 interdisant la possession, le trafic, l'utilisation ou l'introduction dans le pays d'armes et de munitions sans le contrôle ou l'accord du gouvernement.
M. Fatfat a également rappelé à cet égard que la 1701 se fonde explicitement sur la résolution 1559 qui insiste sur la nécessité du démantèlement de toutes les milices dans le pays. Le député de Denniyé a relevé à ce propos que le Hezbollah est passé du statut de « résistance » contre Israël à celui de « milice » du fait qu'il a retourné ses armes vers le front interne au Liban et maintenant en Syrie. « Peut-on parler de résistance quand les combattants du Hezbollah sévissent, sous le couvert de brigades de la résistance, dans les rues de Beyrouth, de Saïda, de Tripoli ou dans les localités syriennes ? » s'est interrogé en substance M. Fatfat qui a souligné sur ce plan que le Hezbollah est devenu bel et bien une milice dans toute l'acception du terme, du fait d'un tel comportement. « Le Hezbollah utilise sa milice dans le jeu politique interne », a déploré M. Fatfat.
Le dialogue ?
À quoi bon ?
Au sujet du dialogue national, M. Fatfat a été catégorique. Il ne sert à rien, a-t-il affirmé.
« Les conférences nationales de dialogue ont été de faux dialogues, des faux-fuyants politiques, a-t-il dit. N'attendons rien du dialogue. Comment peut-il y avoir, à la fois, dialogue et explosions de joie à la victoire de Yabroud ? Le dialogue doit déboucher sur des ententes contraignantes. On ne peut à la fois signer quelque chose et le renier. Le dialogue a perdu toute crédibilité. Nous y souscrirons par respect pour la présidence et pour ménager les sentiments du peuple libanais. Mais à quoi bon la conférence de dialogue, sans engagement préalable à respecter la déclaration de Baabda ? »
M. Fatfat, qui est membre du bloc parlementaire du Futur, a quand même accordé la confiance au gouvernement, estimant qu'il s'agissait « du meilleur gouvernement possible durant cette période difficile ».
Sur un autre plan, M. Fatfat a souligné que c'est le Parlement qui assumera la responsabilité de tout vide au niveau de la présidence de la République et non pas le gouvernement. Il ne s'est pas privé, au passage, d'égratigner Nagib Mikati et « ceux qui ont accepté de faire partie du pouvoir après le coup d'État des chemises noires ».
commentaires (5)
Pas mal, le Docteur diplômé d'universités Catholiques européennes !
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
13 h 21, le 22 mars 2014