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Culture - Scène

« Les Noces de Zahwa », ou une lettre à une étoile

Pour fustiger les crimes d'honneur commis contre les femmes, Lara Kanso a conçu une création musicale, théâtrale, poétique et vidéaste.

Daline Jabbour au oud.

Tout comme une tragédie grecque, la performance démarre avec un coryphée et une femme déesse – ou peut-être est-ce un fantôme – évoluant sur scène. C'est l'esprit de Zahwa qui vient hanter la scène comme elle a hanté, durant plus de deux décennies, les pensées de Lara Kanso. « Ce crime d'honneur perpétré contre une jeune fille de mon âge (nous avions alors vingt ans) m'avait bouleversé et je ne savais pas comment réagir et de quelle manière en parler. Mais, aujourd'hui, j'ai décidé de prendre la parole et d'évoquer cet acte horrible. » Le langage de Lara Kanso – auparavant professeure en littérature française et actuellement directrice de la boîte d'événementiel « O de Rose » – est artistique et ses armes sont les multiples disciplines qu'elle mêle en une sorte de miroir, comme si chacune faisait écho à l'autre.
« Je dédie ces quelques balbutiements à Zahwa. Je ne suis pas metteure en scène et je n'ai pas réalisé une pièce de théâtre. » Par ces quelques mots, Kanso annonce la couleur. Sans prétention aucune, elle fait défiler trois tableaux. Peut-être que le passage entre les trois pêche légèrement par maladresse, mais cela n'enlève rien à leur beauté et à la recherche de l'esthétique de Kanso. En trois actes ou plutôt mouvements, elle raconte l'histoire de Zahwa et de milliers de femmes qui ont eu le même sort dans cette partie de la planète. La voix sublime de Daline Jabbour (titulaire d'un diplôme en éducation musicale de l'Université libanaise et d'un baccalauréat en chant arabe traditionnel de l'Institut supérieur de musique de l'Université antonine) s'élève comme un chant incantatoire qui perce les murs du temps. Sur un écran sont projetés les dessins que Jean-Marc Nahas croque en direct. Wafa' Halawi danse et ses mouvements, chorégraphiés par Kazumi Fuchigami, expriment l'amour, mais aussi la douleur du désir inassouvi. Habillés par Mira Ghandour Tabet, les protagonistes, plus particulièrement les femmes, ressemblent à des déesses helléniques. À la direction des acteurs, respectivement, Maya Zbib et Niloufar Afnan qui rythment le temps, créent l'interaction entre les différents langages artistiques, mais également le dialogue entre passé et présent. Tous ces efforts conjugués sont magnifiés par les textes de Abbass Baydoun, Marguerite Duras ou Mahmoud Darwiche.
Femme /femme, femme/terre, mais aussi femme/mère, Les Noces de Zahwa sont finalement une ode à la vie que Lara Kanso a distillée avec subtilité et pudeur, voire timidement par instants (comme de l'impressionnisme) qu'exprime à nouveau Daline Jabbour dans une finale qui prend aux tripes.

*Jusqu'au 16 mars au Monnot, à 20h30.

Tout comme une tragédie grecque, la performance démarre avec un coryphée et une femme déesse – ou peut-être est-ce un fantôme – évoluant sur scène. C'est l'esprit de Zahwa qui vient hanter la scène comme elle a hanté, durant plus de deux décennies, les pensées de Lara Kanso. « Ce crime d'honneur perpétré contre une jeune fille de mon âge (nous avions alors vingt...

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