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Moyen Orient et Monde - Syrie

En plein carnage, Damas prépare la réélection d’Assad

Le mois dernier, un rassemblement dans le sud de Damas à la mémoire des victimes du conflit s’est transformé en meeting politique où les orateurs ont plaidé pour un troisième mandat de Bachar el-Assad. Khaled al-Hariri/ Reuters/Files

Après trois ans de conflit meurtrier, faisant plus de 140 000 morts, la destruction de quartiers entiers et des millions de réfugiés sur les routes, Bachar el-Assad prépare discrètement sa réélection.
Le président syrien n'a rien annoncé quant à sa volonté de briguer un troisième mandat en dépit des opposants, des combattants et des puissances occidentales qui réclament son départ. Mais, dans les secteurs de Damas contrôlés par le pouvoir, les préparatifs sont sans ambiguïté. Les commerçants sont vivement encouragés à repeindre leurs échoppes aux couleurs nationales, en signe de soutien. Ceux des quartiers populaires sont même menacés d'une amende de 5 000 livres syriennes (30 dollars) s'ils n'obtempèrent pas. Second refus, et c'est l'emprisonnement, raconte un boutiquier du quartier de Roukneddine.


Et si l'hypothèse même d'une élection dans les circonstances actuelles paraît absurde, les rassemblements se succèdent pour prier le président syrien, âgé de 48 ans, de faire acte de candidature à la présidentielle censée se dérouler d'ici à juillet. Le mois dernier, un rassemblement dans le sud de Damas à la mémoire des victimes du conflit s'est transformé en meeting politique. C'est ainsi qu'après avoir remis des récompenses aux veuves de Saïdé Zeinab, un faubourg au cœur de la contre-attaque des forces loyalistes, les orateurs ont plaidé pour un troisième mandat de Bachar el-Assad. « Le président a dit : "S'il y a une demande populaire, je me présenterai. Je n'abandonnerai pas mon devoir national." Je vous demande donc de profiter de ce vaste rassemblement (...) pour demander au président Bachar el-Assad de se nommer pour un nouveau mandat », a lancé l'imam chiite sayyed Fabi Burhan sous les applaudissements d'une foule partisane.

 

(Lire aussi : Le régime accentue ses raids aériens sur Yabroud)

 

Les écoliers sollicités
La scène se répète dans les quartiers sous contrôle gouvernemental, autour des garnisons où vivent les familles de militaires notamment. Des manifestants brandissant le portrait d'Assad sont à nouveau dans les rues, en moins grand nombre toutefois que les milliers qui s'étaient rassemblés en 2011 pour répliquer aux manifestations essaimant contre le chef de l'État. Des écoliers sont acheminés en car pour gonfler les cortèges malgré les inquiétudes de leurs parents en raison des risques encourus. « Même si ça peut être dangereux, ils les emmènent en car pour participer à des marches à la fin de leur journée d'école sans nous informer », déclare la mère d'un garçon de 11 ans, ajoutant : « S'ils nous informaient, la plupart des parents n'enverraient pas leurs enfants à l'école ce jour-là. »


En réponse à la mobilisation pro-Assad, une campagne a été lancée la semaine dernière sur Internet en faveur de la candidature d'une personnalité populaire dans l'opposition, Moaz el-Khatib, ancien président de la Coalition nationale syrienne (CNS), qui a recueilli le soutien de plusieurs dizaines de milliers de partisans, des zones rebelles assiégées jusqu'à la diaspora syrienne en Australie. L'ancien imam de la mosquée des Omeyyades à Damas, aujourd'hui réfugié au Qatar, a salué cette campagne, mais s'oppose à la tenue d'une élection. « Nous ne donnerons aucune légitimité à des élections organisées par le régime », écrit-il sur sa page Facebook.

 

(Lire aussi : Arabie : aveux télévisés d'un jihadiste repenti de retour de Syrie)

 

« Une plaisanterie »
Et c'est grâce aux amendements à la Constitution syrienne adoptés par référendum il y a deux ans que ce candidat pourrait éventuellement se présenter contre Bachar el-Assad – s'il obtient le soutien des 35 membres du Parlement loyaliste. Cela, en théorie, marque un changement avec les élections présidentielles de ces quatre dernières décennies, où la seule option offerte aux Syriens était de voter pour ou contre la nomination de Bachar el-Assad, et avant lui de son père Hafez.
Voter dans les circonstances actuelles, souligne néanmoins le chef de cabinet du président de la CNS Ahmad Jarba, « serait une plaisanterie ».

 

(Lire aussi: Un aéroport militaire du Hezbollah à Baalbeck ?)


La tenue d'une élection paraît en effet impossible quand 2,4 millions de Syriens sont réfugiés dans les pays voisins, que des millions d'autres ont été jetés sur les routes par le conflit et que le nord et l'est du pays ne sont plus contrôlés par le pouvoir. Même à Damas, rares sont ceux qui croient à la tenue de ce scrutin. « J'ai entendu dire que les élections allaient être repoussées d'un an ou deux en raison de la situation », déclare ainsi Samir, un homme d'âge mûr, lors d'un déjeuner avec sa belle-famille.
À Mouadamiya, un quartier tenu par les rebelles, un opposant résume un sentiment assez répandu : « Assad prévoit d'annoncer sa nomination à la veille de l'élection, qu'il gagnera bien sûr parce que seuls les habitants des secteurs loyalistes seront en mesure de voter. Et puis il dira : "Oh ! Regardez ! Le peuple me veut". »

 

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Après trois ans de conflit meurtrier, faisant plus de 140 000 morts, la destruction de quartiers entiers et des millions de réfugiés sur les routes, Bachar el-Assad prépare discrètement sa réélection.Le président syrien n'a rien annoncé quant à sa volonté de briguer un troisième mandat en dépit des opposants, des combattants et des puissances occidentales qui réclament son départ....

commentaires (5)

C'est le jeu de la democratie que l'occidecadent ne veut plus entendre parler .Voyons !

FRIK-A-FRAK

14 h 22, le 07 mars 2014

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Commentaires (5)

  • C'est le jeu de la democratie que l'occidecadent ne veut plus entendre parler .Voyons !

    FRIK-A-FRAK

    14 h 22, le 07 mars 2014

  • AVEC 99,999% LE SCORE HABITUEL...

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 10, le 07 mars 2014

  • Comme quoi la connerie et l idiotie collective existent.......pauvres voisins ils ont pas beaucoup de choix...contrairement à chez nous!!! .....ENCORE UNE DES "MILLE ET UNE" CONNERIES MOYEN ORIENTALES....

    CBG

    11 h 09, le 07 mars 2014

  • On se croirait au Liban durant les 15 années de calvaire (75-90) ! Espérons qu'ils comprendront enfin, ces Syriens dans leur globalité, ce que les Libanais ont dû enduré suite aux méfaits de ce régime bääSSyrien en leur Syrie !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    07 h 45, le 07 mars 2014

  • Mais oui, le petit Hitler du Moyen-Orient mérite d'être dictateur à vie. Il est insidpensable pour achever sa "mission", à savoir détruire ce qui reste de la Syrie et parachever son génocide contre le peuple syrien. D'ailleurs son collègue, le grand dictateur de Russie, le lui permet. La grotesque "communauté internationale" aussi.

    Halim Abou Chacra

    05 h 46, le 07 mars 2014

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