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Liban - Droit des femmes

La Fondation May Chidiac passe au peigne fin les lignes de front au féminin

La deuxième édition de la conférence « Women on the Front Lines » a mis l'accent sur les expériences uniques de femmes innovatrices et militantes, qui ont su s'imposer dans leurs domaines respectifs.

Bahia Hariri, Nora Joumblatt, Waël Abou Faour, Nayla Moawad, Angelina Eichhorst, Mona Hraoui, Raya Hassan, Ramzi Jreige, Sejaan Azzi, Mohammad Machnouk et Cécilia Attias étaient tous de la partie à la conférence du Phoenicia, hier. Photo Sami Ayad

Il faisait bon d'être présent hier à l'hôtel Phoenicia, parmi toutes ces femmes réunies par la Fondation May Chidiac pour la deuxième édition de la conférence autour des « Femmes sur les lignes de front ». À se retrouver au beau milieu de toute cette gent féminine, élégante à souhait, comprenant journalistes, femmes d'affaires, avocates, Premières dames, militantes, activistes sociales et dirigeantes politiques, l'on ne pouvait que s'interroger si un monde dirigé uniquement par toutes ces dames ne serait pas meilleur, ou du moins plus décontracté. Et parmi toutes ces femmes, venues hier d'un peu partout dans le monde, il y en avait bien une qui a volé la vedette à ses compagnes : Cécilia Attias.


Ils étaient nombreux hier à l'attendre à la pause pour acheter son autobiographie, Une envie de vérité. S'attardant de temps à autre pour prendre une photo avec des admirateurs, l'ancienne Première dame et ex-épouse de Nicolas Sarkozy, a pris le temps de dédicacer gentiment son livre dans lequel elle raconte sa vie avant, durant et après l'Élysée. Dans une allocution prononcée au lancement de la conférence, Cécilia Attias a fait part de son bonheur d'être présente au pays du Cèdre, pour parler de la Fondation qui porte son nom, qu'elle a créée pour soutenir les femmes dans le monde. « C'est d'abord parce qu'il s'agit du Liban, berceau des civilisations, que j'ai accepté de venir, a-t-elle confié. Malheureusement, il concerne de moins en moins la jeunesse européenne en raison de l'instabilité politique. Cela nous pousse à crier à tous les responsables du pays : cela suffit ! En second lieu, c'est aussi parce qu'il s'agit de Beyrouth, le Paris du Moyen-Orient, qui doit être protégé. Et enfin, c'est à cause de May Chidiac qui m'a invitée. Mon époux Richard a été le premier à me parler d'elle, très admiratif de son courage. Ce que fait cette femme est admirable ; dire que son courage est un modèle serait un euphémisme. Beaucoup d'hommes devraient s'en inspirer. »

 

(Lire aussi : 17 Libanaises parmi les 100 femmes arabes les plus puissantes)


Appelant à protéger les journalistes dans le monde et à revoir le statut dont ils bénéficient auprès de l'ONU, Cécilia Attias a estimé qu'« être en première ligne n'est pas lié à un statut officiel ou juridique, ou à un rôle, mais bien au fait de pouvoir agir ». « Ce n'est pas rester dans la lumière et au sommet mais travailler aussi dans l'ombre. C'est aussi déléguer et faire passer le flambeau, mobiliser et déclencher une action collective. Elles sont nombreuses ces femmes dévastées par les guerres qui luttent contre les violences et les inégalités, qui sacrifient leur vie pour souvent pousser leurs filles à poursuivre des études. C'est à nous de faire parvenir la voix de ces femmes, et les hommes sont bienvenus dans ce combat », a poursuivi l'ancienne Première dame, qui a appelé les femmes à refuser d'être la « femme de ». Elle a ensuite évoqué son expérience en Libye, où elle a œuvré pour la libération des cinq infirmières bulgares et d'un Palestinien, et son parcours à l'Élysée. « J'ai épousé un homme politique. Je le soutenais. Mais j''ai été prise dans l'engrenage des journalistes, qui aujourd'hui se croient pouvoir vous suivre jusqu'à la salle de bains, sous prétexte de transparence. La distance est essentielle, pour imposer le respect. J'ai donc senti à un moment que j'étais sous trop de lumière et je me suis retirée. Je vis à présent aux États-Unis où vit Richard, pour éviter justement les projecteurs et par respect pour Sarkozy », a-t-elle déclaré.

 

(Pour mémoire : Participation des femmes à la vie politique : le Liban à la traîne)

 

Harcèlement sexuel et journalisme
Autre moment-phare de la conférence qui s'est déroulée à partir de neuf heures jusqu'en fin d'après-midi, une étude présentée par le Dr Jad Melki, professeur de journalisme à l'AUB, sur le harcèlement sexuel subi par les femmes journalistes au Liban. Selon l'étude, 75 % des étudiants universitaires en journalisme sont des femmes, mais 33 % seulement de ceux qui travaillent dans le domaine sont des femmes, et 22 % seulement se trouvent à un poste de direction. Par ailleurs, 70 % des femmes journalistes ont moins de 30 ans, ce qui signifie qu'elles ne persévèrent pas dans le domaine, et pour cause : 58 % d'entre elles ont au moins subi un harcèlement sexuel verbal et 30 % un harcèlement physique au boulot, sans compter celles qui refusent d'en parler. Tout cela en l'absence de lois claires à ce sujet, à part « la possibilité pour la femme de quitter le travail si elle a été harcelée, sans même les deux semaines de préavis » !


La conférence, qui avait été amorcée par un discours de l'ancienne ministre Mona Afeiche représentant la Première dame Wafa' Sleiman et un discours de May Chidiac qui a appelé les femmes à réaliser leurs rêves, a regroupé de nombreuses tables rondes et présentations à propos de la femme dans les domaines de la science, du volontariat humanitaire, de la mode et du journalisme télévisé. Un panel modéré par Malek Maktabi s'est aussi penché sur les crimes d'honneur et la violence domestique dans le monde arabe tandis qu'un autre panel mettait l'accent sur « l'influence des femmes dans l'entreprise, qui améliorent, selon les chiffres, la productivité et réussissent à éviter les crises financières ». Une table ronde a enfin réuni des présentatrices de talk-show télévisé, dont Lamees al-Hadidi (CBC Égypte), forte opposante aux Frères musulmans, et qui a dû quitter son rôle de journaliste objective pour défendre la révolution à la télévision, au grand dam des Frères qui l'ont menacée de mort.

 

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Il faisait bon d'être présent hier à l'hôtel Phoenicia, parmi toutes ces femmes réunies par la Fondation May Chidiac pour la deuxième édition de la conférence autour des « Femmes sur les lignes de front ». À se retrouver au beau milieu de toute cette gent féminine, élégante à souhait, comprenant journalistes, femmes d'affaires, avocates, Premières dames, militantes,...

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Un panel modéré par Malek Maktabi ! Au fond, où est donc passée la "femme députée" Nayla Twaïné ? Ah, c'est c'la, parce que mariée ?

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

11 h 30, le 04 mars 2014

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Commentaires (1)

  • Un panel modéré par Malek Maktabi ! Au fond, où est donc passée la "femme députée" Nayla Twaïné ? Ah, c'est c'la, parce que mariée ?

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    11 h 30, le 04 mars 2014

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