Rechercher
Rechercher

Culture - Scène

Jos Houben, « spécimen belge masculin de 1,87 m », décortique « L’art du rire »

Une salle Montaigne comble pour le spectacle singulièrement subtil du comédien belge Jos Houben, qui a ouvert les festivités du Mois de la francophonie à l'Institut français par une inédite et désopilante conférence sur « L'art du rire » !

Jos Houben : sous sa dégaine dégingandée de clown burlesque se cache un pédagogue...

Provoquer l'hilarité en mimant les mouvements de tête d'une poule est chose relativement aisée. Mais amuser la galerie en «imitant» le camembert (le fromage, oui!), voilà qui demande une certaine technique. La recette (de comment faire drôlement l'homme-camembert), Jos Houben va (généreusement) la livrer aux spectateurs. Il s'agit, en réalité, du secret de fabrication du rire. Qu'il faut provoquer graduellement, par titillements progressifs, par un mélange de comique corporel et de perspicacité psychologique jusqu'à ce que le public, mis en confiance, «rit de plus en plus, de tout et de n'importe quoi», fait remarquer le comédien. Voilà tout «L'art du rire» de Jos Houben, artiste et professeur de théâtre qui a, semble-t-il, carrément transposé sur scène l'un de ses cours, en l'occurrence sur les divers mécanismes déclencheurs du rire.
Ce «spécimen belge masculin d'1,87 m», tel qu'il se décrit, a ainsi décortiqué, au cours d'une petite heure, devant un public de 7 à 77 ans, les causes, les effets et les différentes ficelles du comique.

« La cruauté est drôle »
Une table, deux chaises, une carafe d'eau...Il n'en faut pas plus pour poser le cadre d'une «master class» d'un genre particulier. Une très sérieuse conférence sur le burlesque de situation que ce grand homme à l'allure dégingandée, à la souplesse de caoutchouc et au visage lunaire va évidemment étayer de démonstrations physiques: mimiques (il jouera les visiteurs déconcertés d'une galerie d'art moderne), attitudes (celle d'un homme essayant de conserver sa dignité après une chute ridicule, ou encore celle d'un chien essayant de comprendre quelque chose), démarches (il fait se retrouver la chancelante du soulard et la titubante du jeune enfant), déséquilibres (là, il explique comment doser une chute pour provoquer l'hilarité et non l'apitoiement), tensions ou au contraire relâchements du corps (tronc rigide et bassin cambré, il fait l'Anglais, puis déplace le bassin vers l'avant, fait une petite moue et le voilà transformé en un débonnaire méditerranéen!).
Tout cela donne lieu à des mini-sketches évidemment bien drôles. Et, surtout, révélateurs d'un don d'observation aussi essentiel dans le domaine de l'humour que celui de l'imitation. Mais ce que nous apprend réellement ce clown pédagogue au cours de sa vraie-fausse conférence sur «L'art du rire», c'est le lien souterrain de ce dernier avec le sentiment d'une certaine perte de dignité. «La cruauté est drôle », assure ce conférencier parlant du rire moqueur, cynique, celui qui jaillit devant les mésaventures des autres.
Vous l'aurez compris, cet amuseur éclairé sait parfaitement mélanger légèreté et réflexion. Et faire autant glousser les jeunes et moins jeunes que sourire les plus désabusés. Avant de conclure par cette citation qui invite malicieusement le public à l'applaudir: «La dernière chose qui nous reste, qui est encore faite à la main, c'est l'applaudissement.» Voilà, c'était tout l'art de scène et de dérision de Jos Houben !

Provoquer l'hilarité en mimant les mouvements de tête d'une poule est chose relativement aisée. Mais amuser la galerie en «imitant» le camembert (le fromage, oui!), voilà qui demande une certaine technique. La recette (de comment faire drôlement l'homme-camembert), Jos Houben va (généreusement) la livrer aux spectateurs. Il s'agit, en réalité, du secret de fabrication du rire. Qu'il...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut