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Liban - Recherche

Les sciences humaines au cœur de la ville ancestrale de Byblos

Le Centre international des sciences de l'homme de l'Unesco (CISH) prend un nouvel élan. Au menu de ses activités : colloques, formations, publications...

La porte du centre, qui se situe en pleine ville antique à Jbeil.

Au cœur des vieilles pierres de Byblos se niche un lieu où les sciences humaines sont à l'honneur. Depuis quelques mois, le Centre international des sciences de l'homme de l'Unesco (CISH) fait parler de lui au Liban, et s'y succèdent des débats entre étudiants et spécialistes sur des sujets divers dont le dernier, qui s'est tenu du 20 au 22 février, portait sur le dialogue interculturel et interreligieux. Ces débats regroupent généralement des étudiants et des spécialistes, parfois des politiques et des militants de la société civile.
Si l'on entend davantage parler de ce centre dernièrement, il n'en est pas moins né d'une idée vieille de plusieurs décennies. Le nouveau directeur du CISH, Adonis Akra, ancien professeur de philosophie, auteur de plusieurs ouvrages et actuellement président de l'Union philosophique arabe, rappelle que l'idée d'un tel centre a germé dans l'esprit de l'homme politique Manuel Younès dès le début des années 50. « Il voulait même offrir un terrain pour la construction de ce centre », ajoute M. Akra. L'idée a été reprise par Maurice Gemayel, qui était alors ministre. Mais il a fallu attendre l'année 1970 pour que le débat autour du centre soit soulevé en bonne et due forme à l'Unesco. « Ce centre étant international comme son nom l'indique, plusieurs pays ont voulu l'établir chez eux, poursuit-il. Parmi ces pays, Israël. En raison du conflit né entre Israël et le Liban sur cette question, le projet est resté gelé de 1970 à 1998, quand le Liban a enfin gagné, par voie de vote, le droit d'établir le CISH sur son territoire, et que celui-ci a été créé à Jbeil. »
Le CISH se donne pour objectif de contribuer à servir la mission de l'Unesco par l'instauration d'un dialogue de civilisations, de cultures et de religions, comme par une promotion des principes démocratiques. « Il fallait, pour cela, l'environnement adéquat, or le Liban, et Jbeil en particulier, étaient des candidats idéaux, dit-il. Byblos est une concentration de mosquées et d'églises, un lieu où sept à huit civilisations se sont épanouies. »
Le CISH est donc créé en 1998. Deux directeurs s'y sont succédé avant M. Akra, un Sénégalais et un Allemand. L'auteur libanais a été élu à ce poste en mai 2013, parmi 33 autres candidats du monde entier.

Difficultés de budget
Adonis Akra prend donc la tête de ce centre (pour cinq ans renouvelables) avec des objectifs clairs, qui convergent tous vers la nécessité de mettre les sciences humaines au service des objectifs fixés par l'Unesco. « Nous comptons dynamiser le travail dans le domaine des sciences humaines par nos relations avec les ministères au Liban, dans la région et dans le monde, explique-t-il. Pour cela, nous demanderons à des postdoctorants de faire des études. Et si nous donnons l'impression de privilégier le monde arabe alors que la vocation du centre est internationale, c'est à la demande de l'Unesco. En effet, lors d'un congrès à Paris en 2011, il a été demandé au CISH de se focaliser sur les conséquences du printemps arabe qui était alors en cours, dans le but de consolider les démocraties naissantes. J'avais moi-même émis une réflexion qui devait se confirmer plus tard, celle du risque de voir les soulèvements déboucher sur une domination du fanatisme religieux, qui est en soi le plus grand obstacle aux démocraties. Voilà pourquoi nous nous dirigeons si souvent vers les dialogues interculturels et interreligieux. »
La plus grande innovation que compte amener le philosophe au CISH, c'est de transférer les débats théoriques et les études sur le terrain. « Répandre les idées peut se faire à travers des publications et des conférences ouvertes au public, souligne M. Akra. Nous maintenons également un événement annuel instauré par mon prédécesseur, l'école d'automne, qui rassemble des doctorants et des étudiants en master libanais et étrangers durant plusieurs jours autour d'un sujet décidé à l'avance. Cette école d'automne aide à disséminer le savoir et à former les étudiants à la recherche dans le domaine des sciences humaines. La société civile et les partis politiques y participent aussi. »
Le directeur du CISH a par ailleurs réfléchi à l'instauration de formations à la citoyenneté et aux droits, à l'intention d'élèves, d'étudiants et de militants. Pour plus d'informations, les personnes intéressées peuvent consulter le site Internet du centre (www.cish-byblos.org) ou sa page Facebook. Parmi les autres projets du centre cette année, un colloque sur la philosophie qui se tiendra en Irak avec la collaboration de Beit el-Hikmat, un colloque annuel sous le titre du plurilinguisme dans les sociétés démocratiques, sans compter les rencontres mensuelles autour d'un livre ou d'un sujet.
Adonis Akra a par ailleurs conçu un projet qui lui tient à cœur : une publication en quatre parties sur le centenaire de la Première Guerre mondiale et son impact sur la région arabe. « Or, pour financer ce projet comme tous les autres, surtout que notre vocation est mondiale et que nous voulons inviter des personnes d'autres pays, il nous faut un budget suffisant, ce qui est loin d'être assuré », déplore le directeur du CISH. Le budget du centre, tel que décidé en février 2013 lors d'une réunion de son conseil d'administration, a été fixé à 1,5 million de dollars. « L'État libanais a promis d'assurer 300 000 dollars mais ne l'a pas encore fait, dit-il. L'Unesco ne finance que des projets de son choix, or l'agence se trouve dans une impasse financière actuellement. Nous n'avons d'autre choix que de nous diriger vers de grands donateurs, pays ou organisations, ce qui comporte des difficultés. Il faut les convaincre que l'enjeu en vaut la peine et que l'ouverture de tels débats dans nos sociétés d'aujourd'hui est une nécessité. »

Au cœur des vieilles pierres de Byblos se niche un lieu où les sciences humaines sont à l'honneur. Depuis quelques mois, le Centre international des sciences de l'homme de l'Unesco (CISH) fait parler de lui au Liban, et s'y succèdent des débats entre étudiants et spécialistes sur des sujets divers dont le dernier, qui s'est tenu du 20 au 22 février, portait sur le dialogue interculturel...

commentaires (1)

Enfin une bonne initiative malgré le brouillard épais qui assombrit notre horizon national! Je suis à mon titre personnel d'autant plus satisfait que j'avais en février 2002 proposé au Ministre de la Culture de l'époque M. Ghassan Salamé la création au CISH dirigé alors par un directeur allemand d'un"Forum International Permanent des Religions et des Civilisations"(F.I.C.R.).L'un des principaux objectifs de ce projet et peut-être le plus important était d'ordre stratégique car il aurait participé à faire du Liban une plateforme internationale incontournable de dialogue, de tolérance et de recherche sur ces thématiques qui desservent la paix dans le Monde. Malheureusement ce projet n'a jamais vu le jour. Espèrons qu'aujourd'hui il aura quelques chances d'exister...!

Salim Dahdah

09 h 59, le 26 février 2014

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Commentaires (1)

  • Enfin une bonne initiative malgré le brouillard épais qui assombrit notre horizon national! Je suis à mon titre personnel d'autant plus satisfait que j'avais en février 2002 proposé au Ministre de la Culture de l'époque M. Ghassan Salamé la création au CISH dirigé alors par un directeur allemand d'un"Forum International Permanent des Religions et des Civilisations"(F.I.C.R.).L'un des principaux objectifs de ce projet et peut-être le plus important était d'ordre stratégique car il aurait participé à faire du Liban une plateforme internationale incontournable de dialogue, de tolérance et de recherche sur ces thématiques qui desservent la paix dans le Monde. Malheureusement ce projet n'a jamais vu le jour. Espèrons qu'aujourd'hui il aura quelques chances d'exister...!

    Salim Dahdah

    09 h 59, le 26 février 2014

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