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Liban - La situation

À la recherche d’une formule pour édulcorer l’équation armée-peuple-résistance

« Nous avons arrondi les angles pour former le gouvernement, nous ferons de même pour la déclaration ministérielle. » Cette affirmation de bon sens, récurrente hier dans les milieux ministériels centristes, reflète la disposition des parties à transcender, sinon à contourner, des divergences pourtant fondamentales. Ce vent d'entente, alimenté par un souci régional et occidental d'honorer l'échéance présidentielle et de garantir la stabilité, nécessite, pour se concrétiser, un recours à l'art de la formulation. Le verbe, censé définir clairement les concepts fondateurs de la politique du gouvernement, devient une issue de secours face à l'impératif de rédiger une déclaration ministérielle. Le maniement de la sémantique auquel s'essaient les composantes de l'actuel cabinet « d'intérêt national » assombrit les concepts et repousse artificiellement les solutions.

Ainsi, la commission chargée de rédiger la déclaration ministérielle a tenté de contenir hier, lors de sa troisième réunion, les positions contradictoires autour du triptyque armée-peuple-résistance.

(Reportage : À Bab el-Tebbaneh comme à Jabal Mohsen, des victimes devenues bourreaux)

Le ministre des Télécommunications Boutros Harb a présenté par écrit la formule proposée par le 14 Mars, qui reprend sans compromis les principes réitérés par ce camp. S'appuyant sur la déclaration de Baabda, le mémoire de Bkerké et l'idée d'un réexamen de la stratégie défensive sur la base du monopole des armes, le ministre aurait surtout exprimé le refus catégorique par son camp d'insérer la formule du triptyque dans le document ministériel – un refus exprimé hier, assez symboliquement, par le député du Futur Ahmad Fatfat à partir de Meerab. Relayé par les ministres Nohad Machnouk et Sejaan Azzi, Boutros Harb aurait défendu, de manière générale, l'idée de « l'État comme seule référence en matière de politiques publiques ».
À cela, le ministre du Hezbollah Mohammad Fneich aurait opposé le refus irrévocable de son parti à toute rédaction qui omettrait le terme de résistance. La politique de distanciation, elle, ne serait pas contestée ni par l'une ni par l'autre partie.

L'on apprenait en outre, de sources concordantes, que le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, a observé un silence remarqué lors de la réunion d'hier, pris entre la fidélité à ses alliés politiques, d'une part, et les ébauches d'une ouverture sur le courant du Futur, d'autre part, sur fond de course à la présidence où le nom du général Michel Aoun est d'ores et déjà médiatisé par le 8 Mars.

C'est en tout cas au ministre des Finances Ali Hassan Khalil que le 8 Mars aurait confié la tâche d'aboutir à une solution médiane sur la question du triptyque. Le ministre aurait proposé une formulation basée sur « le droit du Liban à la résistance contre l'occupation par tous les moyens disponibles, centrés sur l'État en tant qu'autorité de référence ». Un observateur rappelle que « le droit du Liban à la résistance » est la formule insérée dans la déclaration ministérielle du premier gouvernement de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri après Taëf. Il s'agirait donc d'une réaffirmation du droit de tout pays à la résistance, relayée dans le cas du Liban par le Hezbollah. Mais ainsi présentée, la formule est dépouillée du caractère solennel du triptyque, qui distingue les institutions étatiques et militaires de la dynamique de résistance, plaçant implicitement sur un pied d'égalité l'armée, le peuple et le Hezbollah.

(Eclairage : L'Iran impliqué presque jusqu'au cou dans le conflit syrien)

Une formule qui avait été avancée par le député Walid Joumblatt prend en compte cette nuance, en prévoyant, en plus de l'engagement de mettre en œuvre la déclaration de Baabda, la reconnaissance du « droit du Liban à défendre son territoire, en profitant des capacités de la résistance ».

Quoi qu'il en soit, cette fin de semaine devrait aboutir à une entente sur la formule à adopter, que devrait consacrer la quatrième réunion de la commission, prévue lundi à 16 heures. Elle devra sceller l'étape de l'élaboration de la déclaration ministérielle, avant le vote de confiance.

L'enjeu de lutter contre « la menace terroriste imminente », ce nouvel ennemi commun des Libanais « qui ne supporte aucune justification », devrait en tout cas légitimer les conciliations, fussent-elles seulement formelles. Ces citations, fréquentes depuis la formation du gouvernement et le double attentat de Bir Hassan, sont celles des figures du 8 et du 14 Mars. D'ailleurs, l'ancien Premier ministre Saad Hariri a déclaré hier à Rome, à l'issue de son entretien avec le patriarche maronite Mgr Béchara Raï, qu'il comptait sur les ministres du 14 Mars pour ce qui a trait à la déclaration ministérielle. Son entretien avec le patriarche aurait en tout cas été centré sur la présidentielle.

Entre-temps, Damas veut tendre la main au gouvernement, dans sa lutte contre le terrorisme, « dont Libanais et Syriens sont victimes ».


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commentaires (11)

Il y a une formule plus patriotique...Les résistants sont : l' Armée et le peuple.

M.V.

10 h 44, le 23 février 2014

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Commentaires (11)

  • Il y a une formule plus patriotique...Les résistants sont : l' Armée et le peuple.

    M.V.

    10 h 44, le 23 février 2014

  • Quand va-t-on arrêter de nous les casser avec cette équation de merde ? Combien de temps faut-il pour s'apercevoir que non seulement c'est la plus grosse connerie du monde, mais qu'elle est la cause de tous nos malheurs ?

    Robert Malek

    03 h 44, le 23 février 2014

  • Nos ministres jouent toujours sur les mots à la recherche du sexe des ange alors qu 'il est demandé une seule chose sauver la paix civile .

    Sabbagha Antoine

    14 h 24, le 22 février 2014

  • Oui pour le résistance contre tout Etat dans l'Etat, contre la milice du Hezbollah, contre le régime syrien, contre l'extrémisme islamique et surtout contre tous ceux qui font passer leur intérêt personnel et confessionnel au détriment du peuple libanais et de la nation libanaise. Carlos Achkar

    Achkar Carlos

    13 h 08, le 22 février 2014

  • Armée/Peuple/Patrie...c'est bien çà non?

    GEDEON Christian

    12 h 33, le 22 février 2014

  • Il est inconcevable que les hauts responsables du Hezbollah ne soient pas conscients du fait que, pour plus de 60% des Libanais, il n'y a plus de "résistance" depuis bien longtemps, combien plus avec le "jihad" du Hezbollah en Syrie qui a précipité et précipite le Liban dans tous les enfers. Pourquoi alors les triptyques de supercherie et tout ce "nifaq" à la libanaise ?

    Halim Abou Chacra

    10 h 25, le 22 février 2014

  • QUE DIT-ON DE : ARMÉE - PEUPLE - FORCES LIBANAISES ? POUR QU'ON REVIENNE AUX TOUS PREMIERS RÉSISTANTS, ET QUE CE SOIT À TOUR DE RÔLE ? N'EST-CE PAS ÉDULCORER QUE DE L'ADAPTER ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 00, le 22 février 2014

  • À L'ABRUTISSEMENT, ON RÉPOND PAR : L'ABRUTISSEMENT !

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 21, le 22 février 2014

  • Encore une fois, remplaçons le mot "résistance" par "milice du Hezbollah" et tout ce qui est inacceptable apparaît clairement.

    Yves Prevost

    06 h 35, le 22 février 2014

  • "Pur" bâill(y)ement aux corneilles ou, kifkif or same, "recherche" du sexe d'indigènes anges aux temps de Byzance ; yâ harâm !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    04 h 34, le 22 février 2014

  • "Damas veut tendre la main au Liban, dans sa lutte contre le terrorisme, dont Libanais et Syriens sont victimes." ! Un gluant, dégueulasse et véritable chewing-gum collé aux semelles du Liban, ce régime bääSSyrien !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    02 h 56, le 22 février 2014

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