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Lifestyle - Objets et histoire

Ama... zone en danger !

Le Dahomey, Bénin actuel, exploré par les Portugais dès le XVe siècle, est un territoire côtier particulièrement actif dans la traite négrière atlantique aux XVIIe et XVIIIe siècles : à cette époque, le littoral est dénommé « côte des Esclaves ». Tandis que les Britanniques et les Français rivalisent pour contrôler la boucle du Niger, ce sont les Français qui, par touches successives, parviennent à s'imposer au Dahomey.
En 1892, prenant prétexte d'un léger accrochage avec la canonnière « Topaze » et arguant du fait que le Dahomey pratique le « cannibalisme, les sacrifices rituels et... la polygamie », la France lance une offensive destinée à permettre à la « civilisation » de progresser et à son empire en AEF (Afrique équatoriale française) de s'étendre jusqu'aux possessions britanniques.
Les troupes du colonel Dodds partent de Cotonou en direction d'Abomey (capitale du pays située à environ 250 km au nord, à l'intérieur des terres) afin de réduire le roi Béhanzin. La guerre de conquête ne sera guère de tout repos puisque, durant deux ans, les Français devront faire face à une résistance acharnée des populations locales et affronter un ennemi inattendu qui, en dépit d'un sens tactique rudimentaire, déploiera un courage qui étonnera les témoins : à l'approche du village, les Français sont soudainement assaillis par des groupes entiers de... femmes ! Mais pas n'importe lesquelles : ces femmes sont des guerrières, ce sont les « Amazones » du roi Béhanzin, une garde prétorienne qui combat avec une énergie étonnante, un mépris total de la mort, armée de mousquetons, de sabres, de coupe-coupe et de terribles rasoirs... et toujours placée en première ligne !
Le terme « Amazones » va être employé par les Français par référence aux guerrières mythologiques qu'Hercule dut affronter et dont la reine s'appelait Hippolyte.
Les Amazones sont recrutées en général au début de leur adolescence et sont destinées au métier des armes qu'elles ont vocation à exercer toute leur vie. Leur entraînement est quotidien et éprouvant (exercices de tir, parcours du combattant) et se double d'un conditionnement psychologique et religieux (obéissance absolue, peur du châtiment en cas de transgression) exercé dans un climat de dévotion complète à la personne du roi. Naturellement, ce mode de vie exclut toute possibilité de fonder une famille et ces guerrières sont condamnées à vie au célibat. Chaque amazone devait revenir de la guerre avec au moins cinq têtes d'ennemi. Si elle se présentait les mains vides devant le roi, c'est elle qui se faisait trancher la tête. Les trônes des monarques – toujours visibles dans les palais – étaient posés sur des pieds d'un genre particulier : les crânes des autres monarques, vaincus au combat.
Face à des Français, les Amazones tentent de provoquer un affrontement rapproché : elles attaquent par des roulés-boulés afin de passer sous la haie de baïonnettes et de s'immiscer dans les rangs ennemis. Leur audace étonne et, en cas de réussite, elles ont souvent le dessus en combat rapproché. Envoyées en véritables commandos dès les premiers accrochages avec les Français, elles bénéficient de l'effet de surprise lors des premiers assauts de postes de garde et elles rapportent au roi quelques têtes de tirailleurs sénégalais sauvagement décapités. Mais rapidement, malgré leur nombre, leur impétuosité et leur détermination, elles subissent de lourdes pertes.
Au fil des affrontements, l'armée de Béhanzin décline donc et les rangs des Amazones sont décimés. Les Français progressent, malgré une guérilla intense, mais ils progressent tout de même. Malgré leur bravoure, les Amazones ne peuvent contenir les charges des soldats français. À l'issue d'un assaut mené à la baïonnette, les Français parviennent à entrer dans le village. La défaite est proche et quelques guerrières, désormais désarmées, dans un ultime sursaut où se mêlent désespoir et volonté de maudire l'ennemi, se mutilent en se coupant un sein et en en frappant leur adversaire !
La chute du royaume dahoméen est désormais certaine. En dépit d'un dernier baroud d'honneur devant Abomey le 17 novembre, la ville est prise. Béhanzin fuira à l'intérieur du pays. Sa guérilla sporadique durera encore deux ans avant qu'il ne se rende enfin le 25 janvier 1894 et soit déporté en Martinique puis en Algérie où il mourra. La conquête définitive du Dahomey mit alors un terme à l'étrange corps de soldats féminins que furent les « Amazones » dahoméennes. Pas Bénin(e) du tout !

Sources principales :
internaute.com
cndp.fr
femmescélèbres.com
histoire.presse.fr

Le Dahomey, Bénin actuel, exploré par les Portugais dès le XVe siècle, est un territoire côtier particulièrement actif dans la traite négrière atlantique aux XVIIe et XVIIIe siècles : à cette époque, le littoral est dénommé « côte des Esclaves ». Tandis que les Britanniques et les Français rivalisent pour contrôler la boucle du Niger, ce sont les Français qui, par touches...
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