L'an dernier, Michael Hanneke avait offert au septième art une œuvre sombre et lumineuse à la fois, ancrée dans le réel mais transcendée vers une dimension surhumaine. Le cinéaste autrichien (Palme d'or à Cannes 2012) avait osé évoquer sur grand écran l'amour des vieux, parler de cet amour qui n'a pas d'âge, car ce sentiment n'est pas le monopole des êtres jeunes ou beaux. Cupidon avait plein de flèches à son arc et il les a lancées loin. Très loin.
Ainsi l'amour va plus loin que le regard de Humphrey Bogart lancé à Ingmar Bergman dans Casablanca, que celui de Clarke Gable dans Autant en emporte le vent. Il vole plus haut que l'avion qui emmène Meryl Streep et Robert Redford au-dessus de la jungle africaine dans Out of Africa. Il grimpe également plus haut que la tour où Tom Hanks a retrouvé Meg Ryan dans Sleepless in Seatle. Il plonge plus bas que Rose, alias Kate Winslet, dans les eaux glacées du Titanic. Il file plus loin que le train qui emmène Jean-Louis Trintignant retrouver Anouk Aimée dans Un homme et une femme. Il défie tous les problèmes, pas celui de la mémoire, dans Notebook. L'amour n'a pas de sexe. Il est asexué. Il ne se love pas seulement dans les draps de Léa Seydoux dans Adèle, dans ceux de Ryan O'Neal dans Love Story ou dans les interstices de l'amitié entre Sally et Harry. Si l'amour n'a pas de couleur et s'invite à dîner chez Katharine Hepburn et Spencer Tracy, il est par contre saveur, regard, écoute, il est tous les sens à la fois. L'amour n'a pas de frontières. Il est loi et foi. Indéfinissable, intarissable, illimité.