À le voir avec ses mèches blondes/rousses et lisses, son teint clair, voire diaphane, traînant ribambelle et compagne (depuis 1999). À suivre sa trajectoire fulgurante dans le milieu cinématographique bien qu'il ne possédait pas tous les critères nécessaires à la longévité d'une carrière d'acteur. Rappelons à cet effet qu'il n'a ni le physique de Gary Cooper ni celui de Brad Pitt, mais qu'il comptait uniquement sur son talent de comédien. À voir tout cela, on croirait que Philipp Seymour Hoffman, ce baby face au regard clair, n'avait aucun problème et qu'il se la coulait douce sous le soleil de Hollywood. Bien naïf de notre part, puisque ce milieu dans lequel évoluent acteurs et actrices est si carnassier qu'il hache la chair et l'esprit.
Philipp Seymour Hoffman est mort en « action ». Pas lors de l'ordre donné par le metteur en scène au moment d'un tournage, mais dans cette action désordonnée et inconsciente qui dicte qu'on se plante une seringue « euphorisante » dans le bras. Après une longue lutte contre ses démons, l'acteur le plus talentueux de sa génération, celui qui pouvait changer le cours d'un film par une simple petite prestation, a quitté la scène. De Flawless (superbe travesti face à Robert De Niro) à Truman Capote dans lequel il obtient l'oscar du meilleur rôle, en passant par Boogey Nights, Happiness ou encore Magnolia (infirmier discret, faisant pourtant toute la différence) et Doubt où il donne la réplique à Meryl Streep, le comédien aura changé de face et endossé des masques plus d'une dizaine de fois. Il lui manquait celui de la mort. Un masque dont il aurait bien pu se passer.