Le jumelage entre Paris et Beyrouth a fêté son vingtième anniversaire en septembre dernier. S'il n'a pu se déplacer pour l'événement, Bertrand Delanoë souhaitait revenir une troisième fois à Beyrouth avant la fin de son mandat (en mai prochain), « pour une dernière visite fraternelle en tant que maire de Paris ». Lui et son homologue beyrouthin Bilal Hamad ne tarissent pas d'éloges sur les bienfaits de la coopération entre les deux villes, « une réelle opportunité pour les Beyrouthins comme pour les Parisiens », selon M. Hamad. Hier, les deux hommes politiques ont discuté du projet phare de cette collaboration : la réhabilitation de la Maison jaune. Après un point de presse, où ils ont présenté l'avancement des travaux, ils sont allés visiter le chantier de Beit Beirut,
Cette demeure date de 1924 et semble, à l'image de la ville, receler de multiples facettes. Conçu par l'architecte Youssef Afandi Aftimos, l'immeuble occupe l'angle des rues de Damas et de l'Indépendance, au carrefour Sodeco. Situé sur l'ancienne ligne de démarcation, c'était le repaire de tireurs embusqués pendant la guerre civile. L'édifice déjà meurtri par les ravages de la guerre a continué de se dégrader. Il a ensuite été menacé de démolition dans les années 1990, avant que n'émerge le projet de le réhabiliter et de tirer parti de ces marques du passé.
« On a rêvé ce projet ensemble »
Depuis 2008, les deux municipalités s'emploient à le transformer en lieu culturel. Un musée, avec une exposition permanente sur la ville de Beyrouth, le bureau d'urbanisme de la ville, mais aussi une médiathèque, un restaurant et un café seront abrités dans ce lieu. Au menu : des débats, des projections, des expositions d'art contemporain... Le but, c'est de transformer l'immeuble Barakat, cette Maison jaune, en un « musée et centre culturel urbain », Beit Beirut. Les deux bâtiments qui constituent l'immeuble seront reliés par une rampe, et par ailleurs accessibles aux personnes handicapées. Dans ce lieu chargé d'histoire, l'ambition n'est pas de reconstruire un bâtiment moderne, mais bien de tirer parti des vestiges du passé pour construire un espace de rencontre culturelle et artistique.
Et lorsqu'est posée la question de la faisabilité du projet, Bertrand Delanoë répond sans hésiter : « Beit Beirut existera. On a rêvé ça ensemble. » Et Bilal Hamad d'ajouter : « La fin des travaux est prévue pour début 2015. » C'est la municipalité de Beyrouth qui est chargée du projet, et la Ville de Paris apporte son expérience et une expertise technique. Ce projet de rénovation de la Maison jaune, c'est une manière de faire devoir de mémoire aussi. « Un lieu emblématique pour la mémoire de la ville », souligne d'ailleurs le président du conseil municipal. « Transformer la souffrance en espérance, faire que ce lieu qui rappelle la guerre et la division symbolise l'unité, la paix et la fraternité », résume ensuite le maire de Paris.
« Pour nous, Beyrouth est la plus belle ville du monde, expliquait le président du conseil municipal. La Maison jaune, c'est un lieu qui reflète l'histoire de cette ville. » C'est un des défis : réhabiliter le lieu en préservant les traces du temps et de la guerre, pour qu'il soit justement le témoin d'une époque, mais tourné vers l'avenir. L'inauguration de l'espace culturel devrait avoir lieu au printemps 2015. « Et nous invitons Monsieur le Maire à être des nôtres à cette occasion », termine Bilal Hamad.