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Liban - Diplomatie

Après Montreux, Mansour s’explique

Le ministre des Affaires étrangères dénonce une « campagne ciblée »
menée contre lui.

Le ministre sortant des Affaires étrangères entouré des journalistes accrédités au palais Bustros. Photos ANI

Le ministre sortant des Affaires étrangères, Adnane Mansour, a reçu hier le coordonnateur spécial des Nations unies pour le Liban, Derek Plumbly. « L'entretien a porté sur la conférence de paix Genève 2 », a souligné ce dernier à l'issue de sa visite.


C'est d'ailleurs sur l'allocution qu'il a prononcée à Montreux que le chef de la diplomatie libanaise a voulu apporter des précisions, dans une conversation à bâtons rompus avec les journalistes au palais Bustros. Le ministre Mansour avait défendu, rappelons-le, la participation du Hezbollah aux combats en Syrie et accusé les détracteurs de ce parti de « déformer la vérité » et de « couvrir les auteurs des crimes terroristes ».
Le président de la République Michel Sleiman n'avait pas manqué de réagir rapidement mais indirectement à ce discours, rappelant « la position constante du Liban qui adopte la neutralité vis-à-vis de ce qui se passe en Syrie (...) ». « Mais celle-ci ne peut se réaliser qu'en s'abstenant et en arrêtant immédiatement d'intervenir dans les affaires de ce pays », avait ajouté le chef de l'État.


En s'adressant hier aux journalistes, le ministre a estimé ne « pas avoir dérogé à la politique de distanciation, ni à Genève 2 ni au cours des phases précédentes », notamment lorsqu'il avait émis des réserves sur « les décisions de la Ligue arabe, qui a favorisé une partie en Syrie au détriment d'une autre, en choisissant de soutenir l'opposition ».


Stigmatisant « la campagne ciblée qui m'a visé depuis le discours de Montreux », il l'a qualifiée « d'illogique et infondée ». Parmi les faits qu'il a relevés en sa faveur, « aucun responsable libanais n'a critiqué ce que j'ai dit à Genève 2 ». « Ma relation avec le président de la République est excellente et rien ne l'entache. »
Rappelant que « le ministre des Affaires étrangères s'inspire de la politique de l'État qu'il représente », il a précisé avoir choisi d'insérer, dans son discours « préparé à l'avance », un passage supplémentaire « incontournable et nécessaire, au regard du lieu où je me trouvais et de ce que j'y ai entendu : se taire aurait été équivalent à un appui tacite aux positions injustes prises à l'encontre du Liban ».


En effet, le ministre a relevé l'omission par le président de la Coalition nationale des forces de l'opposition et de la révolution Ahmad Jarba, dans son discours prononcé au nom de l'opposition, de remercier le Liban d'accueillir les réfugiés syriens. Cette occultation est « une insulte », selon Adnane Mansour, qui est revenu également sur « les propos d'Ahmad Jarba contre le Hezbollah, qu'il a qualifié de terroriste ». « Étant donné que la déclaration ministérielle du gouvernement sortant consacre le triptyque armée-peuple-résistance, j'aurais enfreint à ce triptyque si je m'étais abstenu de répondre à ce discours », a affirmé le ministre, résumant ainsi la teneur de son discours (qu'il dit avoir écrit lui-même, comme pour tous ses autres discours) : « Je leur ai signalé que ceux qui veulent attribuer le qualificatif de terroristes au Hezbollah ou à la résistance, qu'ils l'expriment clairement, afin d'en débattre alors », a-t-il affirmé, faisant remarquer que « si un autre parti libanais, comme les Forces libanaises ou les Kataëb, avait été la cible de pareilles pointes, j'aurais réagi à Ahmad Jarba de la même manière ».

 

L'accent sur « l'occultation du Liban »
En réponse aux accusations contre le Hezbollah d'avoir attiré les takfiristes au Liban à cause de sa participation aux combats en Syrie aux côtés des forces du régime, Adnane Mansour a estimé que l'entrée des takfiristes était inévitable, indépendamment de l'implication du Hezbollah dans le conflit. « Nous n'avons pas réussi à empêcher les retombées négatives de la guerre en Syrie ni n'avons pu contrôler le nombre de réfugiés affluant sur notre territoire », a-t-il allégué en guise de preuve. « Où sont donc les combattants qui sont entrés au


Liban pour se faire soigner ? » a-t-il encore demandé. « Tous les Libanais ont offert leur assistance aux réfugiés et en ont subi les charges, directement ou indirectement. En ma qualité de représentant du Liban, il n'était pas permis que j'entende des remerciements adressés (par Ahmad Jarba) au Kurdistan, à la Turquie, à la Jordanie, à l'Égypte et aux pays du Golfe, sans aucune mention du Liban. » « J'aurais à la rigueur souhaité qu'il remercie une partie ou un camp libanais, mais occulter entièrement le Liban était une manifestation d'ingratitude », a-t-il insisté, faisant remarquer que « le Liban a fourni tous les efforts possibles, alors qu'il est le plus petit des pays d'accueil ».


Le ministre a précisé par ailleurs qu'il s'est opposé dans son discours « à toute ingérence en Syrie, qui entraînerait le Liban dans des dédales sans fin ». Il a en outre démenti s'être longuement entretenu avec son homologue syrien, affirmant n'avoir eu que des échanges furtifs avec lui avant son départ, « faute de temps ».
« Le temps prouvera la justesse de mes propos, qui s'inscrivent dans la logique des relations fraternelles que nous entretenons avec la Syrie. J'ai suivi les instructions de mon gouvernement », a-t-il conclu.

 

 

Le ministre sortant des Affaires étrangères, Adnane Mansour, a reçu hier le coordonnateur spécial des Nations unies pour le Liban, Derek Plumbly. « L'entretien a porté sur la conférence de paix Genève 2 », a souligné ce dernier à l'issue de sa visite.
C'est d'ailleurs sur l'allocution qu'il a prononcée à Montreux que le chef de la diplomatie libanaise a voulu apporter des...

commentaires (6)

QUOI ? EXPLIQUER L'INEXPLICABLE ?

LA LIBRE EXPRESSION

10 h 49, le 29 janvier 2014

Tous les commentaires

Commentaires (6)

  • QUOI ? EXPLIQUER L'INEXPLICABLE ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 49, le 29 janvier 2014

  • Il faut vite un nouveau gouvernement pour se débarrasser de ce serpent a la langue fourchue!

    Pierre Hadjigeorgiou

    12 h 33, le 28 janvier 2014

  • Ce petit petit ministre des affaires syriennes est une Honte. Il semble oublier tous les pieds de nez qu'il nous a fourgue durant toutes les années ou il se trouvait a la tete d'un ministère qui répond de Damas et non de Baabda. La politique de distanciation dont il nous casse a present les oreilles (langue de bois qui nous empeste) n'en a jamais été une avec lui. Notre mémoire est loin d'être courte et c'est une infamie de prétendre a present le contraire. Le malheur est que dans ce panier a crabes de politiciens qui nous damnent, on ne peut plus distinguer le noir du blanc, ou le rouge du noir. Tous a la meme enseigne. A quand le grand balai ?

    Tabet Karim

    09 h 28, le 28 janvier 2014

  • IL AURAIT ENFREINT AU TRYPTIQUE... IL A PRÉFÉRÉ ENFREINDRE AU LIBAN SACRÉ !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 47, le 28 janvier 2014

  • Mais ce ministre ne sait pas ce qu'il dit ! S'il "s'oppose à toute ingérence en Syrie qui entraînerait le Liban dans des dédales sans fin", comment donc peut-il soutenir l'implication du Hezbollah dans la guerre en Syrie ? Comment peut-il prétendre qu'il "ne déroge pas à la politique de distanciation" ? Les journalistes lui rétorquent : mais l'implication du Hezbollah dans la guerre syrienne aux côtés du régime de Damas a entraîné et entraîne la venue d'al-Qaeda au Liban avec ses voitures piégées, ses attentats suicide, tout l'enfer quoi. Et il répond : "de toutes fâçons al-Qaeda allait venir au Liban" ! C'est vraiment le ministre le plus grotesque qu'un gouvernement peut avoir !

    Halim Abou Chacra

    06 h 06, le 28 janvier 2014

  • Croire pouvoir encore avoir toute once de mansuétude envers ce genre de "diplomatie", obéissant par là à une sorte de naïf sentiment de "libanisme" aussi puéril qu’ébaubi et Niais, relèverait d'un manque total de tout réel sens et Saine Raison. Ce type de "diplomatie" continue de prouver, à chaque étape de son Misérable parcours, au Pays ou à l’étranger, son manque absolu de tout sens des Intérêts de l’État Libanais en tant que tel ; nourri qu’il est de calculs communautaristes strictement Néfastes pour ce Kottor-conTrée. Pleutrerie et sectarisme : voilà à quoi se résume le tracé "diplomatique" de cette fin d’époque. A ce "niveau déshérité", cela s'appelle soi-disant ruse mais disons plutôt couardise. Aux vraies normes diplomatiques élevées, cela s'appelle, au vu de ce genre de "diplomatie" puînée : Vide sidéral et grave Nullité. Yâ hassértéhhh !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    04 h 31, le 28 janvier 2014

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