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Liban - Étude

Employées de maison : les tromperies commencent dans le pays d’origine

C'est souvent sur base de mensonges et de fausses promesses que sont recrutées les employées de maison népalaises et bangladaises. Sous-payées, endettées jusqu'au cou pour payer les frais d'agence, elles ne parviendront pas toutes à éponger leurs dettes.

Comment sont recrutées les employées de maison dans leur pays d'origine et plus précisément au Népal et au Bangladesh ? Et quelles sont les conséquences de telles pratiques ? C'est à ces questions parmi tant d'autres qu'a tenté de répondre hier le séminaire sur les modalités de protection de la main-d'œuvre domestique migrante au Liban. Et ce, sur base d'une étude réalisée sur 200 employées de maison népalaises ou bangladaises.

L'événement était organisé par l'association KAFA Enough Violence and Exploitation, en collaboration avec l'organisation Anti Slavery International et la Fédération générale des syndicats népalais (Gefont). Il a vu la participation du ministre du Travail, Salim Jreissati, de la députée britannique Fiona Mactaggart et du rapporteur spécial des Nations unies sur les droits de l'homme des migrants, François Crépeau.

« Les employées de maison sont souvent trompées lorsqu'elles sont recrutées dans leur pays d'origine. Les recruteurs, des intermédiaires dans 90 % des cas, leur promettent monts et merveilles, mais la réalité est tout autre, au pays du Cèdre. » C'est par ces mots que la journaliste Saada Allaw a présenté les résultats de l'étude qu'elle a réalisée avec KAFA et Legal Agenda. « L'exploitation de ces travailleuses commence donc dans leurs pays respectifs », assure-t-elle. Elle décrit alors les fausses promesses d'emploi dans des ateliers de couture, dans des hôpitaux, ou en tant que femmes de ménage libérales. Elle raconte aussi les faux contrats, les mensonges sur les horaires de travail limités, sur le jour de congé hebdomadaire, ou sur la nature de leur travail domestique.

Vers l'annulation du système du garant ?
« Nombre d'entre elles ne savent pas qu'elles devront s'occuper de personnes âgées ou d'enfants, qu'elles se verront retirer leur passeport, ou qu'elles ne recevront que 150 dollars de salaire mensuel », souligne-t-elle. Un salaire qui ne leur permettra jamais d'éponger la dette avec intérêts, qu'elles ont contractée. Car les agences et les intermédiaires qui recrutent ces femmes, souvent dans des régions très éloignées des villes, leur font assumer des frais de dossier. Des frais qui se chiffrent souvent « à 1 000 dollars par personne », assure la journaliste, mais qui peuvent atteindre la somme « de 2 500 voire 3 000 dollars, dans certains cas ». Résultat, la majorité de ces employées de maison « quittent le Liban au bout de leur contrat sans avoir remboursé leur dette », constate Mme Allaw. D'autres, victimes de maltraitance, de coupes de salaires et de travail forcé, privées de liberté ou interdites de contacter leurs familles, décideront de quitter le domicile de leur employeur et garant, à défaut d'avoir le droit de changer d'employeur. Elles risqueront ainsi de se faire accuser de vol et de se faire emprisonner, comme cela se passe souvent.

La présentation du processus de recrutement à l'étude ne s'est toutefois pas penchée sur les filières et les modalités de recrutement illégal, dans les pays d'origine et au Liban, à l'heure où nombre de pays, parmi lesquels le Népal, interdisent à leurs ressortissantes de venir travailler au pays du Cèdre.

Mais le Liban fait fi de ces interdictions, même si le ministre du Travail, Salim Jreissati, a assuré qu'il faisait fermer deux à trois agences de placement tous les jours pour mauvaises pratiques, et qu'il luttait sans discontinuer contre les employeurs fantômes. Et ce, dans le cadre de sa volonté d'améliorer les conditions de travail des employées de maison migrantes. Indiscutablement, « une loi spécifique à la main-d'œuvre domestique protégera les employées de maison », souligne-t-il. Le projet de loi, entre les mains du Conseil des ministres, devrait annuler le système du garant qui ouvre la porte aux abus et met les employées à la merci de leurs employeurs, laisse-t-il entendre. La question est de savoir si ce projet verra le jour.


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commentaires (1)

les hommes politiques n'ont pas la volontée, est ce qu'ils ont aussi des employées de maison ? sont-elles bien traitées, bien payées ?

Talaat Dominique

08 h 07, le 15 janvier 2014

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Commentaires (1)

  • les hommes politiques n'ont pas la volontée, est ce qu'ils ont aussi des employées de maison ? sont-elles bien traitées, bien payées ?

    Talaat Dominique

    08 h 07, le 15 janvier 2014

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