Rechercher
Rechercher

Liban

« Était-il logique de laisser la bibliothèque sans protection ? »

La bibliothèque al-Sa’eh brûlée.

Quelques heures après l'incendie criminel qui a ravagé vendredi soir la librairie al-Sa'eh à Tripoli , l'une des plus vieilles bibliothèques du pays, la société civile s'est mobilisée et a organisé une campagne pour aider à la reconstruction de cet endroit historique.


« Cette bibliothèque fait partie du patrimoine de la ville de Tripoli. C'est une librairie historique », explique à lorientlejour.com Me Khaled Merheb, avocat à la Cour et l'un des organisateurs de la campagne.
La bibliothèque al-Sa'eh, qui appartient au père Ibrahim Sarrrouj, un prêtre orthodoxe de Tripoli, a été incendiée dans la nuit de vendredi à samedi par des inconnus. Le feu a détruit les deux tiers des quelque 80 000 livres et manuscrits qui y étaient entreposés. « Nous étions mobilisés même avant l'incident car le père Ibrahim Sarrouj avait reçu des menaces (...). Mais les autorités nous avaient rassurés », ajoute Khaled Merheb qui réside à Tripoli.


L'incendie est survenu alors qu'avait été découverte une « brochure offensante à l'égard de l'islam et du prophète Mohammad », a affirmé samedi à l'AFP une source proche des services de sécurité. Selon des membres de la société civile, cette brochure a été attribuée au père Sarrouj, ce qui a provoqué des tensions dans la ville. Mais, selon cette source, le prêtre a rencontré des dirigeants musulmans de la ville et « il est apparu évident qu'il n'avait rien à voir avec la brochure ». Lors d'une conférence de presse, le responsable des FSI à Tripoli, Bassam Ayoubi, a confirmé que le père Sarrouj n'avait « absolument aucun lien avec la brochure ».


Me Merheb affirme avoir été choqué lorsqu'il a appris que la librairie avait été incendiée et dénonce le manque de sérieux des autorités. Le père Ibrahim Sarrouj « a été menacé à plusieurs reprises... Est-ce logique de laisser la bibliothèque sans protection ? », s'insurge-t-il. « Le père Sarrouj est respecté et aimé par les musulmans plus que les chrétiens. C'est un vrai Tripolitain qui n'a jamais abandonné la ville même durant la guerre », poursuit-il. « Il nous représente tous. Le silence des habitants de Tripoli est inacceptable. Notre rassemblement aujourd'hui est symbolique et constitue le premier d'une série de mouvements que nous allons organiser en guise de solidarité avec le prêtre. Nous ne voulons pas que les politiciens se mêlent de cette affaire », insiste l'avocat. « Les responsables de ce crime doivent être arrêtés et punis », a-t-il ajouté.


S'exprimant à la télévision, le prêtre a assuré qu'il « pardonnait » à ceux qui avaient incendié sa bibliothèque.
Une page Facebook a été créée samedi en soutien au père Sarrouj et des appels à manifester pacifiquement et à aider à la reconstruction de la librairie ont été lancés. Dès samedi, des activistes se sont rendus sur place pour aider à sauver et préserver ce qui reste de la bibliothèque, selon Me Merheb. Parmi eux, Taha Baba, un résident du quartier Abi Samra à Tripoli, qui ne connaissait pourtant même pas l'existence de la bibliothèque avant l'incendie de vendredi soir. « Lorsqu'on m'a dit qu'une librairie avait été incendiée, j'ai cru qu'il s'agissait d'une librairie comme les autres (...). Et puis j'ai compris que cette librairie contenait des livres d'une valeur inestimable... Nous avons même trouvé des livres écrits à la main et qui datent de plus de 400 ans », raconte Taha, 25 ans. « Je ne suis pas un amateur de lecture, mais lorsque j'ai découvert que cette bibliothèque est vraiment la plus importante et la plus ancienne de Tripoli, j'ai décidé de participer à cette campagne. »
Selon plusieurs médias, deux personnes à l'origine de l'incendie ont été identifiées.

Quelques heures après l'incendie criminel qui a ravagé vendredi soir la librairie al-Sa'eh à Tripoli , l'une des plus vieilles bibliothèques du pays, la société civile s'est mobilisée et a organisé une campagne pour aider à la reconstruction de cet endroit historique.
« Cette bibliothèque fait partie du patrimoine de la ville de Tripoli. C'est une librairie historique », explique...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut