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Liban - Hommage

Une semaine après l’assassinat de Chatah, le 14 Mars plus que jamais déterminé à en finir avec « l’occupation des armes »

 « Nous préférons mille fois nous faire assassiner par leurs armes plutôt que de porter ne serait-ce qu'une seule fois des armes », affirme Ahmad Hariri lors d'une cérémonie, samedi, au centre-ville, à la mémoire de Mohammad Chatah et des victimes de l'attentat du 27 décembre.

C'est dans un climat de tristesse et de recueillement que le 14 Mars s'est rassemblé samedi vers midi devant le mausolée de la mosquée Mohammad el-Amine, au centre-ville de Beyrouth, où reposent désormais Mohammad Chatah et son compagnon Tarek Bader ; tristesse, recueillement, mais aussi colère profonde, dignement contenue, une semaine après l'attentat qui a coûté la vie, le 27 décembre dernier, à l'ancien ministre et conseiller de Saad Hariri ainsi qu'à plusieurs autres personnes.


L'occasion pour le 14 Mars de réitérer son rejet de la violence et son engagement à poursuivre sa « résistance civile et pacifique pour débarrasser le Liban de l'occupation des armes illégales ».
Aux côtés de la famille de l'ancien ministre, plusieurs personnalités politiques se sont ainsi recueillies devant la sépulture de Mohammad Chatah, où des gerbes de fleurs ont été déposées. Étaient notamment présents le chef du bloc du Futur, le député et ancien Premier ministre Fouad Siniora, le chef du Parti national libéral, le député Dory Chamoun, le vice-président du parti Kataëb, Chaker Salamé, représentant l'ancien président Amine Gemayel, M. Eddy Abillamma, représentant le président des Forces libanaises, Samir Geagea, le coordinateur général du 14 Mars, Farès Souhaid, plusieurs députés du courant du Futur, dont Nohad Machnouk, Nabil de Freige, Mohammad Kabbani, Ammar Houri et Kassem Abdel Aziz, les anciens ministres Michel el-Khoury, Tarek Mitri, Raya el-Hassan et Hassan Mneimneh, les anciens députés Samir Frangié et Antoine Andraos, le secrétaire général du courant du Futur, Ahmad Hariri, le secrétaire général de la Gauche démocratique, Walid Fakhreddine, le conseiller de Saad Hariri, Nader Hariri, le responsable médiatique des Forces libanaises, Melhem Riachi, M. Toufic Hindi, ainsi que plusieurs personnalités diplomatiques, médiatiques et de la société civile, et de nombreux cadres et partisans du courant du Futur.

 

Ahmad Hariri
C'est Ahmad Hariri qui a pris la parole devant ce parterre de personnalités pour rendre hommage à la mémoire de Mohammad Chatah et des autres victimes de l'attentat, et pour formuler la volonté du 14 Mars de poursuivre sa résistance civile et pacifique contre les tueurs et les armes illégales.


« Rafic Hariri, tu as été et tu demeures l'arbre de la liberté dont nous sommes les branches, a déclaré Ahmad Hariri. Quel que soit le nombre de branches qu'ils anéantissent, ils n'abattront pas l'arbre qui les produit, tous les jours, par milliers. Nous te promettons de ne connaître aucun repos tant que le rêve ne sera pas devenu réalité. Rafic Hariri, onze de nos martyrs sont enterrés là, près de toi. D'autres reposent ailleurs. Ce sont les martyrs de la lutte menée par le 14 Mars et l'ensemble des Libanais dont la liberté est agressée, la dignité bafouée, et qui représentent la limite entre le bon et le mauvais. »


« Nous sommes en train de tomber, l'un après l'autre, parce que notre projet est le bon, parce que notre martyre est synonyme d'une nouvelle vie, pour le salut du Liban », a souligné Ahmad Hariri qui s'est ensuite incliné devant la mémoire des huit victimes de l'attentat du 27 décembre, dont il a cité les noms : Mohammad Chatah, Tarek Bader, Mohammad el-Chaar, Anouar Badaoui, Mohammad Nasser Mansour, Kevork Takadjian et Saddam Khanchouri. Il a également souhaité un prompt rétablissement à tous les blessés.
« Nous sommes aujourd'hui recueillis devant la sépulture de Rafic Hariri sans Mohammad Chatah, qui se trouvait toujours à nos côtés, à chaque fois que l'un d'entre nous tombait, témoin et martyr d'une propension au crime haineux. Cela ne l'a jamais poussé à reculer, mais n'a fait au contraire que renforcer sa détermination à faire face. (...) Son sang et celui de tous les martyrs nous crie aujourd'hui de rester unis pour le Liban », a poursuivi Ahmad Hariri.


« De Rafic Hariri à Mohammad Chatah, l'assassin est le même. Mais les vivants sont nombreux. Et ils continueront à former la majorité face aux tueurs, qui sont une minorité, a affirmé Ahmad Hariri. Même nos morts sont parmi nous. Ils ne mourront pas. Ils vivent en nous, par la force et la détermination de ceux qui refusent de se résigner, de se soumettre. Nous préférons mille fois nous faire assassiner par leurs armes plutôt que de porter ne serait-ce qu'une fois les armes et de tuer, ce faisant, l'État et les fils de notre pays. Nous préférons mille fois qu'ils tentent d'assassiner notre modération plutôt que de nous laisser entraîner, ne serait-ce qu'une seule fois, dans l'extrémisme. Quoi qu'ils fassent, nous ne laisserons pas nos martyrs se faire tuer une deuxième fois. (...) Nous ne nous rendrons pas. Nous protégerons le Liban du chaos des armes. Nous ferons face à la culture de la mort par notre amour de la vie. Nous resterons des partisans du droit et de la vérité qui fait échec à la discorde par la sagesse et l'éveil. »


« Même s'ils continuent de menacer, nous ne porterons pas les armes pour nous battre, a souligné le secrétaire général du courant du Futur. Nous resterons armés, mais du projet de l'État, de la force de la justice et du droit, afin de libérer le Liban des armes illégales, de toutes les armes assassines et illégales, qui sont connues, à découvert, flagrantes. En dépit de leurs menaces, le Liban ne restera pas occupé par des armes qui kidnappent l'avenir des Libanais. Ceux qui ne se sont jamais soumis à des mandats, des occupations ou des tutelles ne se soumettront jamais à l'occupation des armes. Les Libanais, qui ont rempli les places de la liberté en 2005, possèdent ce qu'il faut comme courage, endurance et détermination pour protéger cette liberté qu'ils aiment tant. Le Libanais est libre par nature. Il aime et respire la liberté. Ni vous ni vos armes ne pourront tuer ou réprimer ce goût de la liberté. »

 

(Pour mémoire : Les obsèques de Chatah renouvellent la promesse d'une résistance civile)

 


« Nous demandons la justice, parce que nous sommes opprimés, en tant que pays et en tant qu'individus. Nous sommes assassinés et ne tuons pas. Les autres, ils tuent, tuent et tuent encore, a martelé Ahmad Hariri. Cela fait neuf ans que ces armes nous tuent sans pouvoir tuer en nous le goût de la liberté ; neuf ans que nous résistons d'une manière civile et pacifique par une politique qui (...) les a démasqués tant au plan local qu'à l'étranger. Aujourd'hui et chaque jour, les assassins ne pourront triompher tant que nous sommes tous déterminés à poursuivre cette résistance pacifique et civile libanaise. Cette même résistance civile et pacifique qui a bouté la tutelle syrienne hors du pays et qui fait tous les jours échec aux tentatives de la remplacer par la tutelle des armes. Il s'agit de la même résistance civile et pacifique qui a imposé que justice soit faite par la fondation du TSL, et qui l'impose au quotidien par le biais d'une justice inéluctable, une justice qui hante les tueurs et leurs maîtres. Il s'agit de la même résistance civile et pacifique qui a fait tomber les masques, mettant à découvert ces armes qui tuent les Libanais comme les Syriens, et qui le fait tous les jours, en refusant de céder face aux menaces de réduire au silence et de couper les mains... »


« Notre destin est, pour nous Libanais, de poursuivre la lutte ensemble pour l'État, non pour les « açabiyat » ; pour la légalité, non pour les milices ; pour faire échec à tous les projets obscurs et sordides et pour prôner la paix au moment où d'autres allument les feux de la guerre. Notre destin est de poursuivre la lutte par la raison, sans se laisser entraîner par les instincts ; par la rencontre, et non par le divorce ; par les retrouvailles dans le giron de l'État, et non dans l'antre des mini-États. Notre destin est de poursuivre la lutte ensemble, pour voir la justice renaître de nouveau à La Haye dans quelques jours. À travers le Tribunal spécial pour le Liban, la plus grande étape sur la voie de la vérité et de la punition des tueurs sera réalisée. Notre destin est de vivre au Liban. Que Dieu préserve notre lutte et nous aide à faire face au projet le plus dangereux visant à kidnapper le Liban et son identité arabe », a conclu Ahmad Hariri.

 

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