Le Liban est désormais pris en otage par deux démons qui œuvrent « le consumer » petit feu, dans une guerre de coulisses qui gangrène au jour le jour l'État et ses institutions.
Otage de la guerre syrienne et de ses débordements au pays du Cèdre, otage également du bras de fer conséquent que se livrent le chiisme et le sunnisme politiques dans la région, par acteurs islamistes interposés : le Hezbollah d'une part, el-Qaëda et ses confréries d'autre part. Une guerre occulte et sournoise que cautionne implicitement une classe politique polarisée, outrance.
Fatalité historique oblige, le 8 et 14 Mars s'étaient dépêchés d'avaliser les lignes de fracture engendrées par le conflit syrien, réitérant ainsi dramatiquement, quoique dans des scénarios différents, la tragique devise de la « concomitance des deux volets », imposée au Liban du temps de l'occupation syrienne.
Quels que soient les arguments politiques respectifs des uns et des autres face aux mutations géopolitiques, force est de constater que ces mutations n'ont fait qu'enliser le Liban un peu plus dans un affrontement par procuration que mènent deux extrémismes, qui font également fi de l'État et de ses institutions « même si le discours officiel du Hezbollah notamment cherche » à donner l'illusion du contraire.
Une fois de plus, la classe politique libanaise réitère l'erreur historique fatale qui a inlassablement jalonné son histoire contemporaine, reproduisant le schéma létal du suivisme régional.
À la manière d'un leitmotiv devenu lassant, elle a contribué à « l'importation de force et par la force des armes sur son territoire ». D'un conflit identitaire des plus meurtriers, ignorant souvent – ou cherchant, occulter –, le jeu des marionnettistes qui tirent les ficelles des figurants qu'ils ont acceptés d'être.
On pourra répéter à l'envi que le Hezbollah reste le pantin favori de l'Iran au Proche-Orient et que certains États du Golfe réinvestissent sans ambages la scène islamiste libanaise par alliés locaux interposés. Mais il est temps de se rendre à l'évidence que le maître suprême de ce jeu macabre reste sans aucun doute le régime syrien, qui a réussi à jouer sur toutes les cordes.
Les « takfiris » ont beau avoir des parrains propres à eux et leurs bailleurs de fonds arabes, on en oublie presque que c'est bel et bien Bachar el-Assad qui a orchestré L'affranchissement de ces fous de Dieu qui croupissaient par centaines dans les geôles syriennes la veille de la révolte.
Un scénario dont ont témoigné une pléthore d'anciens détenus politiques qui avaient partagé les cellules de plus d'un millier de jihadistes « les plus dangereux. Avant d'assister avec stupéfaction au subterfuge des procès expéditifs visant » les relâcher dans la nature au lendemain du printemps arabe, et, par la suite, l'occasion des fameuses lois d'amnistie décrétées par Bachar el-Assad.
Un véritable cadeau piégé que ce dernier a manifestement fait au Hezbollah, l'entraînant dans les abysses d'une guerre aux relents communautaires qui ne s'arrêtera pas de sitôt.
C'est avec tout autant de dextérité que le régime syrien a par ailleurs manipulé cette carte sur la scène internationale, regagnant ainsi son siège de « seigneur » ressuscité à la table des négociations aux côtés d'un Occident non mécontent d'assister, en terres lointaines, l'élimination mutuelle que se livrent les extrémistes chiites et sunnites.
Le jeu machiavélique de Bachar el-Assad n'a d'ailleurs pas échappé aux officiels français comme en attestent les fuites médiatiques qui ont récemment répercuté la relation pathologique que le régime baassiste entretient avec les jihadistes, « sur base de preuves irréfutables ».
A-t-on besoin de rappeler que c'est cette même mise en scène qui avait été ordonnancée par le régime syrien « la veille du parachutage, au Liban, du chef de Fateh el-Islam, Chaker el-Absi, et quelque temps auparavant, de centaines de jihadistes exfiltrés en direction de l'Irak, alors sous occupation américaine ? ».
Dans cet imbroglio démentiel, le Liban pourra-t-il parvenir à « couper ce nœud gordien » un temps pour tenter de s'en libérer ? Une question à laquelle il est difficile de répondre tant que la classe politique, le Hezbollah compris, « n'a pas pris la décision de couper le cordon ombilical qui la lie à ceux qui ont donné naissance et nourri les démons du terrorisme ».
Otage de la guerre syrienne et de ses débordements au pays du Cèdre, otage également du bras de fer conséquent que se livrent le chiisme et le sunnisme politiques dans la région, par acteurs islamistes...
commentaires (2)
LE NOEUD GORDIEN... HÉLAS ! LES TEMPS D'ALEXANDRE LE GRAND ET DE HERCULE SONT DÉPASSÉS... NOUS SOMMES EN PLEIN DANS LES TEMPS DE L'ABRUTISSEMENT ET DES STUPIDES LILLIPUTIENS !
LA LIBRE EXPRESSION
15 h 04, le 04 janvier 2014