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Le Liban en 2013 - Rétro 2013

Une nouvelle dynamique sociale en faveur de l'environnement ?

Menaces de frappes, explosions, attentats, combats de rue, plus d'un million de réfugiés... l'année 2013 au Liban a été riche en bouleversements de toutes sortes exacerbés, ou plutôt provoqués, par la crise syrienne. Dans ce contexte et dans la logique des choses, l'environnement semblait être encore moins que d'habitude sur la liste des priorités de l'État.

 

La déliquescence observée à tous les niveaux, politique ou autre, notamment depuis la démission du gouvernement de Nagib Mikati en avril, a favorisé l'émergence d'un certain chaos au sein duquel tout semblait possible : construire des gradins accolés à la forêt des cèdres de Bécharré, concevoir un projet résidentiel et commercial énorme sur la seule côte encore vierge de Tripoli, ramener sur le tapis des projets controversés tel le remplacement du jardin des Jésuites par un parking, etc.

 

Sur le plan des grands dossiers environnementaux, peu (ou pas) de progrès ont été observés : la chasse illégale sévit toujours alors que le gouvernement a laissé passer une nouvelle saison sans organiser ce secteur. Les carrières, dont une grande partie est illégale, prospèrent en toute tranquillité et sans réelle surveillance (une d'elles continue de défigurer une forêt de cèdres de Hadeth el-Jebbé, selon des visiteurs, malgré une décision du ministre de l'Intérieur). Le sujet des déchets solides n'est soulevé qu'épisodiquement, seulement pour garantir un retour à la case départ et garder les monopoles en place. Et ainsi de suite.

 

Apparemment rien d'inhabituel sous le soleil. Mais est-ce bien vrai ?

 

Si l'inefficacité des milieux politiques n'est plus à démontrer, une certaine dynamique sociale, amplifiée par le succès grandissant des réseaux sociaux, se profile désormais à l'horizon. Le public exprime son mécontentement, et il s'est fait entendre à plus d'une reprise au cours de cette année. En voici quelques exemples : deux gradins près de la forêt des cèdres, un ancien et un nouveau, ont été démantelés. Les rivalités politiques dans ce dossier ont été évoquées, certes, mais aura-t-on vu un tel enthousiasme des ministères concernés à trancher l'affaire, n'étaient-ce les milliers de commentaires outrés de citoyens déçus ? L'affaire du remblai géant qui a comblé une vallée à Baabda et menace un quartier de Hadeth en contrebas a fait l'objet de plus d'une décision pour l'arrêt des travaux, sous la pression de la société civile. Il semble, d'après certains échos qui nous sont parvenus, que le projet du jardin des Jésuites, qui avait mobilisé des dizaines d'habitants dans la rue et bien plus sur les réseaux sociaux, soit abandonné et qu'une alternative serait sous étude.

 

Ces quelques timides victoires, souvent incomplètes ou dues à d'autres facteurs qu'à la seule pression sociale, suffisent-elles à décréter qu'il y a un réel changement au niveau de l'action civile pour l'environnement ? L'opinion publique relaie-t-elle efficacement l'action des ONG, dont rares sont celles qui peuvent toujours se targuer d'un réel militantisme ? Il est certainement beaucoup trop tôt pour parler d'un véritable mouvement de changement ou même de ses prémices. Les causes qui affectent la vie quotidienne et dont l'environnement dans son acception la plus vaste fait partie ne mobilisent pas les foules autant que les causes dites « politiques » (le terme est sujet à débat : la véritable politique n'est-elle pas simplement le service du prochain, comme le disait l'ancien président tchèque Vaclav Havel ?). De plus, il semble que les Libanais ont toujours plus tendance à se plaindre qu'à agir ou à voter en conséquence. Pour l'instant.

 

Mais il n'est pas interdit de rêver. Un jour peut-être, les Libanais auront réellement conscience du changement qu'ils peuvent enclencher en combattant la corruption et l'incompétence qui vident leurs poches et défigurent leur pays...

Menaces de frappes, explosions, attentats, combats de rue, plus d'un million de réfugiés... l'année 2013 au Liban a été riche en bouleversements de toutes sortes exacerbés, ou plutôt provoqués, par la crise syrienne. Dans ce contexte et dans la logique des choses, l'environnement semblait être encore moins que d'habitude sur la liste des priorités de l'État.
 
La déliquescence...

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