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À La Une - russie

Khodorkovski en exil forcé

Le célèbre opposant russe s'engage à éviter la politique.

Pour ces deux rencontres dimanche avec la presse, l'opposant russe, Mikhaïl Khodorkovski, a choisi un lieu hautement symbolique, un musée consacré au Mur de Berlin, près de Check Point Charlie, mythique point de passage entre l'ouest et l'est de la ville à l'époque du rideau de fer. AFP PHOTO / JOHN MACDOUGALL

L'ex-oligarque et critique du Kremlin Mikhaïl Khodorkovski, gracié après 10 ans de prison et aussitôt mis dans un avion pour Berlin, a révélé dimanche qu'on ne lui avait pas laissé "le choix" de rester en Russie lors de sa libération.


"Quant on m'a réveillé à 2h00 du matin, on m'a dit que j'allais à la maison" a-t-il dit avec un sourire ironique.
Il a indiqué que les gardes pénitentiaires l'avaient accompagné "jusqu'à la fermeture de la porte de l'avion" qui l'a conduit à Berlin.

Il a remercié la chancelière allemande pour avoir oeuvré à sa libération.
"Je suis très reconnaissant à Angela Merkel, dont je n'ai appris qu'ici le rôle qu'elle avait eu" dans les négociations qui ont mené à cette libération, a-t-il dit. "On m'a donné un visa d'un an, donc j'ai un an devant moi", a-t-il répondu à un journaliste qui lui demandait s'il allait rester en Allemagne.


L'opposant russe a par ailleurs ajouté qu'il allait se consacrer désormais à la défense des prisonniers politiques dans son pays.
"Il ne faut pas me considérer comme le symbole qu'il n'y a plus de prisonniers politiques en Russie", a déclaré M. Khodorkovski en donnant sa première conférence de presse à Berlin. "Je vais tout faire pour qu'il n'y en ait plus, faire tout ce que je pourrai", a-t-il ajouté. "Les responsables politiques des pays occidentaux doivent se souvenir, en ayant des relations avec le président Poutine, que je ne suis pas le dernier prisonnier politique en Russie".

 

Plus tôt dimanche, l'ex-milliardaire a affirmé être conscient qu'il ne pouvait rentrer en Russie. Il a expliqué que ces conditions n'avaient pas été posées explicitement pour sa libération, mais qu'elles allaient de soi au vu de la situation.
"Les autorités (russes) peuvent dire en toute honnêteté qu'elles ne voulaient pas m'envoyer en exil et que c'est moi qui l'ait demandé. Mais connaissant la réalité russe, on comprend parfaitement qu'elles voulaient que je quitte le pays", a-t-il déclaré au magazine d'opposition russe The New Times.


Plus tard, dans des déclarations à Berlin à quelques journalistes russes, il a expliqué être encore en russie sous le coup d'une condamnation au civil à payer 550 millions de dollars au fisc russe. Cette condamnation, prononcée après sa première condamnation en 2005 à 8 ans de camp pour évasion fiscale, le vise solidairement avec son associé Platon Lebedev, jugé avec lui et qui continue de purger sa peine jusqu'en mai.
"Selon la loi russe, cela donne la possibilité de ne pas m'autoriser à quitter le pays", a souligné M. Khodorkovski, qui a exclu de rentrer à Moscou tant que la Cour suprême russe n'aurait pas levé la condamnation.
La grâce présidentielle ne lève pas la condamnation au civil.

 

La politique n'est pas d'actualité
M. Khodorkovski a par ailleurs souligné qu'il ne se lancerait pas en politique contre le Kremlin, et pas davantage pour la restitution des actifs de Ioukos, son groupe pétrolier qui était le premier du pays et a été démantelé au profit du groupe public Rosneft.


Il a souligné que ces conditions n'avaient pas été posées explicitement pour sa grâce.
"Vladimir Vladimirovitch (Poutine) et moi nous connaissons trop bien, et nous n'avons pas besoin de prononcer trop de mots" pour nous comprendre, a déclaré l'ancien oligarque.
"La question de la politique, si l'on considère la politique comme la lutte pour le pouvoir, n'est pas d'actualité pour moi. Je trouve inintéressant, et je ne veux pas le faire comme les hommes politiques en Russie doivent le faire, d'avoir une position pas totalement franche", a-t-il déclaré.


Il a aussi exclu de financer l'opposition, comme il le faisait avant son arrestation en 2003.
"Je comprends mieux que les opposants à quel point ce serait dangereux pour eux au premier chef", a-t-il dit.

 

"Je n'achète pas de clubs de football"
L'ancien milliardaire, qui selon les estimations du site Gazeta.ru serait encore détenteur de centaines de millions de dollars sur des comptes étrangers, a par ailleurs déclaré ne pas savoir pour l'instant à combien s'élevait sa fortune restante.
"Si j'avais besoin d'argent, je me lancerais dans les affaires, mais j'en ai à coup sûr suffisamment pour vivre", a-t-il ajouté. "Je n'achète pas de clubs de football", a-t-il dit, dans une allusion à un autre oligarque, Roman Abramovitch, proche du Kremlin et propriétaire du club londonien Chelsea.


Pour ces deux rencontres avec la presse, l'opposant russe a choisi un lieu hautement symbolique, un musée consacré au Mur de Berlin, près de Check Point Charlie, mythique point de passage entre l'ouest et l'est de la ville à l'époque du rideau de fer.


Samedi, M. Khodorkovski a retrouvé ses parents dans la capitale allemande.
Sur une vidéo diffusée dimanche, on peut le voir, cheveux gris coupés très courts et visiblement amaigri par dix ans de détention, embrasser tendrement sa mère qui sort d'une voiture.
Il a ensuite étreint son père, Boris, 80 ans.
Dans la matinée, il avait déjà retrouvé son fils aîné, Pavel, âgé de 28 ans.


M. Khodorkovski avait été arrêté en 2003 et condamné en 2005 et 2010 lors de deux procès sur des accusations de fraude fiscale, d'escroquerie, vol de pétrole et blanchiment, que ses partisans et de nombreux observateurs occidentaux ont jugé comme étant motivées par des arrière-pensées politiques.


M. Poutine a également fait voter par les députés russes une loi d'amnistie qui pourrait aboutir à la remise en liberté de deux membres du groupe punk Pussy Riot, condamnée pour une manifestation anti-Poutine dans une cathédrale russe en 2011.
De même que les militants de Greenpeace, membres de l'équipage du navire Arctic Sunrise de Greenpeace, arrêtés en septembre après une action contre une plateforme pétrolière dans l'Arctique russe et inculpés d'abord de "piraterie", puis de "hooliganisme". 

 

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