Le ministre turc de la Défense a démenti mardi des informations faisant état de la livraison d'armes de guerre par son pays à la rébellion syrienne, affirmant que l'équipement en question était essentiellement constitué de "fusils de chasse". "Aucune arme militaire n'a été livrée par la Turquie à la Syrie en 2013", a déclaré Ismet Yilmaz lors du débat budgétaire au Parlement, cité par l'agence Anatolie.
M. Yilmaz réagissait à une information publiée lundi par le journal turc Hürriyet, qui affirmait sur la foi de documents officiels turcs et onusiens que le gouvernement islamo-conservateur d'Ankara avait livré 47 tonnes d'armes et de munitions à la rébellion syrienne depuis le mois de juin, malgré ses dénégations répétées. Selon Hürriyet, la Turquie a livré au seul mois de septembre 29 tonnes d'équipements militaires aux groupes qui combattent le régime de Damas.
Le ministre a rappelé que toutes les autorisations d'exportation d'armement étaient délivrées par ses services mais a assuré qu'aucun document de ce genre n'avait été validé pendant l'année 2013. Il a néanmoins admis que des "fusils de chasse" et des "pistolets à air comprimé" avaient été exportés pendant cette période vers la Syrie, précisant que ces livraisons ne contrevenaient pas, selon lui, aux règles internationales.
Le gouvernement turc, qui soutient l'opposition au président Bachar el-Assad, a toujours démenti toute livraison d'armes aux rebelles syriens, malgré de nombreuses informations contraires publiées dans la presse internationale.
Le calvaire continue à Alep
Sur le terrain, au moins 18 personnes ont péri mardi dans de nouveaux raids aériens sur un quartier rebelle d'Alep, la métropole du nord syrien ensanglantée depuis deux jours par des frappes de l'armée de l'air, selon une ONG.
Les raids ont tué dans la matinée 15 personnes dans le quartier de Chaar, et trois dans celui de Maadi, dans l'est de ce qui fut autrefois la capitale économique de Syrie, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Deux enfants, un adolescent et une femme figurent parmi les victimes. Les quartiers de Katarji et Dahr Awad, toujours à l'est, ont également été visés par des raids.
Dimanche, l'armée de l'air avait mené un de ses raids les plus meurtriers, avec 76 personnes dont 28 enfants tués dans dans des quartiers rebelles de l'est d'Alep. Lundi, 20 personnes, dont quatre enfants, ont également péri dans des raids aériens.
Selon l'OSDH et des militants, l'armée utilise dans sa guerre contre les insurgés des "barils d'explosifs" remplis de TNT qu'elle largue à partir d'hélicoptères et d'avions militaires. Il s'agit de barils en métal tapissés d'une couche de béton et remplis de TNT "pour faire un maximum de destructions et de morts", selon l'OSDH.
Une source de la sécurité syrienne a réfuté l'utilisation de barils, affirmant à l'AFP que "des bombes ont été larguées sur Alep". Une autre source de sécurité a néanmoins précisé que l'armée préfère utiliser ces barils au lieu des missiles qui sont plus onéreux car importés de Russie.
"Il y a clairement une escalade de la part du régime dans le bombardement des quartiers rebelles à Alep, pour terroriser les habitants de ces zones", affirme à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH.
"D'habitude, ce genre de bombardements intensifs sur plusieurs jours traduit une volonté de l'armée d'avancer" vers les zones rebelles, explique-t-il.
Selon lui, la majorité des quartiers visés se situent dans l'est de la ville, tenu par les rebelles, et à la périphérie de zones contrôlées par le régime dans la province d'Alep, un des principaux fronts de la guerre.
Ces deux derniers mois, l'armée est parvenue à reprendre des villes et des localités à l'est d'Alep, avançant un peu plus vers les quartiers-est de la métropole.
Les Kurdes de Syrie réunis en Irak
Enfin, des représentants des Kurdes syriens étaient réunis mardi dans la région autonome du Kurdistan irakien pour tenter de présenter un front uni lors de la conférence de paix sur la Syrie prévue en janvier, a annoncé un responsable.
Les deux principaux groupes kurdes de Syrie - le Conseil du peuple du Kurdistan-Occidental (PCWK) et le Conseil national kurde (KNC) - sont en désaccord depuis que le premier a annoncé unilatéralement la création d'une administration autonome de transition dans les zones à majorité kurdes du nord-est du pays. La mésentente a provoqué la fermeture de la frontière entre le Kurdistan irakien, qui soutient le KNC, et les régions syriennes sous contrôle kurde.
Depuis mars 2011, le conflit en Syrie a fait plus de 126.000 morts, selon une ONG, et des millions de réfugiés et déplacés selon l'ONU. Les zones kurdes sont longtemps restées relativement calmes, avant que des heurts éclatent cette année entre les milices kurdes et des combattants jihadistes, poussant des dizaines de milliers de Kurdes syriens à trouver refuge au Kurdistan irakien.
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AVEC CARTOUCHES, BOTTES, GIBECIÈRES ET CHIENS DE CHASSE POUR LEVER LE GIBIER ?
LA LIBRE EXPRESSION
09 h 57, le 18 décembre 2013