En réclamant une entente entre l'Iran et l'Arabie saoudite pour débloquer la situation interne libanaise, le président de la Chambre Nabih Berry ne croyait pas si bien dire. Chaque nouveau jour montre à quel point le Liban est devenu la nouvelle arène de confrontation entre Riyad et Téhéran, chacune de ces capitales pesant de tout son poids sur le camp qu'elle protège. Entre les deux, le groupe qui se veut centriste tente de rappeler que le pays est divisé et que, par conséquent, la victoire d'un camp entraînerait une défaite de l'autre. Ce qui serait impensable au « pays du compromis ». Mais rien n'y fait, la situation interne reste pour l'instant totalement bloquée, à la merci notamment des développements internationaux et régionaux.
Une source diplomatique du Brics précise toutefois que le véritable blocage vient actuellement moins de l'Iran que de l'Arabie saoudite, qui est en train d'enregistrer à la fois des échecs diplomatiques et sur le terrain en Syrie. La source rappelle que le royaume wahhabite traverse une période très délicate, avec l'affaiblissement de la décision centrale en raison de l'état de santé du roi Abdallah, ce qui aiguise à la fois la lutte pour la succession et les rivalités internes, chaque camp menant sa propre politique pour faire arriver son candidat au trône. C'est dans ce cadre que la source diplomatique place les contacts intensifs menés par le chef des renseignements saoudiens, l'émir Bandar ben Sultan, et son allié le ministre des Affaires étrangères l'émir Saoud al-Fayçal. Pourtant, ces contacts ont enregistré, affirme la source précitée, deux échecs ces dernières semaines, le premier lors de la visite de l'émir Bandar en Russie, et le second au cours de la dernière réunion du Conseil de coopération du Golfe au Koweït.
Selon la source du Brics, l'émir Bandar aurait été porteur d'une nouvelle proposition au sujet de la Syrie, au cours de son dernier entretien avec le président russe. Il aurait ainsi suggéré de maintenir le président syrien Bachar el-Assad en place pour la période transitoire, quitte à reporter l'échéance électorale présidentielle (prévue au printemps 2014) le temps qu'il faudra, tout en lui retirant ses pouvoirs qui seront délégués au gouvernement de transition et en obtenant un engagement sur son départ définitif à la fin de la période transitoire. Le responsable saoudien aurait même proposé de se charger de la reconstruction de la Syrie qui, vu l'ampleur des destructions, devrait coûter des milliards de dollars. Mais, toujours selon la source du Brics, le président russe aurait rejeté la proposition, conseillant à l'émir de pousser son pays à rallier le processus politique de Genève 2 sans chercher à l'entraver parce qu'il n'y a pas, selon lui, d'autre solution possible car une entente aurait été conclue avec les États-Unis à ce sujet. Concernant la reconstruction de la Syrie, Poutine aurait aussi déclaré qu'avec la Chine, l'Iran et les autres alliés du Brics, il y a suffisamment de fonds pour la financer. La visite de l'émir à Moscou ne peut donc pas être qualifiée de succès diplomatique.
Au sujet de la réunion du CCG, ajoute la source, les pays membres de ce Conseil ont refusé la proposition saoudienne de le transformer en fédération et, dans le communiqué final, ils ont salué l'accord entre l'Iran et la communauté internationale, tout en accueillant favorablement les nouvelles orientations de la République islamique. Il a d'ailleurs fallu toute la diplomatie de l'émir du Koweït pour faire avaler cette couleuvre aux dirigeants saoudiens, qui ont été désavoués au sein de leur propre camp, par la détermination du Qatar, des Émirats, de Oman et du Koweït à améliorer leurs relations avec l'Iran et par la position clairement hostile de Oman à toute fédération.
Les dirigeants saoudiens se sont donc rabattus sur le terrain en Syrie en poussant les combattants du nouveau Front islamique, créé sur leur impulsion, à s'emparer des positions de l'Armée syrienne libre dans le nord de la Syrie et à quasiment chasser de son QG le général Sélim Idriss, qui a longtemps été le protégé du Qatar et de la Turquie, et bien sûr des États-Unis. En neutralisant pratiquement l'ASL et en la remplaçant par le Front islamique, les Saoudiens pensent que ce Front deviendra un interlocuteur incontournable dans toute tentative d'établir un dialogue politique entre le régime syrien et l'opposition. À travers lui, ils deviennent ainsi un partenaire déterminant dans les négociations à venir. Mais la riposte américaine n'a pas tardé, puisque les États-Unis ont aussitôt annoncé l'arrêt de toute aide aux combattants islamistes, rapidement suivis par la Grande-Bretagne. De plus, les États-Unis cherchent à récupérer des équipements, notamment du matériel de communication, qu'ils avaient envoyés à l'ASL et qui étaient dans les dépôts dont se sont emparés les combattants du Front islamique. L'émir Turki al-Fayçal ne s'est d'ailleurs pas privé de critiquer cette décision, faisant assumer aux Américains et aux Britanniques la responsabilité « de l'affaiblissement » de l'opposition syrienne face au régime. Mais en même temps, le Washington Post a révélé que l'administration américaine pourrait établir un dialogue avec le Front islamique si elle s'assure qu'il n'a rien à voir avec el-Qaëda.
L'ambassadeur des États-Unis à Damas Robert Ford pourrait même rencontrer des représentants de ce Front en Turquie au cours des prochains jours.
C'est dire que le véritable enjeu actuellement est la préparation de la conférence de Genève 2 fixée au 22 janvier, dans laquelle les Saoudiens cherchent désormais à avoir un rôle déterminant après avoir tenté de la saboter. Pour cela, la carte libanaise peut être utile, surtout si le terrain syrien ne leur permet pas de marquer des victoires importantes...
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Je le pressentais , mais Scarlett vient de nous donner la mesure exacte de la debanda(r)de de la bensaoudie , l'explication d'un royaume vieillissant , sans imagination et en voie d'implosion est claire , on assiste au crepuscule d'une politique aux abois , qui s'accroche a toutes les branches epineuses qui dans le fond ne feront que precipiter durement sa chute . Bien sur les gruyeres diront c'est la faute a l'Iran sans jamais avoir voulu comprebdre que c'est inherent a tout peuple qui ne se regenere pas , qui continue a suivre le train aveugle d'une époque revolue , la Chine vient de se poser sur la lune , l'Iran vient de reediter l'exploit d'envoyer un singe ds l'espace et sera peut etre le prochain pays a envoyer une fusee sur la lune et on continue d'entendre dire certains gruyeres que l'Iran est etouffee par une crise financiere .La carte libanaise serait utile a la bensaoudie ?? mais Scarlett , a ce point elle a perdu pied chez nous ? personnellement je vous croie .
15 h 49, le 16 décembre 2013