Tripoli, la voix de la raison (politique) a prévalu... pour le moment

La voix de la raison a prévalu, mais pour combien de temps? Une confrontation militaire d'envergure entre l'armée et certains groupes salafistes de Tripoli a été évitée de justesse, jeudi dans la nuit. Alors que les heurts étaient sur le point d'éclater et qu'un « ultimatum » avait été adressé à l'armée, les groupes islamistes, mesurant la détermination de la troupe à sa juste mesure et voulant éviter une « guerre totale », ont fait marche arrière. L'ultimatum a été démenti et l'un des ulémas salafistes les plus écoutés, cheikh Daï al-islam al-Chahhal, a annulé un appel à manifester qu'il avait lancé pour hier à Tripoli, à la sortie des mosquées.
Cette annonce, qui a calmé les esprits et détendu l'atmosphère, est intervenue alors que la trêve imposée depuis
quelques jours par l'armée avait été entachée de bavures dans la journée de jeudi et en soirée, lorsque des tirs et des accrochages avaient été dirigés, de Bab el-Tebbané, sur une patrouille de l'armée. Un militaire a été tué et six autres, dont un lieutenant, blessés dans l'incident. Trois autres personnes devaient être blessées. Ce nouvel incident porte le bilan des victimes à 12 morts depuis le début des heurts samedi. De même, jeudi après-midi, des échanges de tirs avaient éclaté lorsque des jeunes s'en étaient pris à une équipe de la télévision al-Jadeed, opérant dans la rue de Syrie.

Démantèlement de barricades
Ces incidents n'ont pas empêché l'armée de poursuivre l'application de son plan de
pacification, Ainsi, les soldats ont poursuivi leurs patrouilles dans la ville et le démantèlement des barricades et blockhaus érigées par les groupes armés ici et là, notamment aux alentours de l'axe Starco-Jabal Mohsen.
Un échange de tirs a également eu lieu entre l'armée et des individus armés au rond-point de Malloula après qu'un groupe de jeunes eut bloqué l'axe international reliant Tripoli au Akkar, pour des raisons restées inconnues. Dans la foulée, poursuivant leurs perquisitions, les soldats ont arrêté trois personnes recherchées pour avoir fait usage d'armes et pris part aux combats à plusieurs reprises. Il s'agit de Seifeddine et Bilal Nasr Hassoun, et Abdel Hamid Mohammad Awad. Dans un communiqué, l'armée a précisé avoir déféré par ailleurs devant la justice quatre détenus arrêtés pour leur implication dans les derniers affrontements à Tripoli. Il s'agit de Jaafar Tamer, Malaz Dibo, Ala' Dibo et Ahmad Chami.
Aussi louables que soient ces initiatives, elles laissent entière la question de l'enquête sur le double attentat contre les mosquées de Tripoli, fomenté et exécuté, selon l'enquête, par le Parti arabe démocratique (PAD), dont les dirigeants prosyriens se considèrent comme intouchables par la justice. Il va de soi que cette impunité exaspère les groupes salafistes et relativise l'effet apaisant des arrestations qui se produisent.

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