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À La Une - crise

Egypte : les islamistes appelés à reconnaître le nouveau pouvoir avant tout dialogue

Les Frères musulmans jugés pour meurtre ou "terrorisme" "sont exclus de toute idée de réconciliation".

Plus d'un millier de personnes, en majorité des manifestants pro-Morsi, ont péri depuis la mi-août, tandis que des milliers d'islamistes ont été arrêtés. REUTERS/Amr Abdallah Dalsh

Le ministre égyptien de la Solidarité sociale, Ahmed el-Boraie, a affirmé dimanche que les islamistes devraient renoncer à la violence et reconnaître, avant tout dialogue, les nouvelles autorités ayant remplacé le président Mohamed Morsi destitué par l'armée.


Samedi, la coalition des partisans de M. Morsi chapeautée par les Frères musulmans, la confrérie du chef de l'Etat destitué, a lancé un appel au "dialogue" pour "sortir (l'Egypte) de la crise". La coalition demande ainsi "le retour à la légitimité constitutionnelle et au processus démocratique incluant tous les mouvements politiques, sans qu'aucun ne monopolise le processus ou en soit exclu".


Mais le ministre a affirmé à l'AFP que les islamistes devraient se plier à certaines règles avant de pouvoir entamer ce dialogue. "Ils doivent reconnaître que le 30 juin a été une révolution populaire et accepter la feuille de route sur laquelle le peuple égyptien s'est mis d'accord pour construire un Etat moderne", a-t-il déclaré, en référence aux millions de manifestants ayant défilé le 30 juin pour réclamer le départ de M. Morsi.

 

L'armée s'est appuyée sur cette mobilisation pour destituer et arrêter le président islamiste le 3 juillet. Quant à la feuille de route, elle encadre la transition et prévoit des élections législatives en février ou mars, et une élection présidentielle à l'été.


En outre, a ajouté M. Boraie, les Frères musulmans doivent accepter le fait que leurs membres jugés pour meurtre ou "terrorisme" "sont exclus de toute idée de réconciliation", alors que M. Morsi et les plus hauts dirigeants de sa confrérie sont actuellement incarcérés et jugés pour "incitation au meurtre" de manifestants.

 

Depuis le coup de force contre le seul président jamais élu démocratiquement du pays, le gouvernement intérimaire mène une répression implacable contre ses partisans. Plus d'un millier de personnes, en majorité des manifestants pro-Morsi, ont péri depuis la mi-août, tandis que des milliers d'islamistes ont été arrêtés.

 

Samedi, au moment où l'appel au dialogue était lancé, les médias officiels rapportaient qu'un comité de juges avait recommandé la dissolution du parti Liberté et Justice (PLJ), la vitrine politique des Frères musulmans qui avait largement remporté les législatives organisées fin 2011 et ensuite la présidentielle en juin 2012.

Le 23 septembre, un tribunal avait prononcé une interdiction temporaire de la confrérie et ordonné le gel de ses avoirs dans l'attente d'un jugement final au fond.

 

Pour cette proposition de dialogue - la plus flexible proposée par les islamistes - "nous n'avons aucune condition et ils ne devraient pas non plus en avoir", a expliqué samedi à l'AFP Imam Youssef, dirigeant du parti Assala, membre de la coalition.

La coalition, a-t-il poursuivi, plaide pour que les discussions, qui doivent mener à une solution "démocratique", commencent "sous deux semaines", ajoutant que les islamistes étaient prêts à discuter "toutes les solutions qui mèneront à la stabilité". "Nous voulons une solution démocratique et cela ne veut pas forcément dire que nous devons être au pouvoir", a-t-il dit, assurant que fin juin le pouvoir islamiste était prêt à répondre aux aspirations des millions de manifestants descendus réclamer le départ de M. Morsi quelques jours avant sa destitution par l'armée.

 

La coalition, qui organise régulièrement des manifestations en dépit de la violente répression, a prôné samedi l'"opposition pacifique" et appelé à la "fin de l'effusion de sang" et à l'arrêt des "campagnes de haine dans les médias".

Elle plaide également avant l'ouverture de ce dialogue pour la libération des prisonniers et la réouverture des médias islamistes fermés dès le 3 juillet. Elle a en outre réclamé le "retour des militaires dans les casernes".

 

A la question de savoir si la coalition allait insister pour obtenir le retour au pouvoir de M. Morsi, M. Youssef a répondu: "Ne nous précipitons pas", estimant que le sujet pourrait être abordé en temps voulu. Des responsables des Frères musulmans concèdent toutefois en privé qu'ils pourraient accepter une sortie "constitutionnelle" pour M. Morsi, une démission par exemple.

 

A l'ouverture de son procès le 4 novembre, pour sa seule apparition publique depuis son arrestation, M. Morsi a dit rejeter l'autorité des juges devant lesquels il comparaît actuellement pour "incitation au meurtre" de manifestants.

 

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