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À La Une - Liban

Tripoli : l'armée libanaise achève son déploiement à Jabal Mohsen

Le plan sécuritaire devrait s'étendre à Bab el-Tebbaneh pour mettre un terme aux combats sanglants.

L'armée libanaise s'est massivement déployée à Tripoli où les affrontements ont repris lundi dernier, faisant au moins 13 morts. AFP PHOTO/JOSEPH EID

L’armée s’est déployée en force dimanche soir dans le quartier de Jabal Mohsen à Tripoli dans le cadre d’un plan sécuritaire visant à mettre un terme aux affrontements meurtriers à caractère confessionnel qui opposent ce quartier à celui de Bab el-Tebbaneh, sur fond de guerre civile en Syrie.

 

Une unité de l’armée a achevé son déploiement à Jabal Mohsen (alaouite et acquis au président syrien Bachar el-Assad), a rapporté l’Agence nationale d’information (ANI, officielle). Selon l’ANI, un déploiement similaire devrait concerner Bab el-Tebbaneh (quartier sunnite partisan de la révolte contre le régime syrien) ainsi que d’autres secteurs chauds de la capitale du Liban-Nord.

 

Depuis lundi, Tripoli vit au rythme de violents combats nocturnes suivis d'un calme précaire en journée. Les affrontements ont baissé d'intensité dimanche entre Jabal Mohsen et Bab el-Tebbaneh. Les tireurs embusqués ont cependant maintenu plusieurs axes de la ville, notamment la rue de Syrie, Haret Berraniyé, et Bakar, dans leur ligne de mire.

 

Les violences ont fait 13 morts et près de 80 blessés en près d'une semaine dans la capitale du Liban-Nord, avec quatre nouveaux morts samedi soir et dimanche matin, selon un responsable de sécurité. L’ANI a fait état dimanche soir de la mort d’un soldat blessé dans les combats.

 

Samedi soir et pendant une grande partie de la nuit, les affrontements à l'arme lourde se sont étendus à plusieurs axes de la ville, notamment Haret Berraniyé, Starco, Bakar et Rifa. Par ailleurs, une voiture appartenant à la chaîne de télévision LBC a été touchée par des francs-tireurs à Bab el-Tebbaneh. L'incident n'a toutefois pas fait de victime.

 

Depuis le début du conflit, cinq habitants du quartier de Jabal Mohsen et six de Bab al-Tebbaneh ont été tués. Le bilan plus élevé chez les sunnites s'explique par le fait que Jabal Mohsen domine géographiquement Bab el-Tebbaneh, un quartier plus dense, et par la mauvaise organisation des groupes de combattants sunnites face aux alaouites qui relèvent tous de la même formation: le Parti arabe démocratique (PAD).

 

 

L'EIIL et Al-Nosra à Tripoli?

Dimanche, le président du Comité des ulémas musulmans, cheikh Salem Rafeï, a démenti au quotidien an-Nahar être impliqué dans la bataille sur le terrain entre les sunnites et les alaouites de Tripoli. Il a également démenti l'implication de jihadistes de l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL) et du Front al-Nosra (engagés dans les combats contre le régime syrien). Cheikh Rafeï a néanmoins mis en garde : "Si l'attaque menée par le Parti arabe democrate (alaouite de Rifaat Eid) contre Tripoli se poursuit et que des innocents sont tués, la voie sera ouverte à tous les jihadistes du monde, dont l'EIIL et al-Nosra, pour venir défendre Tripoli." Et de poursuivre : "Cela aura des conséquences qui ne sont de l'intérêt de personne."

 

Le cheikh sunnite a en outre dénoncé la passivité de l'Etat "qui regarde impuissant les agressions du Hezbollah et du PAD et ne fait rien pour prévenir l'explosion à Tripoli."

 

Samedi, l'ancien Premier ministre Saad Hariri a accusé le régime syrien de mener "une sale guerre à travers ses outils locaux (les alaouites) contre Tripoli et ses habitants".

 

(Lire aussi: Rifi : Ce qui se passe est « une agression programmée » du régime syrien et du Hezbollah)

 

Alors que des habitants de Tripoli ont dénoncé samedi l'inaction des responsables face aux violences, le chef du gouvernement démissionnaire Najib Mikati a tenu une série de réunions dimanche, axées sur la situation dans la ville. M. Mikati a dans ce contexte réitéré que "la priorité est de mettre un terme aux violences et de rétablir le calme."

Samedi, il a affirmé que "les forces de sécurité allaient être strictes et impartiales".

 

Le ministre démissionnaire de l'Intérieur, Marwan Charbel, a de son côté assuré, dimanche, au quotidien al-Moustaqbal, que l'armée et les forces de sécurité ont renforcé leur présence à Tripoli. M. Charbel a en outre annoncé qu'un plan social consistant à trouver des emplois et à compenser les habitants sera préparé la semaine prochaine.

 

Samedi, le mufti de Tripoli et du Liban-Nord, Malek Chaar, a appelé, lors d'une conférence de presse, les responsables sécuritaires à rester vigilants et à ramener le calme dans la grande ville du nord du Liban. "Il est inacceptable que le sang de Tripoli et du Nord coule (...), la solution est entre les mains des responsables de la sécurité", a estimé le mufti Malek Chaar. "Nous demandons, au nom de tous, que les criminels soient arrêtés et traduits en justice (...)", a-t-il ajouté.

 

Les violences se sont multipliées à Tripoli, la deuxième ville du pays, au fur et à mesure que la Syrie, ancienne puissance tutélaire du Liban, s'enfonçait dans un conflit devenu guerre civile.

Cette dernière série d'affrontements a débuté lundi soir, au moment où était diffusée à la télévision une interview de M. Assad. Par mesure de sécurité, les écoles et les universités de la ville sont fermées depuis le milieu de la semaine.


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Une unité de l’armée a achevé son déploiement à Jabal Mohsen...

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