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Moyen Orient et Monde - Espionnage

L’UE à cran contre les USA

Indignés, les Européens réclament « un code de bonne conduite » à Washington.

Le scandale de l’espionnage américain a continué à s’étendre hier. Après la France et l’Allemagne, l’Espagne a annoncé hier la convocation de l’ambassadeur américain à Madrid pour lui demander des explications. Cette décision du Premier ministre Mariano Rajoy fait suite à de nouvelles révélations de la presse indiquant que l’Agence nationale de sécurité américaine (NSA) aurait espionné des membres du gouvernement espagnol, dont son prédécesseur José Luis Zapatero. Un total de 35 dirigeants de la planète, dont la chancelière allemande Angela Merkel, auraient ainsi été écoutés, a affirmé jeudi le quotidien britannique The Guardian. Les services secrets américains ont par ailleurs été soupçonnés par la France d’être à l’origine d’une attaque informatique ayant visé en mai 2012 la présidence française, a dévoilé hier le quotidien français Le Monde.


Ces révélations qui se succèdent depuis juin « ont créé des tensions considérables dans nos relations avec certains de nos partenaires étrangers les plus proches », a admis Lisa Monaco, la conseillère de Barack Obama pour la Sécurité intérieure.

 

(Lire aussi: Après les fuites Snowden, la réforme du renseignement commence)

 

Mais, au-delà des protestations, les chefs d’État et de gouvernement de l’UE réunis à Bruxelles n’ont pris aucune mesure de rétorsion envers les États-Unis. « Il ne s’agit pas de commencer à faire monter la pression inutilement » avec Washington, a déclaré le Premier ministre belge, Elio Di Rupo, en résumant l’état d’esprit général.


Les 28 ont donc affiché une unité de façade pour « prendre note » de l’initiative lancée par la France et l’Allemagne pour « engager des discussions bilatérales avec les États-Unis dans le but de trouver d’ici à la fin de l’année un accord sur leurs relations mutuelles dans ce domaine », selon le communiqué du sommet de Bruxelles.

« Nous allons essayer d’avoir un code de bonne conduite avec les États-Unis, sur ce qui est acceptable et sur ce qui ne l’est pas », a précisé le Premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker.

 

Dans leur texte commun, les Européens reconnaissent que « la collecte de renseignements constitue un élément essentiel de la lutte contre le terrorisme », la justification sans cesse mise en avant par Washington. Mais « un manque de confiance pourrait porter préjudice à la nécessaire coopération » dans ce domaine, préviennent-ils. « Tout le monde peut comprendre que l’on prenne des mesures exceptionnelles tant les menaces terroristes sont importantes (...), mais nous ne sommes pas dans une situation où l’un doit espionner l’autre », a souligné M. Di Rupo.
Le président français, François Hollande, a pour sa part relevé « qu’on ne contrôle pas les portables des personnes que l’on rencontre dans les sommets internationaux ».

Le dilemme
Le chef du gouvernement finlandais, Jyrki Katainen, a résumé le dilemme des Européens : « Nous devons à la fois préserver la relation transatlantique et affirmer que cela (l’espionnage) n’est pas acceptable. » Ils se sont ainsi refusé à envisager une éventuelle suspension des négociations de libre-échange qui viennent d’être lancées entre les deux blocs. Plusieurs pays, comme la Grande-Bretagne ou l’Espagne, ont également décidé de ne pas froisser Washington en adhérant à l’initiative franco-allemande. L’Espagne reste un « partenaire et allié » des États-Unis, a affirmé M. Rajoy. Pour sa part, le Premier ministre britannique David Cameron a refusé de commenter le scandale, insistant plutôt sur le fait que les questions de renseignements relevaient des compétences nationales et « non de l’UE ».


La difficulté à faire front commun à 28 dans ce dossier est illustrée par le blocage, depuis des mois, d’un projet de la Commission européenne visant à renforcer la protection des données privées face aux géants de l’Internet et aux services de renseignements. Alors que la commissaire européenne à la Justice, Viviane Reding, appelait à « passer aux actes » et adopter la réforme « d’ici au printemps 2014 », les 28 ont décidé de « se donner une marge de manœuvre » jusqu’en 2015. « Nous devons aller plus vite, mais la tâche est complexe. Cela ne concerne pas seulement la vie privée, mais a aussi des retombées sur le monde des affaires », a affirmé le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy.
Le leader des socialistes au Parlement européen, l’Allemand Hannes Swoboda, a vigoureusement critiqué l’attitude des dirigeants de l’UE. Ces derniers « semblent uniquement préoccupés par les écoutes inacceptables de leur téléphone portable, laissant de côté la protection des données des 500 millions de citoyens européens », a-t-il dénoncé.

 


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