Rechercher
Rechercher

À La Une - Reportage

Dans la campagne bavaroise, des experts en armes chimiques se préparent au pire de la Syrie

L'armée allemande entraîne les experts de l'OIAC.

Du faux sang et une fausse explosion pour entraîner les inspecteurs de l'OIAC avant leur départ pour la Syrie. Christof Stache/AFP

Une puissante détonation retentit dans un entrepôt isolé, alors qu'approchent six experts de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques. Immédiatement, ils plongent au sol. Du bâtiment enfumé des hommes sortent, chancelants, ensanglantés.

 

Pour réaliste qu'elle soit, cette scène ne fait partie que d'un scénario imaginé par l'armée allemande pour former pendant une semaine au fin fond de la Bavière des inspecteurs de l'OIAC, institution qui vient d'être honorée du prix Nobel de la paix 2013.

 

Le stage doit préparer au pire les 24 participants, originaires de 17 pays différents. A Wildflecken, petite commune bavaroise baignant ce jour-là dans un épais brouillard, ces spécialistes en armement et en chimie ainsi que leurs interprètes apprennent à maîtriser les situations dangereuses, des explosions aux échanges de tirs en passant par les prises d'otages.

 

Un officier allemand donnant ses consignes aux experts de l'OIAC avant le début de l'entraînement. Christof Stache/AFP

 

 

Équipés de casques et de gilets de combat à l'imprimé camouflage, ils sont répartis en plusieurs groupes et prennent part aux entraînements avec un grand sérieux. D'ici peu, la plupart d'entre eux partiront pour une périlleuse mission: démanteler l'arsenal chimique syrien.

 

Recevoir cette formation est une obligation pour les experts de l'OIAC, rappelle Franz Ontal, responsable de leur entraînement. Si l'OIAC, créée en 1997 et basée à La Haye n'en est pas à sa première mission, "la différence avec la Syrie est que nous allons opérer au milieu d'un conflit". Les arsenaux chimiques ne sont donc pas le seul danger auquel s'exposent les experts: pour la première fois, ils doivent aussi assurer leur sécurité dans un pays en guerre.

 

"Ceux qui se rendent dans des zones de conflit doivent oublier Hollywood", relève le colonel Reinhard Barz, directeur du centre de formation des Nations Unies géré par l'armée allemande, qui insiste sur la nécessité de prendre conscience de la réalité du danger.

Nécessité encore plus grande quand il s'agit de la Syrie, "sans aucun doute l'un des endroits les plus dangereux de la planète en ce moment", selon le colonel.

 

24 participants, originaires de 17 pays différents ont pris part à la formation. Christof Stache/AFP

 

 

La mission de l'OIAC en Syrie a été décidée à la faveur d'un accord russo-américain, alors que les Etats-Unis menaçaient le régime de Damas de frappes punitives après une attaque chimique meurtrière imputée aux forces de Bachar el-Assad le 21 août.

 

Les équipes de l'OIAC et de l'ONU présentes sur place depuis le 1er octobre comptent une soixantaine de personnes mais sont encore appelées à s'étoffer.

 

Les inspecteurs "vont devoir traverser là-bas des territoires occupés par différents groupes ennemis (...) Ils doivent se faire à l'idée qu'ils pourraient faire l'objet de mesures hostiles, par exemple essuyer des tirs ou être victimes d'explosifs qui pourraient sauter sur leur passage. Ils doivent prendre conscience qu'ils pourraient être blessés", explique le militaire.

 

L'exercice du jour a satisfait les formateurs. Talkiewalkie à la ceinture et sac sur le dos, les inspecteurs ont porté secours aux blessés et "se sont tout de suite rendus compte qu'il ne s'agissait pas d'un accident dans un entrepôt d'armes chimiques ni d'une attaque ennemie" mais d'un accident domestique, souligne Franz Ontal, de l'OIAC.

"Ils ont réagi exactement comme il le fallait", se réjouit-il. Cette semaine, cet Américain rejoindra ses collègues en Syrie pour une mission contre la montre. Selon la résolution de l'ONU qui a suivi l'accord russo-américain, l'élimination de l'arsenal chimique syrien doit être achevée d'ici au 30 juin. "Dans un pays en paix, mener à bien notre tâche prend généralement des années", rappelle-t-il toutefois.

 

 

Pour mémoire

OIAC, Nobel de la paix pour un avenir moins armé


Sigrid Kaag, une idéaliste amoureuse du Moyen-Orient chargée de désarmer la Syrie

 

Une puissante détonation retentit dans un entrepôt isolé, alors qu'approchent six experts de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques. Immédiatement, ils plongent au sol. Du bâtiment enfumé des hommes sortent, chancelants, ensanglantés.
 
Pour réaliste qu'elle soit, cette scène ne fait partie que d'un scénario imaginé par l'armée allemande pour former pendant...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut