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À La Une - Drame

"Au Liban, il n'y a rien à faire pour nous"

Naufrage en Indonésie : 18 rescapés libanais de retour au pays.

Le Libanais Hussein Khodr, rescapé du naufrage en Indonésie, accueilli par ses proches à Beyrouth. Anwar Amro/AFP

Un avion transportant 18 Libanais rescapés de l’embarcation indonésienne est arrivé à l’aéroport de Beyrouth dimanche matin.

Six autres Libanais détenus en Indonésie pour séjour illégal quitteront Djakarta mardi prochain, en compagnie de la délégation officielle libanaise dépêchée dans la capitale suite au drame, a révélé le ministre sortant des Affaires étrangères Adnane Mansour.

 

Le 27 septembre, plus de 36 personnes, dont 21 Libanais ont trouvé la mort noyés lors d’un voyage clandestin vers l’Australie.

Les survivants ont raconté que leur objectif était l'île Christmas, un territoire australien de l'océan Indien, plus proche de l'Indonésie que de l'Australie.

Ce voyage est entrepris par de nombreuses embarcations de fortune chargées de demandeurs d'asile, majoritairement des Afghans, des Iraniens et des Sri-Lankais. Des centaines de boat-people sont morts ces dernières années dans le naufrage de leur bateau.

 

Au total, 68 Libanais, la majorité originaires de régions très pauvres du nord du pays comme le Akkar, étaient à bord de l'embarcation de fortune qui se dirigeait illégalement vers l'Australie: 18 ont survécu, 28 corps ont été repêchés --dont beaucoup de femmes et d'enfants-- et 22 sont toujours portés disparus. Le bateau transportait entre 80 et 120 personnes, dont d'autres ressortissants de pays du Moyen-Orient.

 

Présent à l'aéroport dimanche matin, le ministre Mansour, a affirmé que l'Etat libanais s'est activé dès le premier jour du drame pour venir en aide à ses ressortissants en Indonésie.

 

Il a également affirmé qu'il "faut tirer les leçons de cette tragédie", tout en appelant les autorités à juger les responsables qui ont organisé le voyage clandestin.

 

M. Mansour, qui a reconnu que le pays passe par des crises "économiques et sociales", a toutefois exhorté les Libanais à ne pas "emprunter de routes illégales pour quitter le pays".

"L'Etat est responsable de ses citoyens, a-t-il ajouté. Il est nécessaire de créer de nouveaux emplois pour éviter une nouvelle tragédie de ce genre".

 

Concernant le rapatriement des dépouilles mortelles des victimes du naufrage, Adnane Mansour a assuré que cela "prendra plusieurs jours, en raison de la difficulté à identifier les corps". "Certaines dépouilles mortelles sont défigurées et ne peuvent être identifiées. D’autant que les papiers des Libanais et des autres étrangers n’ont pu être retrouvés. Nous devons nous assurer de leur identité par les tests d’ADN effectués par les autorités médicales concernées", a-t-il noté à ce propos. Et de souligner que les autorités indonésiennes se chargeront des procédures légales pour l’identification des victimes.

C’est après le processus d’identification que l’ambassade libanaise rapatriera les dépouilles mortelles en coopération avec les autorités indonésiennes, a assuré le ministre, qui espère restituer aux familles des victimes ces corps "dans les meilleurs délais". Mais auparavant, "il faudra que le corps médical et les autorités indonésiennes achèvent les procédures légales", a-t-il indiqué, dénonçant les tentatives de politiser cette catastrophe humanitaire.

 

 

A leur arrivée en matinée à l'aéroport de Beyrouth, les survivants, l'air visiblement fatigués, certains hébétés, se sont jetés dans les bras de leurs familles.

 

"Tout ce dont je me rappelle, c'est d'avoir vu le ciel, puis je me suis retrouvé sous l'eau", raconte Louaï Baghdadi, 25 ans, qui dit avoir nagé pendant une demi-heure jusqu'à atteindre une île.

 

Le député du Nord Hadi Hbeich, présent à l'aéroport pour accueillir les survivants, a affirmé que le naufrage était une sonnette d'alarme pour les autorités libanaises, mais aussi pour la communauté internationale. 

"Le chômage dans la région du Akkar (une des plus pauvres du Liban, ndlr) est effrayant. La société est au bord de l'explosion. Ces gens sont allés au bout du monde pour nourrir leurs enfants car ils ont perdu tout espoir dans leur pays et dans l'Etat", a-t-il affirmé à l'AFP.

 

Le Liban est sans gouvernement depuis six mois en raison d'un blocage politique. Ce pays de 4 millions d'habitants accueille en outre quelque 770.000 réfugiés de la Syrie voisine.

 

"C'est l'insécurité surtout qui m'a poussé à tenter ma chance. Au Liban, il n'y a rien à faire pour nous", ajoute Louaï Baghdadi, qui rêvait de commencer une vie nouvelle en Australie, où vit une importante diaspora libanaise.

Il affirme, comme les autres, avoir payé 10.000 dollars pour ce voyage de la mort organisé par un certain Abou Saleh, un Irakien que tous accusent de gérer un réseau d'immigration illégale à partir de sa prison en Indonésie, des informations non confirmées officiellement.

 

 

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commentaires (3)

C'EST TRISTE ! TRÈS TRISTE !

SAKR LOUBNAN

09 h 40, le 07 octobre 2013

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Commentaires (3)

  • C'EST TRISTE ! TRÈS TRISTE !

    SAKR LOUBNAN

    09 h 40, le 07 octobre 2013

  • Äâl "diaspora" äâââl....

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    02 h 20, le 07 octobre 2013

  • J'ai jamais compris pourquoi nous , libanais présent sur tous les continents on a des boat people, il suffirait que ces rescapés demandent à des parents rien qu'une lettre d'invitation pour enclencher une demande de visas . C'est triste qu'on soit tombé aussi bas .

    Jaber Kamel

    19 h 54, le 06 octobre 2013

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