Le président syrien Bachar el-Assad a renouvelé dans un entretien à la chaîne vénézuélienne Telesur son engagement à détruire l'arsenal chimique de son pays.
M. Assad, qui poursuit sans relâche sa guerre contre les rebelles qui cherchent à le renverser depuis plus de deux ans, a affirmé que son pays s'engageait "généralement" à toutes les conventions qu'il signait.
Le 19 septembre, il avait déjà assuré que son pays détruirait son énorme arsenal chimique.
Le président syrien n'a cependant pas écarté une intervention armée des États-Unis dans son pays, en dépit des discussions en cours sur le démantèlement de son arsenal chimique.
"La possibilité que les États-Unis lancent une attaque contre la Syrie est toujours réelle. Soit sous le prétexte des armes chimiques, soit pour d'autres prétextes", a assuré le président syrien dans cet entretien avec la chaîne publique vénézuélienne, réalisé à Damas. "Si on jette un coup d’œil sur les guerres précédentes, sur la politique des États-Unis, au moins à partir de la première moitié des années cinquante, on voit qu'il s'agit d'une politique qui passe d'une agression à une autre. Cette politique n'a pas changé et je ne vois pas maintenant de raison particulière pour qu'elle change", a jugé le président syrien.
(Pour mémoire: Ahmad Toameh face au « défi » d’el-Qaëda en Syrie)
"Les États-Unis ne peuvent pas avoir recours au Conseil de sécurité comme ils le faisaient dans les années 90, il y a davantage d'équilibre en son sein" aujourd'hui, a ajouté le président syrien.
Des progrès à New York
Ces déclarations du président syrien interviennent alors que les grandes puissances réunies à New York ont progressé mercredi vers un accord sur plusieurs points cruciaux d'une résolution des Nations unies sur le désarmement chimique syrien.
Occidentaux et Russes s'opposent depuis des jours sur les moyens de contraindre la Syrie à appliquer le programme d'élimination de ses armes chimiques, annoncé le 14 septembre à Genève.
Mardi, devant l'Assemblée générale de l'ONU à New York, le président américain Barack Obama avait réclamé une résolution des Nations unies "ferme", assortie de "conséquences" pour le régime de M. Assad s'il ne tenait pas sa promesse de détruire ses armes chimiques.
Le texte désormais sur la table mentionne la possibilité de prendre ultérieurement "des mesures sous le chapitre 7", c'est-à-dire coercitives, si la Syrie se dérobe à ses engagements de désarmement. Elle ne contient cependant pas de menace immédiate, selon une source diplomatique.
(Reportage: « La guerre est un très bon business »...)
Arrivés mercredi à Damas, des experts de l'ONU ont commencé jeudi de nouvelles enquêtes sur des allégations d'utilisation d'armes chimiques, après celle du mois dernier qui a conclu à l'utilisation de gaz sarin à une large échelle près de Damas, sans pointer du doigt les responsables. Selon Washington, qui accuse le régime de cette attaque, elle a fait près de 1.500 morts.
"Ils ont commencé à travailler aujourd'hui", a indiqué à l'AFP un responsable de l'ONU sans plus de précision sur le lieu où l'équipe des six experts, dirigée par Aake Sellström, s'est rendue.
Le responsable de l'ONU a affirmé que "ce sera une mission rapide" et que les experts seraient en Syrie "pour quelques jours".
L'attaque chimique du 21 août s'était produite dans la région de la Ghouta près de Damas où, selon l'opposition, sont actuellement bloqués "1,7 million d'habitants, dont plus de la moitié sont des enfants".
"Il n'y a ni électricité, ni eau et les produits alimentaires de base sont rares (...) il s'agit d'une politique de punition collective menée par le régime", dénonce la Coalition de l'opposition dans un communiqué jeudi.
La Ghouta est un des principaux bastions de la rébellion dans la région de Damas.
(Lire aussi: Sur le papier, Obama et Hollande restent intransigeants sur la Syrie)
Craintes d'une radicalisation de la rébellion
Les Occidentaux, qui soutiennent l'opposition, et les Russes, puissants alliés du régime de M. Assad, s'opposent sur le recours au chapitre VII pour faire appliquer le programme d'élimination des armes chimiques, annoncé le 14 septembre à Genève par Moscou et Washington.
Ce chapitre prévoit des mesures coercitives allant de sanctions économiques à l'usage de la force.
Le scénario de frappes occidentales, envisagé il y a quelques semaines, s'est éloigné à la suite de l'accord russo-américain de Genève, à la grande déception de l'opposition qui espérait qu'une intervention militaire étrangère ébranlerait le régime.
L'éloignement de la perspective d'une frappe a réduit au "désespoir" la rébellion sur le terrain, qui manque de moyens face à la machine de guerre du régime, soutenu par le Hezbollah chiite libanais, selon un porte-parole des insurgés.
Mardi, 13 influents groupes rebelles islamistes, dont certains faisant partie de l'Armée syrienne libre (ASL), la coalition rebelle dite modérée, ont annoncé qu'ils rompaient leurs liens avec l'opposition politique en exil et formaient une nouvelle alliance avec un groupe lié à el-Qaëda.
Les rebelles accusent régulièrement l'opposition politique d'être déconnectée de la réalité, et reprochent aux pays occidentaux de ne pas leur fournir assez d'armes.
Cette annonce remet en cause la représentativité de l'opposition, et fait craindre à l'Occident une radicalisation de la rébellion.
Le chef d'état-major de l'Armée syrienne libre (ASL), le général Sélim Idriss, doit se rendre en territoire rebelle pour tenter de resserrer les rangs, a affirmé mercredi un porte-parole à l'AFP.
La rupture désavantage également l'opposition face au régime en cas de négociations de paix pour régler le conflit, qui a fait plus de 110.000 morts en plus de deux ans et demi.
Le secrétaire général Ban Ki-moon a souligné mercredi "l'importance de redoubler d'efforts pour résoudre la crise humanitaire à la fois en Syrie et dans les pays voisins".
D'après l'ONU, plus de deux millions de Syriens ont fui dans les pays limitrophes et environ six millions ont été déplacés à l'intérieur de la Syrie.
Sur le terrain, les troupes du régime continuent de bombarder quotidiennement les bastions rebelles à travers le pays. Jeudi, après un mois relativement calme, les violents raids ont repris sur les quartiers du Vieux Homs (centre), assiégé depuis plus d'un an par l'armée, selon des militants.
A Damas, une Irakienne a été tuée par la chute d'un obus sur le consulat d'Irak, selon un diplomate. Un obus avait touché pour la première fois dimanche à Damas l'ambassade de Russie.
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M. Assad, qui poursuit sans relâche sa guerre contre les rebelles qui cherchent à le renverser depuis plus de deux ans, a affirmé que son pays s'engageait "généralement" à toutes les conventions qu'il signait.
Le 19...
commentaires (3)
L'importance de redoubler d'efforts pour résoudre la crise humanitaire à la fois en Syrie et dans les pays voisins, et imposer une paix vaut mieux que touts ces chantages gratuits qui peuvent faire exploser d 'autres pays . Antoine Sabbagha
Sabbagha Antoine
13 h 56, le 26 septembre 2013