« De nombreuses études ont montré une forte corrélation entre le tabagisme et le développement et la progression du cancer de la vessie, avec un risque multiplié entre deux à dix fois », explique à l’AFP le Dr Yann Neuzillet, chirurgien urologue à l’hôpital Foch de Suresnes.
Affection mal connue, le cancer de la vessie progresse avec 1 % de nouveaux cas par an. Il a de surcroît « le coût par malade le plus élevé de tous les cancers », selon l’Association française d’urologie (AFU), en raison des traitements lourds et répétés qu’il nécessite.
La survenue de ce cancer est favorisée par le stockage dans la vessie de substances cancérogènes éliminées par le rein, explique le Dr Neuzillet. Mais si la vessie supporte mal les « carcinogènes » du tabac (au moins quarante-trois substances cancérogènes ont été recensées dans le tabac), l’exposition à des substances de l’environnement professionnel pourrait également jouer un rôle dans 5 à 25 % de ces cancers, selon les études.
Des professions à risques
Les travailleurs les plus à risque se trouvent dans les industries du caoutchouc et des colorants, et dans une moindre mesure dans celles du cuir, du tannage, de la teinture, de la production de matières plastiques, d’aluminium et de pesticides.
Mais en raison des délais entre l’exposition à ces substances et l’apparition de la tumeur, la plupart d’entre eux sont à la retraite lorsque le cancer survient.
Pour le Dr Neuzillet, il est important d’impliquer les médecins du travail, chargés de répertorier les expositions à ces substances pendant la vie professionnelle, mais également d’informer les salariés concernés, lorsqu’ils partent à la retraite, des risques de santé qu’ils encourent, notamment en cas d’exposition conjointe au tabac.
Le son de cloche est le même pour les cancers du rein. « Un homme qui fume a un risque accru de 50 % d’avoir un cancer du rein par rapport à un non-fumeur », relève le Dr Marc-Olivier Timsit, urologue à l’hôpital Georges Pompidou à Paris, qui se veut toutefois rassurant : « Il suffit d’arrêter de fumer au moins dix ans pour rejoindre la courbe des non-fumeurs. »
Suspecté depuis longtemps, le rôle joué par l’exposition au trichloroéthylène, solvant chloré principalement utilisé pour dégraisser et nettoyer les métaux, ne fait plus guère de doute, depuis qu’une méta-analyse ait été rendue publique l’an dernier.
Incriminé dans le cancer de la vessie et des voies urinaires, l’arsenic qu’on peut trouver dans l’eau potable mais aussi dans certains herbicides ou dans le traitement de certaines leucémies est également suspecté dans le cancer du rein.
Parmi les autres facteurs de risques, l’urologue cite les prédispositions génétiques, le manque d’activité physique, l’obésité, l’irradiation et surtout l’hypertension artérielle non contrôlée qui pourrait multiplier le risque par 2,5. Mais le traitement de l’hypertension annule le risque.
Aucun aliment ne serait directement associé aux cancers du rein ou de la vessie. L’alcool jouerait même un rôle protecteur contre le cancer du rein, selon certaines études. « Mais il reste mauvais pour d’autres organes », souligne le Dr Timsit.
Pour mémoire
La cigarette électronique serait cancérigène
Au Liban, la consommation de cigarettes a explosé
Ils ont arrêté ou tenté d'arrêter de fumer, nos lecteurs témoignent
Même avec une prise de poids, cesser de fumer reste bénéfique pour le coeur
commentaires (0)
Commenter