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Moyen Orient et Monde - syrie

« Nouvelle Alep » : quand l’afflux de déplacés redonne vie à une zone industrielle

L’afflux de déplacés a redonné vie à la zone industrielle de Cheikh Najjar, surnommée « Nouvelle Alep », mais la vie reste précaire. JM Lopez/AFP

« Nous sommes des milliers à vivre dans cette “Nouvelle Alep” », lance Salem, un jeune pompiste qui fut parmi les premiers à se réfugier à Cheikh Najjar il y a six mois, dans ce qui était alors une énorme zone industrielle désertée à la périphérie d’Alep. « Au début c’était une ville fantôme. Toutes les usines étaient abandonnées. Il n’y avait personne dans la rue. Mais aujourd’hui, c’est plein de vie. Nous sommes des milliers à vivre dans cette “Nouvelle Alep”. Il y a des restaurants, stations-service, magasins de vêtements et même un coiffeur ! » raconte Salem, 22 ans, qui partage avec un collègue la gestion sept jours sur sept et 24 heures sur 24 d’une station d’essence prospère. « Nous avons beaucoup de clients, le commerce se porte plutôt bien », sourit-il, avant de remplir le réservoir d’un véhicule transportant sept combattants rebelles.


Salem et sa famille, qui vivaient près de l’hôpital al-Kindi à Alep, la grande métropole du nord syrien, ont fui il y a plus de six mois les bombardements et combats particulièrement féroces dans cette zone. Comme eux, le barbier Ahmad a fui ce quartier, abandonnant son échoppe pour rejoindre Cheikh Najjar, qui était avant la guerre le plus grand complexe industriel de Syrie, où il a ouvert un nouveau commerce il y a quatre mois. « Au début, j’avais des doutes sur la possibilité que cela marche, mais aujourd’hui, nous avons plus de 100 clients par jour », explique Ahmad, qui a dû embaucher quelqu’un. À 150 livres syriennes pour un rasage et une coupe, son magasin ne désemplit pas.


À Cheikh Najjar, certains déplacés ont donc retrouvé un emploi – mais la vie reste précaire. « J’ai trouvé ce travail en démarchant usine après usine. J’ai eu de la chance, car le patron venait d’ouvrir et n’avait pas encore de salariés », raconte Abou Mohammad, 26 ans, employé dans une usine textile pour 4 000 livres la semaine. Il est attablé devant un plateau de riz, tomates et poivrons, pendant qu’à l’étage du dessous sa mère, Oum Yassine, fait la vaisselle dans une pièce dont les murs ne sont que quatre couvertures bercées par le vent, avec de l’eau puisée dans une source proche, où il faut se rendre dix fois par jour pour couvrir les besoins de la famille. « Les conditions de vie sont dures, mais au moins, nous vivons sans la crainte qu’un raid aérien ou une bombe détruise notre maison. Depuis que je me suis installée ici, il y a cinq mois, j’arrive à dormir la nuit et je ne fais plus de cauchemars », soupire-t-elle.

 

Abou Ahmad, un ancien chauffeur de taxi de 51 ans, est devenu vendeur de produits alimentaires pour 2 500 livres la semaine. « Ma famille est à l’abri de la guerre. J’ai un travail. Que demander de plus ! » lance-t-il. Mais il craint l’hiver qui s’approche. « L’hiver dernier a été très dur. Nous l’avons passé dans un camp de réfugiés en Turquie et j’ai vu comment de nombreuses personnes mourraient de froid, c’est pour cela que j’ai décidé de revenir avec plusieurs amis », explique-t-il.


La majorité des 6 000 entreprises installées avant la guerre à Cheikh Najjar restent fermées, en raison des combats et des coupures de courant récurrentes. Et nombre de déplacés survivent à peine. « Cela fait deux mois que je n’ai pas de travail stable », se désespère Hazzaa Shahoud, 43 ans, un ancien maçon, père de quatre enfants. « L’argent commence à manquer. » « Chaque nuit je regarde ma femme et mes enfants dormir et je me dis que je suis un lâche, mais nous ne pouvions pas rester dans notre quartier, car les bombardements et les combats étaient très proches de notre maison », se lamente-t-il, essuyant les larmes qui lui montent aux yeux. Sans eau, électricité ni travail, Hazzaa dépend de la générosité de ses voisins et des soldats de la brigade al-Tawhid, une unité rebelle affiliée à l’Armée syrienne libre, qui lui fournissent « du pain et de la nourriture pour que nous puissions survivre ».

 

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« Nous sommes des milliers à vivre dans cette “Nouvelle Alep” », lance Salem, un jeune pompiste qui fut parmi les premiers à se réfugier à Cheikh Najjar il y a six mois, dans ce qui était alors une énorme zone industrielle désertée à la périphérie d’Alep. « Au début c’était une ville fantôme. Toutes les usines étaient abandonnées. Il n’y avait personne...

commentaires (1)

La " Mise en Scene" pour le montage de cette photo est franchement navrante.

Cadige William

09 h 41, le 24 septembre 2013

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Commentaires (1)

  • La " Mise en Scene" pour le montage de cette photo est franchement navrante.

    Cadige William

    09 h 41, le 24 septembre 2013

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