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À La Une - Violences

Le terrorisme frappe de plein fouet les chrétiens du Pakistan

Un attentat contre une église à Peshawar fait plus de 70 morts.

Des chrétiens ont manifesté hier à Peshawar pour protester contre l’attentat qui a visé une église. Arif Ali/AFP

Un double attentat-suicide perpétré devant une église à la sortie de la messe a tué au moins 70 personnes hier au Pakistan, l’attaque la plus sanglante jamais menée contre la minorité chrétienne dans le pays, selon les autorités locales. L’attaque a visé à la fin de la messe dominicale l’église de Tous-les-Saints de Peshawar, la principale ville de la province de Khyber Pakhtunkhwa, dans le nord-ouest du pays. Le Dr Arshad Javed, de l’hôpital Lady Reading, le principal hôpital public de Peshawar, a déclaré que 72 personnes avaient été tuées et plus d’une centaine blessées dans l’attentat. Le ministre de la Santé de la province, Shaukat Ali Yousufzai, a confirmé ce bilan et déclaré que le gouvernement provincial avait décrété un deuil de trois jours.


Les deux kamikazes ont déclenché les explosifs qu’ils portaient sur eux alors que plus de 400 chrétiens sortaient de l’église, selon des témoins. « Une énorme explosion m’a jeté au sol, et dès que je suis revenu à moi, une seconde a eu lieu et j’ai vu des blessés partout autour », a raconté l’un d’eux, Nazir Khan, un maître d’école âgé de 50 ans. « La plupart des blessés sont dans un état critique », avait déclaré un peu plus tôt le responsable de l’administration de la ville, Sahibzada Anees. Les autorités savaient que cette église pouvait être attaquée et avaient déployé spécialement des forces de sécurité autour, a ajouté M. Anees. « Nous sommes encore dans la phase des secours, mais quand cela sera terminé, nous enquêterons pour savoir ce qui n’a pas été fait » pour y garantir la sécurité, a-t-il précisé.

 

(Lire aussi : En quête de protection, des chrétiens pakistanais candidats pour les islamistes)


Devant l’église, certains proches de victimes en pleurs ont crié des slogans hostiles à la police, jugée incapable d’avoir évité cette attaque. D’autres ont bloqué l’une des rues principales de la ville avec des cadavres de victimes pour dénoncer ces assassinats. Le Premier ministre, Nawaz Sharif, a fermement condamné cet attentat. « Les terroristes n’ont pas de religion, et viser des innocents est contraire aux préceptes de l’islam et de toutes les autres religions », a-t-il souligné, exprimant sa solidarité avec la communauté chrétienne. « Ces actes terroristes cruels montrent l’état d’esprit brutal et inhumain des terroristes », a ajouté M. Sharif.


Le nord-ouest du Pakistan est un bastion de nombreux groupes rebelles islamistes, dont le Mouvement des talibans du Pakistan (TTP), alliés à el-Qaëda et auteurs d’innombrables attentats-suicide qui ont fait plus de 6 000 morts depuis 2007 et ont régulièrement ensanglanté Peshawar. Les violences interconfessionnelles ont augmenté ces dernières années au Pakistan, avec notamment une série d’attentats-suicide sanglants visant la minorité musulmane chiite (environ 20 % de la population), revendiqués par le Lashkar-e-Janghvi, un groupe armé sectaire proche du TTP et d’el-Qaëda. Les chrétiens étaient épargnés jusqu’ici.


Les chrétiens du Pakistan, qui représentent 2 % de la population de ce pays de 180 millions d’habitants à plus de 95 % musulmans, sont parfois victimes de violences, mais très rarement du fait des attentats qui visent habituellement les forces de sécurité ou les minorités musulmanes (chiites, ahmadis) jugées infidèles par certains extrémistes sunnites talibans. L’attaque d’hier fait craindre que les chrétiens, traditionnellement pauvres, victimes de discrimination, relégués à des métiers subalternes (nettoyage notamment) et vivant souvent dans des bidonvilles, ne soient eux aussi de plus en plus visés par ces attentats. Les violences antichrétiennes avaient été limitées à des heurts entre communautés locales, souvent après que des chrétiens ont été accusés de blasphème contre l’islam. Le principal accès de violence avait eu lieu en 2009 à Gojra, dans la province du Pendjab, où une foule musulmane en colère avait brûlé 77 maisons de chrétiens et tué sept d’entre eux après des rumeurs de Coran profané.

 

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