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Moyen Orient et Monde

Kerry-Lavrov, un duo bien rodé

John Kerry (à gauche) et Sergueï Lavrov ne se font aucun cadeau mais affichent « une bonne relation de travail ». Larry Downing/AFP

L’accord russo-américain sur un démantèlement des arsenaux chimiques syriens doit beaucoup aux efforts déployés à Genève par deux vétérans de la scène diplomatique internationale aux personnalités pourtant différentes. Alors que leurs « patrons » respectifs Barack Obama et Vladimir Poutine ont beaucoup de mal à s’entendre au plan personnel, le secrétaire d’État américain John Kerry et le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov ne se font aucun cadeau en public mais affichent ce que les diplomates appellent « une bonne relation de travail ». Il y a à peine dix jours, le président russe traitait publiquement le secrétaire d’État de « menteur » pour avoir laissé entendre que la rébellion syrienne n’était pas dominée par des islamistes radicaux. Pour arrondir les angles, le ministre russe des Affaires étrangères avait décroché son téléphone pour présenter à John Kerry des excuses, ou tout au moins pour s’expliquer en faisant valoir que le Kremlin avait réagi à partir d’une mauvaise traduction de ses propos, dit-on au département d’État...
En attendant, malgré de nombreuses questions laissées en suspens, l’accord de Genève sur la Syrie constitue un rare effort mené en commun ces dernières années par les deux anciennes superpuissances pour éviter une crise majeure aux répercussions mondiales. L’accord sur la Syrie « montre l’importance pour nous de dépasser certaines choses (...) certains cherchent à mettre des obstacles dans nos relations, à créer des doutes et des suspicions artificielles », a expliqué le ministre russe à qui l’on demandait si Washington et Moscou devrait « réinitialiser » leurs relations, selon l’expression chère en son temps à Barack Obama. Et comme son homologue russe se lançait dans une tirade interminable devant les journalistes, John Kerry, qui a siégé à la Chambre haute du Congrès, n’a pas hésité à lancer en forme de boutade : « Je pense que Sergueï pourrait être sénateur (américain). »

Même étoffe
D’après un décompte du département d’État, les deux hommes se sont parlé au téléphone à pas moins de onze reprises depuis l’attaque au gaz de combat du 21 août dans la banlieue de Damas qui a servi de catalyseur à la crise actuelle. Partenaires diplomatiques capables de se taquiner en public tout en restant fermes sur la défense des intérêts de leurs pays respectifs, les hommes n’en sont pas taillés dans une étoffe très différente. Sergueï Lavrov présente souvent un air austère en public et peut être ombrageux, cassant, caustique, voire rugueux. Ceux qui ont traité avec lui disent qu’il a un esprit très affûté, aiguisé par quatre décennies au sein du service diplomatique de l’Union soviétique, puis de la Russie. Par contraste, John Kerry est un ancien responsable politique et candidat malheureux à la Maison-Blanche qui croit beaucoup à la diplomatie personnelle et à ses propres pouvoirs de persuasion. Toutefois, et bien que la « chimie » Kerry-Lavrov ait joué un rôle dans le dossier syrien, le dernier mot en matière de diplomatie revient à Vladimir Poutine seul côté russe et, dans une moindre mesure, à Barack Obama côté américain. L’accord de Genève sur les arsenaux chimiques syriens, proposé en début de semaine par le ministre russe des Affaires étrangères, n’aurait en effet jamais pu aboutir sans l’aval du locataire du Kremlin, s’accordent à dire tous les experts. « Le chef de la diplomatie russe n’a pas d’identité politique indépendante propre, comme c’était le cas pour l’ex-secrétaire d’État Hillary Clinton et son successeur John Kerry », explique Matthew Rojansly, du Centre international d’études Woodrow Wilson. « Nous sommes ici dans un système de rapport de force où Vladimir Poutine détient une position dominante et où Sergueï Lavrov est au final un simple exécutant. »

(Source : Reuters)
L’accord russo-américain sur un démantèlement des arsenaux chimiques syriens doit beaucoup aux efforts déployés à Genève par deux vétérans de la scène diplomatique internationale aux personnalités pourtant différentes. Alors que leurs « patrons » respectifs Barack Obama et Vladimir Poutine ont beaucoup de mal à s’entendre au plan personnel, le secrétaire d’État américain...
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