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Moyen Orient et Monde

Les réfugiés syriens de plus en plus nombreux sur les côtes italiennes

Alors que la menace de frappes aériennes plane sur la Syrie, l’Italie enregistre l’arrivée de Syriens toujours plus nombreux : ces clandestins de la Méditerranée ne sont généralement pas démunis, et leur objectif final est souvent la Suède...
Désormais, ils sont des dizaines à débarquer presque chaque jour sur les côtes siciliennes, alors qu’ils étaient peu nombreux au début du printemps arabe. Quelque 1 300 Syriens sont ainsi arrivés dans la région de Syracuse en août, contre 646 en juillet, selon les responsables italiens de l’immigration. Pour la plupart, ils sont de condition sociale aisée contrairement aux immigrés africains qui débarquent aussi en masse en Italie. Ils partent de bien plus loin que les côtes de Tunisie ou Libye : de l’Égypte ou de Turquie.
« Nous voyons souvent des membres de leur famille attendant dans leur voiture sur le quai », raconte une avocate sicilienne, Carla Trommino, responsable à Syracuse de l’ASGI, une association italienne d’aide aux immigrés. « Les arrivants ont de l’argent, sont bien vêtus, ont des tablettes électroniques », témoigne Mme Trommino, qui relève aussi qu’ils tentent « d’éviter les formalités d’identification parce qu’ils veulent partir en Suède et ne pas se retrouver bloqués dans les centres italiens pour réfugiés ». « Ils restent un ou deux jours et puis s’échappent », dit-elle. La Suède a été le premier pays de l’Union européenne à annoncer qu’elle accorderait l’asile et un statut de résident permanent à tout réfugié syrien.
« On assiste à une réelle intensification. Nous devons appeler du renfort », a estimé Antonio Spampinato, commandant local des gardes-frontières. Le ministre de l’Intérieur Angelino Alfano s’est rendu la semaine dernière à Syracuse, où il a jugé que l’afflux de réfugiés constituait une « situation d’urgence » dans une région frappée de plein fouet par la récession et le chômage des jeunes. Le gouvernement va tripler le nombre de lits disponibles dans les centres de réfugiés, pour atteindre 16 000, et veut faire pression pour un changement des règles européennes afin de faciliter le regroupement familial, ce qui permettrait aux Syriens de rejoindre le nord de l’Europe.
Dans le port de Syracuse, on assiste à des moments intenses d’émotion quand des familles se retrouvent, comme récemment un jeune Syrien venu de Suède chercher son grand-père. Leurs voyages sont des odyssées : une Syrienne a ainsi accouché pendant une traversée de huit jours sur un rafiot transportant 354 réfugiés, alors qu’une autre, infirmière à Damas, a succombé à la fatigue et la déshydratation. Son mari, qui voyageait avec elle et leurs deux enfants, a fait don de son foie et de ses reins pour sauver trois malades italiens. Beaucoup de réfugiés, épuisés, sont hospitalisés à leur arrivée, devant parfois être hélitreuillés en urgence.
Parfois des tensions éclatent à bord : des Syriens ont ainsi été faussement accusés d’être des membres d’équipage juste parce qu’ils cherchaient à protéger les rations d’eau de leurs enfants. En vertu de la loi italienne qui fait de l’aide à l’immigration clandestine un délit, les membres d’équipage sont en effet arrêtés et renvoyés. Des Syriens ont affirmé avoir versé aux passeurs 3 000 à 4 000 dollars par adulte et 1 500 pour les enfants en bas âge. Les passeurs utilisent un stratagème très « lucratif », selon M. Spampinato : ils font d’abord monter un grand nombre de demandeurs d’asile sur de gros bateaux de pêche ou des navires cargos. Avant d’arriver dans les eaux territoriales italiennes, ils les transfèrent sur des embarcations plus petites qui les emmènent jusqu’à la côte. « Nous réussissons à identifier les bateaux d’origine mais ne pouvons intervenir car ils naviguent dans les eaux internationales », a expliqué M. Spampinato.
Des circuits similaires sont utilisés depuis la Méditerranée orientale pour convoyer de la drogue. Vendredi, un patrouilleur a repêché et arrêté dans le canal de Sicile neuf membres d’équipage égyptiens et syriens qui avaient mis le feu à leur propre navire-cargo chargé de 30 tonnes de haschisch.

© AFP
Alors que la menace de frappes aériennes plane sur la Syrie, l’Italie enregistre l’arrivée de Syriens toujours plus nombreux : ces clandestins de la Méditerranée ne sont généralement pas démunis, et leur objectif final est souvent la Suède...Désormais, ils sont des dizaines à débarquer presque chaque jour sur les côtes siciliennes, alors qu’ils étaient peu nombreux au début...
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