Without a well-articulated strategy that the public supports and the world understands, America will lack the legitimacy – and ultimately the power. It needs to make the world safer than it is today.
« The Audacity of Hope », par Barack Obama
Samedi 31 octobre : face à la pelouse de la Rose Garden, Barack Obama s’adresse, à travers les journalistes, à une nation qui retient son souffle, se demandant si une nouvelle aventure militaire s’ouvrait, quelle sorte de frappe chirurgicale allait s’abattre sur la Syrie, quelles en seraient les conséquences et surtout quelle était l’heure H. Visage sévère, lèvres serrées, le président entame son intervention par un bref rappel du crime perpétré le 21 août par le régime de Bachar el-Assad avant d’annoncer son incroyable décision : il n’y aura rien avant des consultations avec le Congrès. L’ancien sénateur indépendant du Connecticut Joe Lieberman avoue sur la chaîne Fox News n’avoir « pas vu cela » durant ses 24 années passées au Capitol Hill. Clinton n’a pas eu recours à l’auguste assemblée pour le Kosovo, rappelle-t-il; et lors de la première guerre du Golfe, en 1991, Bush père a préféré recourir aux élus de la nation, frôlant ainsi de justesse la défaite (il l’emportera, mais par une marge réduite de 52-47). Glaçant, le rappel, mais peut-être opportun.
Samedi 31 août toujours : « Notre plus grand problème est l’ignorance ; nous ne savons presque rien sur la Syrie. Et s’il (Assad) continuait, par défi, et, peut-être, déclenchait une nouvelle attaque à l’arme chimique ? Qu’adviendrait-il? Parce que lorsque vous vous engagez sur une telle voie, il vous est difficile d’en changer et de conserver quelque crédibilité. » L’auteur de ces propos s’appelle Ryan C. Crocker, un ancien diplomate qui a été en poste à Beyrouth, à Damas, à Bagdad et à Kaboul. Polaire, tardif, mais combien vrai.
En effectuant son brutal virage du week-end dernier, le 44e président des États-Unis – et chef suprême des forces armées – a choisi de bouleverser un calendrier que l’on croyait établi, et embarrassé (c’est le moins qu’on puisse dire) l’unique allié qui lui restait, la France. Le choix assumé de concertations avec le Sénat et la Chambre des représentants constitue un pari risqué qui pourrait, s’il n’était pas gagné, handicaper sa gestion des problèmes internes et, plus grave, écorner si ce n’est déjà fait l’image de son pays dans le monde. Il est évident que la Maison-Blanche aurait dû choisir d’en référer aux deux Chambres et d’initier une campagne d’information à l’adresse du public américain, avant et non après la décision de « punir » le régime syrien pour sa dernière exaction.
Aujourd’hui, l’administration démocrate donne la fâcheuse image d’un éternel hésitant entre deux options, au risque, comme le héros asinien de Jean Buridan, de n’en retenir aucune. Octroyer à l’adversaire que l’on prétend sanctionner un délai de plusieurs jours qu’il mettrait à profit pour faire disparaître ses stocks de gaz sarin, repositionner ses troupes, déclencher des opérations qu’il voudrait décisives, enfin bénéficier de nouveaux approvisionnements militaires de la part de ses fournisseurs russe et iranien relèvent d’une coupable légèreté. Surtout lorsqu’il s’avère difficile de modifier l’approche qu’ont de la question vos concitoyens.
Les derniers sondages confirment en effet l’hostilité des Américains à une nouvelle expédition militaire, même limitée dans le temps et dans l’importance. À tous les arguments avancés en faveur d’une telle initiative, l’homme de la rue répond par une question anodine en apparence : en quoi cela servirait-il nos intérêts ?
Au Congrès, les positions sont plus nuancées. Au-delà du clivage traditionnel démocrates-républicains, il existe au sein de chacun des deux partis une palette de positions hostiles ou favorables à des raids de l’aviation de guerre, un pilonnage par les Tomahawk ou des bombardements classiques à partir de la demi-douzaine de navires de guerre qui croisent au large des côtes orientales de la Syrie. Il y a les « pour » qui avancent diverses raisons à l’appui de leur position, des « contre » appartenant au camp du président ou plus naturellement au Grand Old Party. Parmi ces derniers, certains, comme John McCain et Lindsay Graham, jugent insuffisante une simple punition et voudraient que l’on aille jusqu’au renversement du régime en place. Le diagnostic des politologues est que si la bataille du Sénat paraît gagnée d’avance, à la Chambre basse la victoire est loin d’être acquise ; aussi, s’attendent-ils à de belles empoignades qui accentueront le clivage et confirmeront le poids du Tea Party.
Petite annonce à faire paraître dans les médias : « Perdus par capitaine au long cours : un sextant et une boussole. Bonne récompense à qui les rapportera. »
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commentaires (5)
UN HUSSEÏN OBAMA QUI A ÉTÉ CAPABLE DE LIQUIDER OUSSÂMA N'EST PAS N'IMPORTE.... QUOI !
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
00 h 42, le 04 septembre 2013