Les Libanais sont inquiets. De quoi demain sera-t-il fait ? La question est sur toutes les lèvres. Celles de M. Tout-le-Monde qui tente, à grand-peine, de continuer à vivre normalement. Celles des expatriés qui se précipitent pour avancer leur départ, écourtant leur séjour au pays du Cèdre. Celles, même, des enfants censés profiter pleinement de leurs derniers jours de vacances avant la rentrée scolaire. Et que l’on confine dans les appartements, supposément sûrs.
Il faut dire que la réalité n’a rien d’agréable. La peur des attentats paralyse. Non seulement elle vide les rues, les restaurants et les centres d’achat, mais elle sème la psychose. Une psychose malsaine, irréfléchie, destructrice même. Car elle empêche les gens de vivre. Car elle autorise les pires rumeurs. Les imaginations sont si fertiles. Alimentées par les fameux talk-shows télévisés qui attisent les haines sectaires ancestrales, creusant encore plus le fossé entre les communautés.
En période de vaches maigres, quoi de mieux aussi pour les médias audiovisuels qu’une bonne voyante à quat’sous qui prédit en boucle des scénarios catastrophe ! Et tant pis pour les citoyens crédules au bord de la crise de nerfs, qui n’en dormiront pas de la nuit.
Et ne voilà-t-il pas qu’au beau milieu de cette crise, pour le moins contagieuse car directement importée de Syrie, les Libanais doivent désormais digérer les promesses de frappes occidentales contre leur encombrant voisin. Une raison supplémentaire pour eux de paniquer, au point de relancer la rumeur d’un report de la rentrée scolaire. Une bonne raison de partir, pour certains, de se calfeutrer pour les autres. Et de tomber dans le cercle vicieux des analyses de salon, tout aussi dangereuses que déprimantes, qui n’en finissent pas d’anéantir un Liban exsangue et sa population avec. Encore et toujours, en toile de fond, des médias qui font leurs choux gras de la peur des citoyens.
De quoi demain sera-t-il fait ? Nul ne le sait. Mais ce qu’il sait pertinemment bien, le Libanais, c’est qu’il a traversé de nombreuses crises. Et qu’il doit une nouvelle fois s’armer de patience et d’une bonne dose de sagesse pour traverser celle qui s’impose à lui.
N’est-il pas célèbre, après tout, pour sa légendaire résilience ?
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En fait ...c'est une grande bonne nouvelle...si c'est des frappes occidentales ....cela veut dire ... que pour le moment nous sommes à l'abri (peut être) de frappes orientales....
10 h 50, le 31 août 2013