Depuis 1975 et jusqu’à ces tristes jours de 2013, la thématique des risques cycliques de dangers quotidiens n’a vraiment pas changé. En subissant les rythmes des débordements régionaux et internationaux, le Libanais s’est souvent dépêché de réagir le premier pour ou contre certaines personnalités étrangères, leaders, hommes d’État, figures charismatiques, etc., comme si notre Liban pluriconfessionnel ne suffisait pas à contenir autant de concentration et d’énergie. Chez nous, existe une particularité unique au monde : celle d’appartenir à la fois à la région du Proche, du Moyen-Orient et de tous les autres points du globe terrestre. Après avoir assumé un tel devoir extranational, le Libanais pourrait peut-être trouver le temps d’agir d’abord en citoyen, de se consacrer à une vision du pays et, en tant que fils de la nation tout autant que les autres, d’assumer ses obligations.
Tout cela me rappelle une histoire bien de chez nous, qui a pour théâtre un contexte typique villageois de haute montagne. Là, on ne songe aux membres de la famille que pour faire la fête ou bien lors de funérailles. Ce qui n’empêche pas, bien entendu, les différends, les tensions, les exaspérations, les séquelles du passé, les incidents du présent, les nœuds conflictuels de père en fils, de génération en génération, de perdurer, empoisonnant, conditionnant la vie des citoyens, qui vont paradoxalement prendre sur eux les retombées des rancunes, des haines, dans un cadre social où justement le sens de l’appartenance familiale suppose de subir au lieu de construire et de garder le silence sur les erreurs du parcours commun au lieu d’œuvrer ensemble à rectifier le tir du fatalisme individuel au profit de la bienveillance collective comme prélude au salut national.
Joe ACOURY