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À La Une - Éconerf

La rage aux tripes...

C’est une dame qui a malencontreusement garé sa voiture au milieu de la route, à l’heure où un véhicule de travers rime fâcheusement avec attentat, et qui finit par provoquer une panique incontrôlée. C’est ce monsieur qui court dans la rue, retard oblige, et qui surprend une demi-douzaine de personnes à ses trousses parce qu’ils ont cru qu’il tentait de fuir une voiture piégée. On n’est jamais assez prudent.

 

Après la banlieue sud et Tripoli, encore et toujours, les Libanais ont ressorti avec un naturel qui force l’admiration l’attirail psychose. Des heures passées à guetter ces SMS intempestifs qui pourrissent les écrans, mobiles ou autres, des rumeurs qui fusent de part et d’autre sur les futures régions à meurtrir... et déjà des phrases désespérées qui ponctuent les conversations amères des uns et des unes, telles que « si la guerre éclate, cette fois je plie bagage », « je ne pourrai plus supporter une énième guerre », « il est grand temps d’arrêter de réfléchir avec ses tripes et de dépasser un attachement viscéral à ce pays ».


C’est aussi la rage de tous les acteurs économiques qui brandissent la menace de la grève générale si un gouvernement n’est pas formé, alors que le monde entier a les yeux rivés sur la décision de Barack Obama d’intervenir en Syrie. Tapera, tapera pas ?


Quid des conséquences sur ces 10 452 kilomètres carrés gorgés de tous les maux ? À force de faire semblant, à force de faire de son mieux, c’est une nation entière qui finit par faire pitié...


Mais ça, c’est un des volets de l’histoire. Triste, certes, rageant même. Mais ce n’est pas tout. Parce que si le Libanais lambda a passé au moins quelques années de sa vie l’oreille collée au poste de radio ou les yeux rivés sur le Net (fossé de générations oblige), c’est parce que même dangereusement, il veut à tout prix continuer à vivre. À force d’autodérision, d’attachement surréaliste pour un taboulé au soleil, des soirées entre amis sur fond de DVD piratés pour la modique somme de 2 000 livres, une virée nocturne version – au choix – rooftops, terrasses, trottoirs bruyants enfumés mais tellement chaleureux, il y croit. Sans rationalité aucune, au demeurant. Pour les mauvaises raisons, souvent. Mais c’est pour toutes ces angoisses savamment camouflées par des éclats de rires de faussets que les politiques de la « haute sphère » se doivent de réagir ne fut-ce que par décence d’abord. Que cela passe avant tout par la formation d’un gouvernement et/ou par une neutralité face aux crises régionales, toutes les crises régionales, pour ne pas écraser cette volonté presque animale d’aller de l’avant.


Par conscience aussi, mais surtout par devoir !

 

 

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