Aujourd’hui, ce sont les populations syriennes qui vivent l’indicible sous le régime de Bachar el-Assad, des populations réduites à la condition de bêtes traquées, assassinées, empoisonnées par milliers. Aujourd’hui ce sont les Libanais qui sont entraînés dans la même spirale infernale, des hommes et des femmes qui sont sacrifiés sur l’autel des folies divines, des haines déicides. Génocide ? Oui, parce que ce sont des populations entières qui sont visées, qui sont ciblées, promises à une mort certaine.
D’hier à aujourd’hui, les armes de destruction massive ressuscitent les souvenirs des temps maudits, qu’il s’agisse des chambres à gaz, des machettes, des armes chimiques ou des voitures piégées. D’hier à aujourd’hui, une même abjection : une passivité mondiale, une complicité criminelle.
Les derniers événements en Syrie, l’horreur perpétrée à la Ghouta près de Damas, les images terrifiantes des centaines d’enfants presque paisibles dans leur dernier sommeil, n’ont suscité que des condamnations de circonstance, de risibles larmes de crocodile. Et ce n’est qu’au cours des dernières heures que les hauts gradés du Pentagone ont daigné exhiber leurs muscles, le temps, sans doute, de refroidir la colère exprimée par les derniers défenseurs des droits de l’homme confrontés aux « intérêts supérieurs » des grandes puissances.
Mais que sont donc devenues les fameuses « lignes rouges » évoquées par le président américain ? En montrant soudainement patte blanche aux enquêteurs de l’ONU, le régime syrien va-t-il, une fois de plus, mener tout le monde en bateau ? Gagner encore du temps fort des menaces et avertissements lancés par la Russie et l’Iran ?
On assassine, on éventre, on dépèce : cela fait plus de deux ans que les yeux se détournent, que les regards se portent ailleurs, là où les consciences ne risquent pas d’être perturbées, et on s’est enfoncé progressivement dans le déni, dans le refus du simple bon sens. En d’autres termes, on a enseveli la raison et laissé le génocide achever son œuvre mortifère sur la carte sanguinolente des divisions communautaires.
Des divisions que les Libanais, toutes tendances confondues, ont intégrées dans leurs lexiques de guerre, des haines que les tragédies de Roueiss et de Tripoli ont accentuées, quasiment légitimées. Allah est évidemment toujours appelé à la rescousse. Comment ne le serait-il pas, d’ailleurs, quand le démon frappe dans les lieux qui lui sont dédiés : les mosquées.
Clap ! On tourne. Silence... on tue. Les nouveaux monstres peuvent achever leur sale besogne, massacrer enfants, femmes et vieillards, en toute impunité, la pellicule, elle, continue de dérouler ses images d’horreur, de révéler le scénario d’un gros mensonge, celui de la tolérance, de la solidarité humaine...
Les criminels, eux, toujours aux aguets, ne perdent jamais le nord...