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Liban - Tripoli-Témoignages

« Je me sens en danger, mais surtout complètement perdu... »

S’étant trouvé à quelque 200 mètres de la mosquée al-Salam au moment de l’explosion, Taha Naji se remet mal de ses émotions. « J’ai très bien entendu l’explosion. Je suis tout de suite rentré chez moi pour me mettre à l’abri et rassurer ma famille », raconte ce jeune Tripolitain de 28 ans. Travaillant au Qatar, Taha est actuellement en vacances à Tripoli. « Mes premières pensées sont allées à mes amis qui fréquentent la mosquée al-Salam et à mon oncle qui vit juste en face », confie-t-il à Lorientlejour.com. « L’appartement de mon oncle a été touché par l’explosion, les vitres ont été soufflées. L’épouse de mon oncle est blessée à la main, mais heureusement rien de grave. L’un de mes amis, qui sortait de la mosquée al-Salam, est lui aussi blessé à la main. Je n’ai pas de nouvelles des autres », poursuit-il, inquiet. Dès qu’il est remis du choc de l’explosion, Taha se rend à l’hôpital Monla pour donner son sang. Mais comme la file de donateurs est déjà longue, Taha va voir du côté de l’hôpital Islami. « Les infirmières m’ont dit que pour le moment elles n’en avaient pas besoin », explique-t-il.

 

(Voir : Attentats de Tripoli : les images du drame)


De retour chez lui, il décide de mettre en contact les Tripolitains qui cherchent un parent ou des amis via la page Facebook de son association « We love Tripoli ». Fondée il y a deux ans, cette association œuvre au rapprochement des communautés et lutte contre la montée de l’extrémisme qui gangrène Tripoli. « Je mets aussi à jour une liste des centres de soins qui manquent de certains types de sang », précise-t-il.
Sur la suite des événements, Taha Naji n’est pas optimiste, voyant le Liban sombrer dans un scénario à l’irakienne. « Comme en Irak, nous vivons en ce moment une explosion par semaine. La semaine dernière, les chiites étaient attaqués. Aujourd’hui, ce sont les sunnites. Et ainsi de suite. J’espère seulement qu’on n’atteindra pas le même niveau de violence qu’en Irak », confie-t-il.
Malgré cette escalade de la violence au Liban, Taha Naji ne souhaite pas écourter son séjour à Tripoli. « J’ai prévu de rentrer fin août. Je ne vais pas avancer la date de mon départ à cause de cet attentat. Je ne vais pas abandonner maintenant ma famille et mes amis », explique-t-il.

« Je me sens en danger, mais surtout perdu »
De son côté, un autre citoyen tripolitain révèle ses premières impressions à Lorientlejour.com quelques instants après le double attentat. Taha Baba, qui était en route vers la Chambre de commerce de Tripoli où il travaille en tant que « web developer », a entendu, hier après-midi, les deux explosions quasiment coup sur coup.
« Je conduisais. Je me trouvais au niveau de la place el-Nour quand la première voiture a explosé. Je n’y ai pas vraiment prêté attention. C’est quand j’ai entendu la deuxième explosion que j’ai été surpris. Le bruit était beaucoup plus fort et impressionnant », raconte ce résident de Tripoli. Rapidement, la rue devient le théâtre de scènes de panique. « Après la deuxième déflagration, j’ai commencé à voir des gens courir dans tous les sens. Ils fuyaient les lieux des explosions », poursuit le jeune homme de 25 ans, qui préfère faire demi-tour et regagner son domicile, dans le quartier d’Abou Samra. « Je me sens plus en sécurité ici », explique-t-il. Sur le chemin, il remarque que les chars et les soldats habituellement déployés sur la place el-Nour n’y sont plus.


Confus, Taha dit avoir du mal à réaliser ce qui vient de se produire. C’est la première fois qu’il est témoin de telles attaques. « Je me sens en danger, mais surtout complètement perdu. Je ne sais pas quoi penser de tout ça », confie-t-il. « Depuis 14 heures, j’essaie en vain de joindre mes proches qui vivent à proximité des lieux des deux attentats, mais les lignes sont surchargées », explique-t-il. C’est sur Facebook et Twitter que Taha a vu les premières images des attentats. « Ça ressemble à ce qui s’est passé dans la banlieue sud de Beyrouth », estime-t-il, faisant part de ses inquiétudes de voir un regain de tensions entre les sunnites et les alaouites.

 

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