Rechercher
Rechercher

À La Une - Liban

Hariri : Pas de place pour les takfiristes dans la Syrie de l'après-Assad

L'ancien Premier ministre s'en prend à Nasrallah, l'accusant d'attiser la discorde.

L'ancien Premier ministre Saad Hariri. Photo d'archives.

Le chef du Courant du futur, Saad Hariri, s'en est violemment pris samedi au secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, critiquant le discours de ce dernier, prononcé vendredi à l'occasion de "la victoire de juillet 2006" à partir d’un lieu symbolique, le village frontalier de Aïta el-Chaab (Liban-Sud).

 

M. Hariri a indiqué avoir suivi le discours de Nasrallah affirmant y avoir décelé "des propos équilibrés au début, puis une catastrophe à la fin." "Je ne comprends pas comment un homme responsable pourrait se contredire de cette façon, en appelant ses partisans à la retenue avant d'annoncer qu'il est prêt à aller combattre en personne en Syrie, en même temps que tous les partisans de son parti", a déclaré Saad Hariri qui a dénoncé le fait que le chef du Hezbollah adopte une attitude unilatérale à l'égard de la guerre syrienne.   

 

(Lire aussi: Plusieurs voitures piégées seraient entrées au Liban)

 

Vendredi, le chef du Hezbollah a accusé la mouvance takfiriste "à la solde d’Israël" d’être responsable des attaques menées contre les régions chiites au Hermel, à Baalbeck, à Majdel Anjar ainsi que dans la banlieue-sud qui a été visée récemment par deux attentats, le premier à Bir el-Abed et le dernier à Roueiss faisant 27 tués, selon un dernier bilan.  Hassan Nasrallah a estimé dans ce cadre que la lutte contre les takfiristes constitue "un objectif national, les takfiristes tuant autant les sunnites, les chrétiens que les chiites". 

 

Le chef du parti chiite a encore affirmé que la lutte contre ce phénomène exige "une responsabilité collective, d’abord celle de l’Etat, mais aussi celle de tous les citoyens et groupes politiques, qui doivent éviter le langage incitateur à la discorde confessionnelle". Il a ajouté que nul ne doit assurer de couverture à ces groupes ou leur trouver des prétextes. Il a ensuite affirmé que le Hezbollah ne cherche pas à se substituer à l’Etat, "mais si celui-ci ne parvient pas à mettre un terme à leur activité, la main du Hezbollah les atteindra", même si pour cela, a-t-il affirmé, il faudra que tout le Hezbollah et lui en tête se rendent en Syrie pour lutter contre les "takfiristes".

 

(Repère : Liban : l'implication du Hezbollah dans le conflit syrien)

 

"Que le secrétaire général du Hezbollah veuille combattre le terrorisme est une bonne chose, a commenté Saad Hariri. Mais nous ne comprenons pas jusqu'à maintenant pourquoi a-t-il mis une ligne rouge lors des affrontements de Nahr el-Bared (entre le groupuscule Fateh el-Islam et l'armée en 2007, ndlr). Les armes dirigées alors contre la troupe n’étaient-elles pas takfiristes?", a-t-il ajouté. Lors de la guerre menée par le groupuscule prosyrien Fateh el-Islam contre l'armée dans le camp de réfugiés palestiniens à Nahr el-Bard, le secrétaire général du Hezbollah avait souligné dans un discours que l'entrée de l'armée à Nahr el-Bared pour éliminer la présence de Fateh el-Islam était une "ligne rouge" pour le parti chiite.  

 

Saad Hariri a par ailleurs estimé que l'attentat de Roueiss est un crime horrible, ajoutant que "la guerre du Hezbollah en Syrie est un crime aussi". "Si le Hezbollah veut combattre les takfiristes, il devrait consulter tous les Libanais et non s'engager seul dans une guerre au profit du président syrien Bachar el-Assad", a martelé l'ancien Premier ministre.

 

Et M. Hariri de poursuivre : "Les faits apporteront la preuve que les takfiristes sont une infime minorité. Il n'y a pas de place pour les takfiristes en Syrie après Bachar el-Assad. Que fera le Hezbollah après la chute du régime syrien? Logiquement, le parti chiite se retirerait alors de Syrie. Mais que ferait-il au Liban?" Comparant la guerre du Hezbollah en Syrie à l'invasion américaine de l'Irak sous pretexte d'armes de destruction massive et rappelant que les Etats-Unis se sont retirés d'Irak faute de dialogue entre les deux pays, M. Hariri a estimé que Hassan Nasrallah prépare un dialogue tendu avec la nouvelle Syrie, se demandant : "Où se retirerait alors Hassan Nasrallah?"

 

Enfin, Saad Hariri a estimé que la discorde est le pire genre de terrorisme, ajoutant que le dernier discours de Hassan Nasrallah est encore une fois sorti de l'ordinaire sans atténuer la tension qui règne au Liban. Selon lui, ce discours entraîne le pays vers une plus grande implication dans la guerre syrienne, se disant désolé que "le sang des Libanais coule en vain."

 

Parallèlement, la Coalition de l'opposition syrienne a mis en garde le Hezbollah, samedi, contre son soutien "au meurtre des Syriens et la répression de leur révolte", l'accusant d'avoir pris part "dans les crimes du régime et de contribuer à entraîner la région vers le chaos". La principale formation de l'opposition syrienne a prévenu que cette situation risquait de "faire entrer le Liban dans un cycle de violence qui servirait les intérêts d'Israël", ennemi numéro un du Hezbollah.


Le conflit en Syrie a exacerbé les tensions entre les deux principales communautés musulmanes du Liban: les chiites emmenés par le Hezbollah et les sunnites qui soutiennent les rebelles de Syrie. Le pays est paralysé depuis cinq mois, après la démission du gouvernement dominé par le Hezbollah en raison des querelles internes.

 

 

Lire aussi

Une terreur annoncée, l'éditorial de Issa Goraieb

 

L’engrenage, l'éclairage de Philippe Abi-Akl

 

Papa ? C’est où, Dahyé ?, l'article de Ziyad Makhoul

Le chef du Courant du futur, Saad Hariri, s'en est violemment pris samedi au secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, critiquant le discours de ce dernier, prononcé vendredi à l'occasion de "la victoire de juillet 2006" à partir d’un lieu symbolique, le village frontalier de Aïta el-Chaab (Liban-Sud).
 
M. Hariri a indiqué avoir suivi le discours de Nasrallah...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut