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À La Une - France

Narcissique, provocateur, brillant... L'avocat Jacques Vergès est mort

Prenant pour cibles l'Etat, la société ou la Justice, pour défendre une cause autant qu'un client, cet avocat médiatique et narcissique, fin lettré, petit et rond, aimait provoquer et déstabiliser.

Jacques Vergès, ici photographié en 1987, est décédé le 15 août 2013, à l'âge de 88 ans. AFP PHOTO

Jacques Vergès, un des avocats les plus controversés et redoutés du barreau de Paris, est mort jeudi à Paris à l'âge de 88 ans de causes naturelles, a-t-on appris auprès du Conseil national des barreaux (CNB), confirmant une information de BFMTV.

"Il est mort il y a environ 2H30. J'ai été prévenu par ses proches", a dit à l'AFP vers 23H15 le président du CNB, Christian Charrière-Bournazel, qui n'a pas précisé les circonstances de sa mort.

Me Charrière-Bournazel a raconté avoir dîné avec Me Vergès "il y a une dizaine de jours". "Il avait fait une chute il y a quelques mois, et du coup il était très amaigri, marchait très lentement. Il avait des difficultés à parler mais intellectuellement il était intact. On savait que c'était ses derniers jours mais on ne pensait pas que ça viendrait aussi vite", a-t-il dit.

 

Il a rendu hommage à Me Vergès, "un très brillant avocat, avec une grande culture (...), très courageux et très indépendant", mais aussi "très narcissique", un "provocateur" qu'il avait affronté au côté des parties civiles lors du procès de Klaus Barbie que défendait Me Vergès.

"Ce qu'on peut retenir de Jacques Vergès, c'est à la fois le talent, le courage, l'engagement et le sens de la contradiction avec un respect de l'autre. Un avocat, ce n'est pas un mercenaire, c'est un chevalier, et Jacques Vergès était un chevalier", a-t-il résumé.

 

Prenant pour cibles l'Etat, la société ou la Justice, pour défendre une cause autant qu'un client, cet avocat médiatique et narcissique, fin lettré, petit et rond, aimait provoquer et déstabiliser.

 

La liste de ses clients était impressionnante. Il a notamment défendu le nazi Klaus Barbie, le "révolutionnaire" Carlos ou le khmer rouge Khieu Samphan mais aussi les membres des mouvements d'extrême-gauche européens (Fraction armée rouge, Action directe), les activistes libanais Georges Ibrahim Abdallah et Anis Naccache, le dictateur serbe Slobodan Milosevic etc. Il était aussi disposé à défendre le dirigeant libye Mouammar Kadhafi.

On peut encore citer la famille Boulin, la fille de Marlon Brando, le capitaine Barril, le jardinier marocain Omar Raddad, le tueur en série Charles Sobrhraj, des dirigeants africains etc.

 

A la question "comment peut-on être l'avocat de Saddam Hussein?" posée par le quotidien France Soir en 2004, il avait répondu: "Défendre Saddam n'est pas une cause perdue. C'est défendre (le président américain George W.) Bush qui est une cause perdue".

 

Jacques Vergès est né le 5 mars 1925 - mais un an plus tôt selon un biographe - dans l'actuelle Thaïlande (à Ubon Ratchathani), d'un père français de la Réunion et d'une mère vietnamienne, morte lorsqu'il avait trois ans. La famille s'installe à la Réunion, où le père devient député communiste et où son frère jumeau Paul créera le Parti Communiste réunionnais.

 

Il s'engage à 17 ans dans les Forces Françaises Libres, à Londres. Démobilisé, il s'inscrit au PCF, devient président de l'association des étudiants coloniaux et rencontre Pol Pot, le futur Khmer rouge. Puis il séjourne à Prague de 1951 à 1954, avant de rentrer à Paris fin 1955 et d'y suivre de brillantes études d'avocat.

 

Engagé à fond dans la guerre d'Algérie, il devient l'avocat du FLN et quitte le PCF en 1957, le jugeant "trop tiède" sur ce dossier. En 1963, il épouse - en secondes noces - la militante du FLN Djamila Bouhired, après l'avoir sauvée de la peine de mort.

Il embrasse ensuite le maoïsme en créant le périodique Révolution et soutient le FPLP palestinien.

 

De 1970 à 1978, Jacques Vergès disparaît. Au retour, il laisse planer le mystère sur cette période, se bornant à dire qu'il a passé des vacances "très à l'est de la France", et reprend ses activités d'avocat.

 

Jacques Vergès a monté au théâtre un plaidoyer intitulé "Serial plaideur" et a publié une vingtaine de livres, dont "Dictionnaire amoureux de la justice", "Le salaud lumineux", "Justice pour le peuple serbe", "Beauté du crime", "La démocratie à visage obscène", "Sarkozy sous BHL" etc. En 2007, Barbet Schroeder lui a consacré un film intitulé "L'avocat de la terreur".

 

 

 

Jacques Vergès, un des avocats les plus controversés et redoutés du barreau de Paris, est mort jeudi à Paris à l'âge de 88 ans de causes naturelles, a-t-on appris auprès du Conseil national des barreaux (CNB), confirmant une information de BFMTV.
"Il est mort il y a environ 2H30. J'ai été prévenu par ses proches", a dit à l'AFP vers 23H15 le président du CNB, Christian...
commentaires (4)

Un guignol bien en phase avec l'époque de sa gloire.

GEDEON Christian

12 h 56, le 16 août 2013

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Commentaires (4)

  • Un guignol bien en phase avec l'époque de sa gloire.

    GEDEON Christian

    12 h 56, le 16 août 2013

  • Un avocat opportuniste de l'extrême gauche... sans charisme et talent...qui c'est fait de la bonne pub dans les 70 'années ...sur le compte du terrorisme et autres criminels...A part la pub ...ses clients encore en vie croupissent en prison ... ce n'est pas vraiment une réussite pour un avocat ...

    M.V.

    12 h 51, le 16 août 2013

  • Un homme tres interessant...

    Michele Aoun

    10 h 04, le 16 août 2013

  • Une grande perte pour l’Intellect Universel.

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    04 h 32, le 16 août 2013

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