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Liban - Francophonie

À Sebeel, un camp de vacances renforce l’amitié franco-libanaise

De jeunes étudiants libanais et français ont vécu et travaillé ensemble le temps d’un camp de vacances à Sebeel, dans le caza de Zghorta.

Le spectacle sur la place du village.

La place du village était pleine à craquer. Les 2 000 habitants de Sebeel, localité perdue au milieu des oliviers à 800 mètres d’altitude dans le caza de Zghorta, célèbrent la fin d’un camp de vacances un peu spécial. Depuis le 12 juillet, 13 étudiants français et une dizaine d’autres libanais sont en charge d’organiser les vacances d’une centaine d’enfants de la région.


Ce camp de vacances est lauréat d’Euromed Jeunesse, un concours organisé par l’Union européenne, qui récompense ainsi un projet favorisant les rencontres interculturelles entre jeunes dans le but de promouvoir une culture de paix, et le ministère de la Jeunesse et des Sports. Il est le fruit d’un partenariat entre l’association Francophonia Liban, les Instituts français du Liban et de Tripoli, Julien Solé, le centre professionnel de médiation de l’Université Saint-Joseph, l’association Cirqu’enciel (arcenciel), le programme Abjadiyé et la Bibliothèque publique de Sebeel, créée il y a trois ans par Josiane Torbey, architecte et épouse du président du conseil municipal, Habib Torbey.

 


Travailler ensemble
« Nous avons voulu faire mentir ceux qui ne connaissent du Liban que les drames et les affrontements (...) en manifestant la conviction que seule la culture peut rassembler », a déclaré Clotilde de Fouchécour, présidente de Francophonia Liban, lors de son discours sur la place du village. « La meilleure manière de se connaître, c’est de travailler ensemble », a-t-elle expliqué.


C’est en tandem que les jeunes étudiants français, tous en classe préparatoire de lettres, ont travaillé avec leurs camarades libanais, en licence dans plusieurs universités du nord du pays. Ils ont organisé les activités de 110 enfants de 7 à 15 ans pour réaliser le spectacle qui a eu lieu sur la grande scène dressée devant l’église. Au programme : Molière, Les Fables de La Fontaine et des chorégraphies réalisées au rythme des tubes : Aux Champs-Élysées ou Poupée de cire, poupée de son.


Les jeunes Français ont fait part à Khalil Karam, ambassadeur du Liban à l’Unesco, présent pour l’occasion, de leur admiration face à « l’enthousiasme et à la motivation » des enfants ainsi qu’à « leur bonne maîtrise de la langue française, souvent meilleure que celle de jeunes Français du même âge ».

 


Josiane Torbey explique...
C’est pour « donner un souffle nouveau » à la francophonie, qui « battait un peu de l’aile dans la région », que Josiane Torbey a monté ce projet avec Clotilde de Fouchécour. Alors que 90 % des écoles du caza de Zghorta sont francophones, « les résultats aux examens officiels n’ont pas été à la hauteur ces derniers temps. J’ai vu que la langue devenait morte, seulement écrite et non plus parlée », explique l’architecte.


C’est pourquoi les enfants ont pu bénéficier tous les matins de cours de français en partenariat avec l’Institut français de Tripoli. « Nous avons proposé un tarif très modique, 60 000 livres libanaises pour 20 heures de cours, afin que tous les enfants, même issus de familles modestes, puissent en bénéficier », explique Josiane Torbey. Les étudiants français ont, eux, pu suivre des cours de dialecte libanais et effectuer plusieurs visites culturelles avec des guides les week-ends, par exemple à Jbeil et Bécharré.


Francophonia Liban avait déjà organisé des camps de vacances similaires, à Zahlé et à Aïn Dara, lors des deux précédents étés. Mais les 25 000 euros alloués par l’Union européenne ont permis de donner au camp une autre ampleur. Ces fonds ont permis de financer des activités de cirque par l’association Cirqu’enciel, la réalisation d’une fresque sous la supervision de l’artiste Julien Solé, et 20 heures de médiation interculturelle. Assurées par le centre professionnel de médiation de l’Université Saint-Joseph, elles visaient à apprendre aux jeunes étudiants français et libanais à « résoudre les conflits ».

 


La fresque de Julien Solé
Ils ont été d’ailleurs très enthousiasmés par la réalisation d’une immense fresque avec Julien Solé. Cet artiste, qui a déjà exposé au Salon du livre de Beyrouth en 2012, travaille autour de la thématique du livre et de l’échange. Il a assemblé des milliers de pages pour réaliser un paysage composé d’une porte donnant sur la mer, avec un arbre et un singe. Mais « il y a plusieurs lectures », explique l’artiste, « une lointaine, avec un paysage gentil et simple, et une de près, bien plus riche ». En s’approchant, on découvre des couvertures de livres étonnantes, dans plusieurs langues, des pages jaunies ou d’un blanc encore éclatant, peintes, brûlées et dessinées. Un travail qui a été réalisé par les enfants du camp, assemblé par Julien Solé, et dévoilé dans une tempête de feuilles sur la place du village. La fresque sera ensuite vernie et accrochée sur le mur d’une maison.


Alors que la fin du camp approche, Josiane Torbey pense déjà aux futurs étés. « Ce projet a ouvert les portes de l’écotourisme. Les jeunes Français ont logé chez l’habitant, ont été nourris par les villageois dans la grande salle paroissiale. Nous avons fait travailler une quarantaine de personnes du village, il faut faire perdurer ça. »
C’est cette « immersion » dans le village qui a définitivement conquis les jeunes Français. « On rencontre vraiment les gens. On nous invite à prendre des cafés. Les enfants nous offrent des cadeaux tout le temps », raconte Quirine, étudiante au lycée Sainte-Marie de Neuilly. « La fameuse hospitalité libanaise est bien réelle ! » s’exclame un des jeunes étudiants.

 

 

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