Les vacances discrètes de Hollande et de ses ministres

Alors que des millions de Français postent fièrement des clichés de leurs vacances sur les réseaux sociaux, le président Hollande et ses 38 ministres ont opté pour la discrétion, dans un pays en crise.

Ils n'iront pas poser pas sur une plage des Seychelles, un cocktail à la main, sur Facebook: le Premier ministre Jean-Marc Ayrault et son équipe ont été priés de rester en France, le téléphone à portée de main, pour une "pause" discrète d'une quinzaine de jours.

La consigne a été énoncée par François Hollande en personne: "Pendant les vacances, l'activité continue. D'une autre manière, mais elle continue", a-t-il prévenu vendredi lors d'un déplacement dans le Sud-Ouest.
Tel un sévère maître d'école, le président de la République a imposé des devoirs de vacances à ses ministres, qui devront lui rendre un mémo sur la France à l'horizon 2025 lors d'un séminaire de travail le 19 août.

Mais pourquoi les membres de l'exécutif tiennent-ils donc tant à éviter de prononcer le mot "vacances", alors que la plupart des Français ne renoncerait pour rien au monde à leurs 36 jours fériés par an en moyenne, l'un des régimes les plus généreux en Europe?

Les yeux sur les sondages, François Hollande garde un souvenir cuisant de son premier mois d'août de président l'année dernière. A peine élu en mai, sa cote de popularité était passée de 61% à 46% en septembre, après s'être affiché sur la côte d'Azur avec sa compagne, la journaliste Valérie Trierveiler, en tenue décontractée.
"J'étais parti quelques jours et c'est comme si j'avais commis un impair", a récemment commenté le chef de l'Etat, qui avait pourtant pris soin de prendre le train comme un Français "normal", pour rompre avec le style jet-set de son prédécesseur Nicolas Sarkozy.

Cette année, il ne s'accordera une pause qu'après le retour aux affaires de son Premier ministre vers le 12 août. "Il n'y a pas de vacance du pouvoir, il y a un peu de repos pour les membres du gouvernement", résume la porte-parole Najat Vallaud-Belkacem.
Le lieu de villégiature du président n'est pas connu. Ce sera peut-être une résidence officielle... en région parisienne à Versailles, à une dizaine de kilomètres de l’Élysée.

Vendredi à la sortie du dernier Conseil des ministres, les ministres socialistes prenaient garde de se réjouir trop ouvertement de leurs prochains congés face aux millions de Français qui ne peuvent pas partir.
"Il ne faut pas oublier qu'il y a des gens qui souffrent et qui sont dans la difficulté. Il faut que nous soyons mobilisés pour eux", a déclaré le tout nouveau ministre de l’Écologie Philippe Martin.

Avec la crise et un chômage-record, de plus en plus de Français restent à la maison. "65% des Français s'offraient en 1995 quelques jours de vacances pendant l'année pour souffler un peu et rompre avec le quotidien. Ils ne sont plus que 58%", observait en août 2012 le Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Crédoc). Les plus pauvres sont aussi privés des "bons plans" qui fleurissent sur internet, ajoutait le Credoc.

Au sein du gouvernement, d'autres dissipaient leur mauvaise conscience en invoquant les fondements historiques des vacances: "La gauche, c'est les congés payés, on va les prendre sans état d'âme", commentait le ministre de la Consommation Benoît Hamon, allusion à la grande réforme du Front populaire en 1936.

Provence, Ile d'Yeu, Pyrénées...: les ministres resteront en France comme une majorité de leurs compatriotes. Au programme? "Chaise longue, baignade et famille", pour George Pau-Langevin (Réussite éducative), l'une des rares sinon la seule qui prenait l'avion pour rejoindre sa Guadeloupe natale.

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