Les États-Unis ont exhorté hier Israéliens et Palestiniens à négocier de « bonne foi » afin de trouver un « compromis raisonnable », alors que reprenaient les pourparlers de paix directs gelés depuis près de trois ans. Les premières réunions devaient commencer dans la nuit à Washington et se poursuivre aujourd’hui. Elles visent à « développer un plan de travail qui déterminera comment les parties mèneront ces négociations au cours des prochains mois », selon le département d’État. « Il s’agit du début de négociations directes sur un calendrier d’au moins neuf mois », a ajouté la porte-parole du département d’État, Jennifer Psaki, précisant toutefois qu’il ne s’agissait pas d’une « date butoir ».
Le président Barack Obama, qui avait érigé la résolution du conflit en priorité de politique étrangère au tout début de son premier mandat en janvier 2009, avant d’échouer, s’est dit « heureux » que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le président palestinien Mahmoud Abbas aient accepté de reprendre langue et envoyé des négociateurs à Washington. « C’est un pas en avant prometteur, même s’il faudra travailler dur et que des choix difficiles devront être effectués à l’avenir », a prévenu le président américain. « Le plus dur reste à venir dans ces négociations et j’espère que tant les Israéliens que les Palestiniens aborderont ces discussions de bonne foi, avec détermination et une attention soutenue », a encore déclaré M. Obama. Son secrétaire d’État, John Kerry, a lui aussi reconnu que le « processus » serait « difficile », pressant Israéliens et Palestiniens à chercher un « compromis raisonnable ». Il a nommé comme émissaire spécial pour ces négociations un ancien ambassadeur en Israël, Martin Indyk, qui s’est dit « convaincu depuis 40 ans que la paix était possible ».
Côté israélien, la ministre de la Justice, Tzipi Livni, qui devait rencontrer le négociateur en chef palestinien Saëb Erakat, a prédit des pourparlers « très difficiles et problématiques », mais nécessaires. Le président Shimon Peres a, lui, salué « un jour très spécial » pour un « Moyen-Orient (qui) se trouve dans une situation orageuse ».
Mais l’amorce de ce processus de paix reste fragile : la décision du gouvernement israélien d’approuver la libération de 104 prisonniers palestiniens arrêtés avant les accords d’Oslo en 1993 a été saluée par l’Autorité palestinienne, mais a provoqué déjà de vives réactions en Israël. Ainsi, le quotidien Yediot Aharonot l’a dénoncée, titrant en une : « Les assassins vont être libérés. » Les noms des prisonniers n’ont pas été rendus publics, mais la liste inclurait des meurtriers de femmes et d’enfants israéliens, selon des médias israéliens. Pour le quotidien Maariv, « comme toujours, le gouvernement a choisi la pire des solutions ». Seul le journal de gauche Haaretz accueillait avec optimisme la décision de libérer des prisonniers. « Il y a des moments où on doit prendre des décisions difficiles pour le bien du pays et c’est un de ces moments », a dit M. Netanyahu dimanche. Qadura Fares, chef du Club des prisonniers palestiniens, avait assuré, dimanche également, qu’il n’y aurait aucune négociation avec l’État hébreu sans la libération des 104 détenus.
Avant d’approuver la libération de prisonniers palestiniens, le Conseil des ministres avait adopté un projet de loi prévoyant un référendum en cas d’accord de paix avec les Palestiniens. Selon ses services, M. Netanyahu a jugé « important que, pour de telles décisions historiques, chaque citoyen vote directement ». Le référendum deviendrait ainsi la dernière étape nécessaire pour entériner un éventuel accord de paix, après l’approbation du gouvernement puis celle du Parlement.
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13 h 22, le 31 juillet 2013